Le président du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd), Jean-Paul Komon, informe la communauté éducative avoir démasqué 10 éditeurs qui « introduisent frauduleusement des titres et cahiers d’activités non agréés dans les listes des manuels scolaires exigés aux parents et élèves ». Jean-Paul Komon a en effet rendu public un communiqué en date du 8 septembre 2021 pour dénoncer cette pratique qui s'oppose à la politique gouvernementale dans ces volets éducatifs.
D'après le président du Conseil, parmi ces éditeurs, qui bénéficient de la complicité de certains chefs d’établissements, 8 sont basés à Douala, et les deux autres à Yaoundé et à Buea. S'inspirant des circulaires du Premier ministre et des ministres en charge de l’Education de base et des Enseignements secondaires, Jean-Paul Komon inque que, « seuls les manuels scolaires inscrits sur les listes officielles sont exigibles et utilisés dans les établissements scolaires du Cameroun ».
La fraude à laquelle se livrent ces éditeurs se positionne ainsi aux antipodes de la politique gouvernementale du manuel unique par matière sur toute l’étendue du territoire national en même temps qu’elle grève le budget réservé par les parents pour l’acquisition des manuels scolaires. Pour le président du Conseil national d'agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques, les parents sont invités à dénoncer cette pratique en vue des poursuites devant les instances compétentes contre les éditeurs et les chefs d’établissements véreux.
Innocent D H
Les parents ne cessent de sillonner les librairies et les autres points de vente de manuels scolaires avec l’espoir d’avoir enfin les livres qui manquent à leurs enfants.
C’est avec deux livres manquants qu’Emmanuel Ngon est allé à l’école le 02 septembre 2019, jour de rentrée scolaire dans tout le Cameroun. Elève en classe de Cour élémentaire 1 à l’école privée Sidifel, le garçon âgé de huit ans, n’a pas les livres «Majors en Science» et «Nous devenons citoyens». Les parents de l’enfant indiquent que, c’est depuis le mois de juillet dernier, qu’ils sont à la recherche des deux ouvrages inscrits au programme. Jusqu’au premier jour de la rentrée, il leur est toujours impossible d’avoir les ouvrages.
Ils ne sont pas les seuls parents à connaître la situation sus décrite. Le prénommé Alain Alima reste à la quête du livre de Littérature pour son enfant qui est en classe de Form 1. « Je dois préparer la rentrée scolaire de mes enfants. L’un entre à la maternelle et l’autre va au collège. J’ai fait un tour dans les librairies. J’ai tout acheté. Sauf un livre qui manque pour mon fils aîné », fait savoir le parent.
Un autre parent rencontré, a choisi de se rendre aux poteaux, appellation de points de vente des manuels scolaires. Etant à la recherche du livre de Mathématiques, celui-ci l'y a trouvé. Seulement, il affirme ne pas être sûr de la qualité de l’ouvrage. « Je pense que ce livre n’est pas de bonne qualité. Il ressemble à une photocopie et vu l’enchaînement des pages, d’ici un mois, toutes seront détachées », déclare-t-il.
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Les livres manquants dans les librairies, chez les distributeurs c'est donc une réalité, si on s’en tient aux différents témoignages des parents. Pourtant, il y a moins de deux semaines, où les éditeurs face à la presse, rassuraient sur la disponibilité des ouvrages inscrits au programme. Rogers Nforgwei, le Directeur des Editions NMI Education avait alors exhorté les parents à faire preuve de patience. Il affirmait que ceux-ci seront servis avant la rentrée scolaire.
« Pour limiter certaines tracasseries, les éditeurs ont pris les dispositions pour faire venir les ouvrages par avion afin de les avoir avant la rentrée scolaire. Quelques livres sont en ce moment au niveau du Port de Douala et nous avons déjà saisi le Ministère des Finances pour faciliter les procédures d’enrôlement. Et d'ici quelques jours, tous les ouvrages qui manquent seront disponibles auprès des éditeurs et progressivement auprès des libraires », avait-il ajouté.
Liliane N.
Le Conseil national d'agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques fait cette précision.
Le 26 mai 2019, le Ministère de l’Education de base (Minedub) a rendu public la liste des manuels scolaires arrêtés pour l’année scolaire qui commence en septembre prochain. Le 17 juillet 2019, c’est le Ministère des Enseignements secondaires qui publiait à son tour sa liste. Le constat qui a été fait, est que les manuels n’ont pas été changés. D’ailleurs au cours d’une conférence de presse donnée à ce sujet, M. Komon, le président du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd) soulignait qu’« aucun manuel ni aucun prix de manuel de cycles primaires et maternel ne change. Le coût du cartable pour ce qui concerne l’achat des manuels scolaires demeure donc le même ».
Connaissant les habitudes de certains établissements et rendu à quelques semaines de la rentrée scolaire 2019-2020, Marcellin Vounda Etoa, le Secrétaire permanent du Cnamsmd attire l’attention des parents, de tous ceux qui entrent dans le processus de commercialisation des manuels scolaires. Aucun manuel scolaire pas inscrit au programme n’est autorisé de vente.
« De très nombreux établissements, surtout privés, usent de subterfuges divers pour s'opposer à la politique du manuel unique par matière. Quand ils ne remplacent pas les manuels agréés par leurs manuels propres ou par ceux que leur proposent quelques éditeurs véreux et vénaux, ils affligent les parents de « listes supplémentaires » ou de ce qu'ils qualifient de «sonne ne peut garantir ni l'orthodoxie ni la scientificité des contenus. Il n'est pas envisageable que dans un pays, chaque école, collège ou lycée, au nom d'arguments spécieux, enseigne ce qu'il veut. L'école ne construit pas un pays, l'école aide à former, à mouler les citoyens dont un pays voudrait se doter pour se construire et se développer », explique Marcellin Vounda Etoa dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon tribune.
Sachant que certains établissements scolaires pourraient s’entêter à proposer des manuels qui ne sont pas au programme, le Conseil fait savoir que ceux qui seront surpris, vont tout simplement être sanctionnés.
Liliane N.
Les œuvres retenues au terme de la session de ouverte le lundi 15 avril 2019 à Yaoundé seront intégrés dès la rentrée scolaire 2020-2021 pour une durée de 6 ans. Les travaux sont placés sous la présidence de Jean Paul Komon, président du Conseil d’agrément du manuel scolaire et du matériel didactique.
Le 23 août 2018, le ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga signait un arrêté rendant officiels les nouveaux programmes des classes de Seconde. Lesquels appellent la production de nouveaux ouvrages.
« Une quinzaine d’éditeurs se sont attelés à produire des manuels conformes à ces nouveaux programmes. Et cette session qui est limitée à la seule classe de 2nde de l’Enseignement secondaire général va donc étudier ces différents manuels afin d’en dénicher les meilleurs qui seront plus tard proposés dans chaque discipline et utilisés en cours à partir de la prochaine rentrée scolaire », explique le Pr. Marcelin Vounda Etoa, secrétaire permanent du Conseil d’agrément du manuel scolaire et du matériel didactique, dans les colonnes de Cameroon Tribune.
En effet, apprend-on, il s’agit d’une réforme progressive où les inspecteurs en charge de la réflexion sur les programmes sont appelés à travailler d’un niveau à un autre. « Cette réforme a commencé par le premier cycle, de la sixième en troisième, et cette année nous sommes rendus à la classe de Seconde. L’année prochaine, nous serons en Première et deux ans plus tard, nous allons boucler avec la Terminale. Nous aurons ainsi reformé les manuels pour les mettre en conformité avec les curricula nouveaux, de la sixième en Terminale », poursuit le Pr. Marcelin Vounda Etoa.
Prennent part à cette session d’évaluation, des experts venus du ministère des Enseignements secondaires et des spécialistes internationaux. Au total, 49 manuels sont soumis à l’appréciation des membres du conseil national d’agrément de manuels scolaires. Et pour chaque manuel, deux experts du contenu des ouvrages et un spécialiste technique du secteur de l’évaluation travaillent en équipe. Ces regards posés sur chaque manuel soumis à une évaluation critique seront déterminants pour le choix des ouvrages mis à la disposition des élèves.
« Tous les manuels en usage de la maternelle en Terminale vont rester les mêmes à l’exception de ceux de la classe de seconde francophone de l’Enseignement secondaire général qui sont évalués en ce moment (hier, Nldr) », conclu Marcelin Vounda Etoa.
Otric N.
Les enseignants tentent de contourner le problème en utilisant d’autres ouvrages non-inscrits au programme.
Les librairies et les points de vente de manuels pour enfants continuent de recevoir en grand nombre des parents en quête d’un ou deux livres. Pour la pluplart que nous avons rencontré, cela fait déjà plus d’un mois où ils écument les librairies dans l’espoir de trouver les ou l’ouvrage (s) manquant dans les cartables de leur progéniture. Aujourd’hui les parents paient à l’avance les livres qu’ils recherchent espérant être les premiers à être servis une fois que ceux-ci seront disponibles. Même avec cette stratégie, ils ne trouvent pas de sitôt satisfaction. Car les livres ne sont pas disponibles. A titre de rappel il convient de souligner que quelques semaines avant la rentrée scolaire, face à la persistance de la pénurie, le Ministre des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze avait commis un communiqué pour demander aux principaux secteurs de la douane du pays «d’ouvrir exceptionnellement» et ce depuis le 18 août 2018, les jours éventuellement déclarés fériés du mois d’août en cours en vue de permettre aux importateurs de manuels scolaires de procéder aux opérations de dédouanement de ces ouvrages.
Seulement presqu’une semaine après le communiqué du MINFI, les manuels étaient toujours indisponibles dans leur globalité. Avant la rentrée scolaire qui a eu lieu le 3 septembre 2018, le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques avait annoncé que les 1428 ouvrages proposés par 103 éditeurs, dans les deux sous-systèmes éducatifs anglophone et francophone, de la maternelle au secondaire, seraient disponibles dans les délais. Son secrétaire permanent le Pr Vounda Etoa avait assuré que tous les livres seront disponibles dès le 27 août 2018. Cependant rendu au 16 octobre 2018, ce n’est pas toujours le cas. Les acteurs de la filière livre essaient tant bien que mal de justifier la situation qui perdure. Apollinaire Ngassa le président national du Syndicat des libraires et papetiers du Cameroun explique l’indisponibilité du livre par le retard pris pour l’homologation des ouvrages au programme, qui selon la règlementation doit intervenir «au plus tard cinq mois avant la rentrée scolaire».
Or, pour cette année, regrette-t-il, ce n’est que le 13 juin 2018 que la liste des manuels pour l’année à venir a été homologuée, un délai jugé court pour permettre aux éditeurs, dont beaucoup sont à l’étranger, de confectionner les ouvrages homologués, de les faire embraquer, de les dédouaner, de les décharger avant leur mise sur le marché. «Cette pénurie s’explique tout simplement par le fait que, les éditeurs n’ont pas un prix de livraison standard. Il y a les moments où tu passes la commande des livres, l’éditeur te donne les livres avec une marge de 20%, 15%, 10%, voire 5% de bénéfices. Dans ce cas, je ne peux pas vendre pour perdre. Les prix homologués par le gouvernement ne satisfont pas les libraires. J’ai beaucoup de charges à assumer chaque fin du mois. Je vous dis qu’actuellement beaucoup de mes employés sont en chômage technique. Ça c’est le premier problème. La pénurie du livre sur le marché est due au fait que les livres qui sont au programmes cette année ne sont pas adaptés à la pédagogie qui est enseignée à l’école. Dont-il est fort probable que l’année prochaine le programme change», déclare Gilles Ngouffo, un libraire de la capitale.
Pour essayer de contourner le problème les enseignants pour dispenser leurs coirs ont recours aux anciennes éditions en attendant d’avoir les nouvelles.
Liliane N.
Depuis cette rentrée scolaire cette mesure est entrée en application.
Alors que certains parents pensaient encore à une farce, c’est dans les librairies et points de vente de manuels scolaires, qu’ils ont compris que la politique du livre unique par matière est une réalité au Cameroun depuis cette année scolaire. Les listes des ouvrages retenus au programme sont les mêmes sur toute l’étendue du territoire national. Dans sa posture de Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire, le Pr Marcellin Vounda Etoa revient sur combat qu’il a mené et qui a conduit aussi à l’adoption d’un ouvrage par matière.
«J’en suis arrivé-là par la découverte d’un manuel inscrit sur les listes officielles qui était truffé de fautes et ma curiosité a été piquée par plusieurs autres que j’ai découvert par la suite. Auparavant j’avais déjà dénoncé un ensemble de dérives par la publication d’un article sur un livre inscrit au programme scolaire, à savoir le recueil de poème de Guillaume Apollinaire qui faisait l’apologie de l’homosexualité. J’ai donc pris conscience qu’il y avait quelque chose à creuser et c’est après que j’ai découvert que l’ampleur du problème était grande. Et le premier constat était le non-respect de l’arrêté du Premier ministre du 4 janvier 2002 qui restituait la pluralité du manuel scolaire, mais avait arrêté un ou deux manuels par matière, le but étant de créer une saine émulation entre les éditeurs pour stimuler les efforts face à la concurrence. Mais cette approche a pris une autre tournure et le nombre du manuel s’est multiplié au gré de tous ceux qui avaient un ouvrage à proposer, écumant les lycées et les collèges et réussissant par des moyens suspects à les inscrire sur les listes avec la complicité des chefs d’établissements. Pour crier ma révolte j’ai écrit un livre pour dénoncer le mercantilisme qui s’était emparé du système éducatif à tout le moins dans le circuit des manuels scolaires», explique Marcelin Vounda Etoa, dans le journal Afrique gouvernance.
Pour ce qui est des critères sur lequel les autorités se basent pour opérer le choix du livre unique à programmer par matière, la circulaire de Philemon Yang avait précisé les axes devant servir à l’évaluation. «Cette critélogie a trois axes principaux: le premier concerne l’évaluation physique du manuel et ces aspects étaient noté sur 25 points. Il s’agit du façonnage et de la finition de l’ouvrage. Nous retiendrons qu’un livre cousu est plus résistant et plus adapté à notre environnement qu’un livre collé qui sèche et dont les feuilles sautent par la suite. Le deuxième critère porte sur le prix du livre. Dans les anciennes grilles d’évaluation des manuels scolaires, le prix du livre était noté sur 10 points. Nous avons fait passer le nombre de points pour le prix du livre à 25. C’est pour cette raison que les éditeurs pour être dans la course étaient obligés d’avoir un prix compétitif ne sachant pas quel était le prix de leur concurrent», ajoute le Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire. A ces critères s’ajoutent ceux concernant l’aspect éthique à préserver et le respect de l’approche pédagogique dans l’évaluation des contenus et le niveau de langue.
Pour les parents la politique du livre unique par matière reste à saluer. Ils affirment que c’est avantageux pour eux parce qu’ils ont la possibilité, d’acheter à moindre coût, l’ensemble des fournitures scolaires des enfants. Ce qui n’était pas le cas lors des précédentes années scolaires. De leur point de vue la mesure va permettre de mettre fin au mercantilisme observé dans le secteur des manuels scolaires. Les parents ayant souvent été contraints à acheter plus d’un ouvrage par matière.
A titre de rappel, c’est le 23 novembre 2017, que Philemon Yang le Premier ministre a signé l’arrêté relatif à l’utilisation d’un livre par matière. «Dans le respect des spécificités de chaque sous-système éducatif, toute discipline inscrite au programme officiel doit être dispensée sur toute l’étendue du territoire national au moyen d’un seul manuel scolaire pour chaque matière. Seul cet ouvrage doit être utilisé par les apprenants pour la matière considérée», pouvait-on lire dans ledit arrêté. Le PM avait précisé que dorénavant la durée de validité du livre et du manuel scolaire, est de six années.
Liliane N.