Il s’agit d’enfants déplacés de la crise anglophone originaires du département de Bui et qui vivent actuellement à Yaoundé.
Le 10 août dernier, 200 enfants déplacés de la région du Nord-Ouest résidant actuellement à Yaoundé, ont reçu des kits scolaires, un don du Secrétaire d’Etat auprès du Ministère de l’Education de base. Lors de la cérémonie de remise desdits dons, le Dr Ashéri Kilo accompagné des élites dudit département à savoir Rose Mbah Acha Fomundam le Ministre délégué à la Présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, le Dr Linda Yang et Grâce Dion Ngute, a indiqué que le don vise à encourager ces enfants.
« Ces enfants sont ici pour un moment, mais ils retourneront chez eux quand la paix sera restaurée dans le Bui. Mais pour le moment, on ne peut pas les laisser en dehors de l’école. C’est pour cela qu’on a décidé de leur donner des kits scolaires, afin que les enfants du Bui qui sont ici et qui peuvent aller à l’école commencent en septembre », a déclaré le Dr Ashéri Kilo.
Le kit scolaire remis à chacun desdits enfants déplacés comportait entre autres des sacs à dos, de gourdes, de bics, de crayons, de règles, des ardoises, des drapeaux du Cameroun. Le don a été fait aux élèves des classes allant de la Maternelle jusqu’au CM2.
« Nous sommes toutes derrière Mme Ashéri Kilo et nous la félicitons pour ce geste qu’elle a posé aujourd’hui. Je veux également encourager les enfants qui sont à la maison retenus par les parents, par la situation que nous tous connaissons, de revendiquer leur droit à l’éducation. Et je veux aussi demander aux parents des deux régions qui sont en train de garder leurs enfants à la maison, de ne pas les laisser à la maison parce qu’ils appartiennent à la société camerounaise. L’excuse de dire qu’il n’y a pas la sécurité, n’en est pas une. Si nous pouvons aller au marché, aller cultiver les champs, les enfants peuvent aussi aller à l’école », a déclaré le Linda Yang.
Il convient de souligner que les appels au retour à l’école des enfants des régions anglophones fusent de tous les côtés. Lors de la fête de l’Assomption, Mgr Jean Mbarga a lui aussi plaidé pour que la rentrée scolaire soit effective en septembre prochain au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.
Liliane N.
Le chef imam de la mosquée centrale de Buea, Son Éminence Alhadji Mohammed Aboubakar, a enjoint les parents des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun à renvoyer leurs enfants à l'école à l'ouverture de la prochaine année scolaire le 02 septembre 2019.
Le chef spirituel s'exprimait sur l'esplanade du stade vert de la ville de Buea pendant les prières solennelles pour marquer la fête de l'Aïd Al-Adha, le dimanche 11 août 2019.
En présence de hauts responsables administratifs de la région, l'imam Aboubakar a froncé les sourcils devant le fait que la crise anglophone a maintenu des enfants à la maison pendant trois ans. Aux yeux du chef religieux, les parents devraient assumer la responsabilité de leurs enfants. "Si nous n'éduquons pas ces enfants, nous aurons demain une génération analphabète. Car une société sans éducation est une société maléfique", a-t-il dit.
Il a également chargé le régime du président Paul Biya et la diaspora d'œuvrer en faveur d'un objectif commun, celui de la paix, car "lorsqu'il y a injustice, corruption, détournement de fonds et violence dans une société, l'anarchie est inévitable", a-t-il déclaré.
Rappelons qu'Alhadji Mohammed Aboubakar est l'un des organisateurs de la Conférence générale anglophone qui cherche à mettre fin pacifiquement à la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Les fidèles musulmans ont été invités à éviter les vices et à imiter le prophète Ibrahim qui a obéi à Allah le Tout-Puissant, quand il lui a été ordonné de sacrifier son fils unique, Ismaël.
Parlant du traitement réservé aux femmes dans la société, l'Imam Aboubakar, tout en abordant le sort des femmes mariées, a rappelé aux auditeurs que "les femmes sont le pouvoir de notre richesse dans la société. Traitez-les avec le plus grand respect et la plus grande intégrité".
Le retour à l'école étant la principale préoccupation, la secrétaire à l'éducation islamique de la région du Sud-Ouest, Matanga Hans Hilary Hamza, a inventé un slogan "ne pas faire de mal à nos enfants lorsqu'ils retournent à l'école".
La communauté musulmane a fait des supplications spéciales sur la paix durable, la sécurité, le développement et l'unité au Cameroun. La prière était intense pour qu'Allah intervienne et apporte des solutions urgentes à la crise qui perturbe les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Son Éminence Alhadji Mohammed Aboubakar a lancé un appel aux autorités pour qu'elles cherchent des solutions durables à la crise qui a contraint de nombreuses personnes à quitter leurs terres ancestrales dans la communauté anglophone.
Otric N.
Ils sont assez nombreux, ces parents qui ont décidé de faire des achats et d’inscrire leurs enfants, à quelques trois semaines de la reprise des cours
Certes, ce n’est pas encore la grande affluence mais, quelques parents rencontrés disent qu’avant le 15 Août, il est important de faire des emplettes, notamment en ce qui concerne les sacs, les souliers, les manteaux …
Arlette Ndogmo est maman de trois enfants et tous sont dans des écoles privés : « Je n’ai pas beaucoup d’argent, avec mon commerce de beignets ici en route, je ne gagne pas grand-chose et je suis seule à élever mes enfants. Leur géniteur a fait ce que la plupart des hommes font et du coup, je dois travailler dix fois plus. Comme je suis assise ici en route, je calcule les vendeurs à la sauvette qui passent avec des sacs, je sais qu’il y’a beaucoup de chinois (des cartables de mauvaise qualité) mais, lorsque j’ai la chance, je tombe sur de très bons sacs. Et même des pull over, comme il pleut beaucoup en septembre… ».
Jean marc est lui aussi papa de deux petits bouts de chou. Ils sont à l’école primaire et pour lui aussi, il est important de faire certains achats avant que les commerçants n’augmentent les prix dans les marchés : « J’ai toujours établi mon programme ainsi. Il y’a des petites choses que je peux acheter aux enfants, sans attendre la dernière minute parce qu’à la rentrée, on se préoccupe beaucoup plus des inscriptions et de l’achat des fournitures scolaires, du moins, ceux qui sont importants. Je peux être entrain de prendre un pot avec des amis, des collègues et une paire de chaussure me plaît, alors j’achète. Je m’arrange toujours à ce que les enfants aient trois ou quatre paires de chaussures en plus des tennis, ils se sentent très bien ainsi. J’ai même acheté les tenues de sport, puisqu’on n’exige pas d’écusson, dans cette école, il faut juste acheter la tenue en respectant les couleurs exigés… ».
Les élèves ne sont pas en reste
En fin d’année scolaire, Arnaud et Berthille sa sœur cadette vendent des cacahuètes, des safous et du plantain grillés. Orphelins de père, ils ont décidé il y’a deux ans, d’aider leur maman à préparer leur rentrée : « J’ai 15 ans aujourd’hui et ma petite sœur a 13 ans. Maman vend le couscous et des harengs au marché Mokolo et quand papa est mort, maman a été obligée de nous élever toute seule, mes cinq frères et moi. Alors, on lui demande de nous donner 5000 ou 10 000 comme fond de commerce quand nous prenons nos vacances. A la fin de trois mois, nous avons parfois 40 ou 50 mille et, à ce moment, nous achetons ce dont nous avons besoin. Maintenant même, on a réussi à garder 45 000 dans notre caisse et, notre maman va nous inscrire et elle va aussi acheter quelques petites choses à nos cadets. Nous savons qu’elle a besoin de notre aide et maintenant au moins, elle ne pleure plus tout le temps… ».
C’est le 02 septembre prochain que les élèves du primaire et du secondaire vont reprendre le chemin des classes.
Nicole Ricci Minyem
La rentrée scolaire 2019-2020 doit être une réalité au Nord-Ouest. Les enfants de tous les départements de cette région anglophone sans exception doivent retourner à l’école. Pour cela, Adolphe Lele Lafrique le gouverneur de ladite région a donc entrepris lui-même de faire une descente sur le terrain pour parler aux populations. L’objectif de sa tournée est de sensibiliser tout le monde. C’est donc par les départements de Bui, de Donga Mantung et de Ngoketundja que le patron du Nord-Ouest a débuté sa descente.
Adolphe Lele Lafrique n’a de cesse de citer le département de Nkambe comme un modèle à suivre. Il a félicité les parties prenantes dans ledit département pour leur maturité et leur détermination à défendre les institutions de l'Etat face à l'opposition de ceux qui sont contre la paix et l'harmonie. Il les a félicitées pour le refus de mettre en péril l'avenir des enfants face à la crise sociopolitique et sécuritaire en cours dans les deux régions anglophones.
Adolphe Lele Lafrique a déclaré que le gouvernement était prêt à récompenser le patriotisme de Nkambe. Il a prescrit aux groupes d'autodéfense de maintenir leur engagement tout en restant pacifiques. Le Gouverneur du Nord-Ouest qui s’est concerté avec les populations, leur a fait noter que l'échec de la reprise de la scolarisation, laisserait la place à la marginalisation. Il a mis au défi les autorités traditionnelles de la division Bui de nettoyer leurs terres ancestrales du sang innocent versé pendant la crise. C'était en toile de fond des statistiques inquiétantes sur le nombre d'enfants ayant manqué l'éducation en 2018 / 2019.
L’objet de la descente du patron du Nord-Ouest a plu aux populations. Celles-ci sont exaspérées. En tant que parents d’élèves, leur souhait c’est de voir les choses changer, de voir leurs enfants retourner à l’école sans aucune crainte. Car il faut noter que depuis trois années déjà, des écoles sont fermées du fait des attaques des groupes séparatistes. Certaines desdites écoles sont incendiées. Certaines familles ne voulant pas voir leur progéniture rester à la maison, ont décidé de quitter la région pour d’autres zones sans danger.
Liliane N.
Les enseignants tentent de contourner le problème en utilisant d’autres ouvrages non-inscrits au programme.
Les librairies et les points de vente de manuels pour enfants continuent de recevoir en grand nombre des parents en quête d’un ou deux livres. Pour la pluplart que nous avons rencontré, cela fait déjà plus d’un mois où ils écument les librairies dans l’espoir de trouver les ou l’ouvrage (s) manquant dans les cartables de leur progéniture. Aujourd’hui les parents paient à l’avance les livres qu’ils recherchent espérant être les premiers à être servis une fois que ceux-ci seront disponibles. Même avec cette stratégie, ils ne trouvent pas de sitôt satisfaction. Car les livres ne sont pas disponibles. A titre de rappel il convient de souligner que quelques semaines avant la rentrée scolaire, face à la persistance de la pénurie, le Ministre des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze avait commis un communiqué pour demander aux principaux secteurs de la douane du pays «d’ouvrir exceptionnellement» et ce depuis le 18 août 2018, les jours éventuellement déclarés fériés du mois d’août en cours en vue de permettre aux importateurs de manuels scolaires de procéder aux opérations de dédouanement de ces ouvrages.
Seulement presqu’une semaine après le communiqué du MINFI, les manuels étaient toujours indisponibles dans leur globalité. Avant la rentrée scolaire qui a eu lieu le 3 septembre 2018, le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques avait annoncé que les 1428 ouvrages proposés par 103 éditeurs, dans les deux sous-systèmes éducatifs anglophone et francophone, de la maternelle au secondaire, seraient disponibles dans les délais. Son secrétaire permanent le Pr Vounda Etoa avait assuré que tous les livres seront disponibles dès le 27 août 2018. Cependant rendu au 16 octobre 2018, ce n’est pas toujours le cas. Les acteurs de la filière livre essaient tant bien que mal de justifier la situation qui perdure. Apollinaire Ngassa le président national du Syndicat des libraires et papetiers du Cameroun explique l’indisponibilité du livre par le retard pris pour l’homologation des ouvrages au programme, qui selon la règlementation doit intervenir «au plus tard cinq mois avant la rentrée scolaire».
Or, pour cette année, regrette-t-il, ce n’est que le 13 juin 2018 que la liste des manuels pour l’année à venir a été homologuée, un délai jugé court pour permettre aux éditeurs, dont beaucoup sont à l’étranger, de confectionner les ouvrages homologués, de les faire embraquer, de les dédouaner, de les décharger avant leur mise sur le marché. «Cette pénurie s’explique tout simplement par le fait que, les éditeurs n’ont pas un prix de livraison standard. Il y a les moments où tu passes la commande des livres, l’éditeur te donne les livres avec une marge de 20%, 15%, 10%, voire 5% de bénéfices. Dans ce cas, je ne peux pas vendre pour perdre. Les prix homologués par le gouvernement ne satisfont pas les libraires. J’ai beaucoup de charges à assumer chaque fin du mois. Je vous dis qu’actuellement beaucoup de mes employés sont en chômage technique. Ça c’est le premier problème. La pénurie du livre sur le marché est due au fait que les livres qui sont au programmes cette année ne sont pas adaptés à la pédagogie qui est enseignée à l’école. Dont-il est fort probable que l’année prochaine le programme change», déclare Gilles Ngouffo, un libraire de la capitale.
Pour essayer de contourner le problème les enseignants pour dispenser leurs coirs ont recours aux anciennes éditions en attendant d’avoir les nouvelles.
Liliane N.