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Displaying items by tag: affaire Kamto

La situation politique dans notre pays est délicate et ça devrait préoccuper chaque camerounais. L'affaire KAMTO n'est pas une grande priorité du moment où l'on est habitué aux scénarios d'arrestations à l'orage politique dans notre pays. Mais cette séquence KAMTO pose tout de même plusieurs questions: Quel est véritablement la plus-value de nos politiques depuis le retour du multipartisme dans notre pays? Qu'ils soient de l'opposition ou du pouvoir, quel a été leur apport dans la construction de ce pays, qui malheureusement va à reculons au lieu d'avancer ? Maurice KAMTO connaît le droit, bref la loi camerounaise. L’option de l'Etat de tenir les audiences à huis clos rentre dans la procédure normale.

 

Même si le mis en cause est lui aussi à mesure d'évoquer les questions de libertés individuelles, l'Etat tout puissant peut évoquer des raisons de sûreté nationale et interdire un procès public. Il est clair que si jamais on autorisait les audiences publiques dans l'affaire KAMTO et Cie, bien que l’affaire en elle même ait une connotation politique, cela participerait à susciter des distractions et des scènes de scission sociale dont le pays n'a pas besoin, en ce moment où tout est au rouge... Le président du Mrc a été arrêté pour avoir enfreint les règles de droit dont il avait connaissance en tant que citoyen dans un premier temps et surtout juriste et co-auteur de ladite loi pénale. Lorsqu'il exige d'être jugé devant le peuple, ça explique sa volonté de politiser davantage l'affaire comme cela est le cas depuis le début. Il est important de rappeler que le statut de leader politique n'exempte nullement pas la responsabilité juridique de chaque citoyen face à ses manquements vis-à-vis de la loi de la république. KAMTO se trouve dans une posture de conquérant du pouvoir et il se saisira de chaque occasion pour s'affirmer politiquement.

 

Cette stratégie ne sera pas porteuse du moment où il est consigné contre son gré et à cause de la loi entre les mains des pouvoirs publics, il lui sera donc difficile de mettre en place, une défense proportionnelle à la peine de prison qu'il encourt, selon les dispositions pénales. Ceci étant, on ne peut pas dire que l'Etat a peur du moment où les pouvoirs publics sont capables au regard du fonctionnement malsain de notre pays, de produire des preuves qui l'accableront. Toujours est-il que la manipulation est le propre de ce système et l'embuscade son mode de fonctionnement pour tacler ses adversaires et le prof KAMTO qui a servi fidèlement ce régime le sait mieux que quiconque.

 

Et aussi, l’on ne peut pas mettre les coaccusés du président du Mrc sur un même pied d'égalité. Si l'on part simplement du fait que le but de la manifestation non autorisée était de dire non au "hold-up électoral" qu'aurait subi le sieur KAMTO selon ses compagnons de cellules. Etant donné que l'officiant principal a été aussi arrêté au même moment que ses partisans, on ne saurait mettre tout le monde sur le même piédestal. À la question de savoir pourquoi on amène KAMTO seul devant le juge,il faut savoir que le président du Mrc a souhaité rencontrer le chef de l'Etat et dans la formulation de sa demande, il n’a pas précisé qu'il serait accompagné de son clergé de fidèles.

 

Peut-être l'occasion lui est donc offerte de préciser l'objet de sa demande d’audience en tant qu'accusé devant le juge sachant que le président est par ailleurs patron du conseil de la magistrature. De son côté, il ne souhaite pas perdre la face en se pliant face à la loi et au pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat qui pourrait le gracier. Sa demande d'audience relève donc d'une stratégie de se présenter à la fois comme l'homme qui met les intérêts du peuple avant et veut discuter malgré l'injustice, et pourtant du côté du pouvoir, cette demande est perçue comme un aveu de faiblesse que le prof veut savamment masquer pour ne pas perdre la confiance de ses fidèles et sympathisants politiques aux yeux de qui il reste le héros des temps modernes.

 

D'autre part, son refus de se faire juger à huis-clos relève toujours de sa volonté de politiser son arrestation jusqu'au bout pour essayer au maximum de ne pas écoper d'une sanction lourde selon le code de procédure pénale qu’il a lui-même rédigé aux frais du contribuable camerounais. Au regard de tout ceci, tout porte à croire que notre pays n'est pas sorti de l'auberge, avec ces vieux politiques aux gosiers pleins de rancunes qui veulent profiter de leur retraite en rentrant en politique pour se tailler encore des trésors de guerre pour maintenir leurs hégémonie, et les barons du système qui estiment que seule la mort pourrait les enlever des trônes qu'ils occupent depuis.

 

Retranscription par Félix Swaboka

Published in Tribune Libre

« Il me semble que la phase à laquelle nous assistons concerne encore l'instruction. Parallèlement, le Professeur et certains de ses sympathisants ont engagé des procédures de demande de liberté provisoire afin de pouvoir jouir de leur liberté dans l'attente du jugement de fond.

 

Ceux qui ont eu à faire face de façon tout à fait injustifiée et arbitraire aux instances de nos tribunaux comme moi savent généralement que les phases liées à l'instruction, la saisine du juge de l'habeas corpus ou même de la chambre de contrôle de l'instruction de la cour d'appel se passent à huis-clos. Ça c'est strictement du point de vue empirique. Maintenant, je suis incapable de dire si la loi prévoit si oui ou non les phases citées plus haut peuvent se déployer dans un cadre public ou pas. Je crois que l'on est visiblement en présence d'un procès politique au vu des conditions dans lesquelles les différentes personnes inculpées ont été interpellées.

 

La justice a donc tout intérêt si elle veut défendre sa neutralité dans ce dossier très sensible à rendre les différents procès publics. Il y a plusieurs choses à redire dans le dossier concernant l'inculpation de Maurice Kamto et ses partisans. De leurs interpellations en passant par leurs inculpations, requalification des motifs de leurs inculpations jusqu'à la manière dont sont menés leurs procès. Il y a un ensemble de questionnements qui nous amènent à nous interroger sur les véritables dessous et desseins que vise cette affaire. Dans ce registre, séparer les principaux leaders dans la phase d'enquête pourrait laisser croire qu'il s'agit de confondre ces derniers afin de semer la suspicion et le doute dans l'esprit de solidarité qui les anime jusqu'ici.

 

J'insiste sur le fait que le pouvoir a tout intérêt à potabiliser la méthodologie mobilisée dans le cadre de l'affaire Kamto pour établir des responsabilités. Si cette méthodologie à cette phase est douteuse, il me semble qu'on pourrait alors se dire que le pouvoir est à la quête d'autres desseins qui sont aux antipodes de la quête de la vérité en vue d'établir les responsabilités des uns et des autres. »

 

Propos transcrits par Félix Swaboka

 

Published in Tribune Libre






Sunday, 05 June 2022 11:01