L’Organisation Mondiale de la Santé a affirmé ce mercredi n’avoir jamais vu autant d’attaques sur le système de santé qu’en ce moment en Ukraine, où les forces russes sont entrées le 24 février.
“Le système de santé est devenu une cible (…). Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C’est totalement inacceptable, c’est contraire au droit humanitaire international”, a déclaré le chef des urgences de l’OMS, Michael Ryan, lors d’une conférence de presse.
“Nous n’en sommes qu’au tout début (…) et nous n’avons jamais vu ailleurs dans le monde autant d’attaques sur le système de santé”, a-t-il dit.
43 attaques ciblées
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, l’OMS a authentifié 43 attaques contre le système de santé. Il peut s’agir d’attaques contre les installations médicales ou les travailleurs de la santé.
“Le système de santé ukrainien a atteint un niveau critique, il chancelle au bord du gouffre”, a alerté Ryan, en interrogeant : le système de santé ukrainien a besoin d’être soutenu, mais comment parvenir à déployer des équipes sur place alors même que les infrastructures médicales sont prises pour cible ?
Manque de fournitures
L’Oms a pu acheminer de l’aide dans de nombreuses villes en Ukraine, mais elle rencontre encore des difficultés d’accès. Environ 100 tonnes de fournitures, notamment de l’oxygène, de l’insuline, du matériel chirurgical, des anesthésiants et des kits de transfusion sanguine, ont pu être acheminées jusqu’à présent.
D’autres équipements, notamment des générateurs d’oxygène, des générateurs électriques et des défibrillateurs, ont également été livrés. Et l’OMS se prépare à envoyer 108 tonnes supplémentaires.
N.R.M
La pandémie de Covid-19 a profondément perturbé les économies et retardé le progrès social de tous les pays du monde. Elle a surtout exposé la fragilité des systèmes de santé et son incapacité à s’adapter et à répondre efficacement aux crises inattendues.
Contexte et justification
Au Cameroun, certains médecins et autres spécialistes de la Santé Publique estiment que “la riposte à cette pandémie doit être transformée en opportunité de renforcement du système de santé, d’amélioration de la préparation aux futures crises sanitaires, et surtout d’affirmer sa participation aux mécanismes mondiaux, régionaux et nationaux d’expression de la solidarité et de la coopération internationale… “.
De plus,
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), en collaboration avec d’autres partenaires et les Gouvernements ont soutenu les efforts mondiaux qui ont abouti à la mise au point rapide des vaccins efficaces contre le Covid-19. La facilité Covax a ainsi été établie, afin de garantir l’accès équitable à ces vaccins à tous les pays du monde.
Au niveau régional, L’initiative de l’Union Africaine a également été créée avec pour ambition de couvrir au moins 60% de la population africaine d’ici 2022 grâce à un mécanisme de mise en commun des coûts et demande des vaccins entre les États membres.
Au niveau national, le Cameroun a mis à profit la coopération bilatérale avec d’autres partenaires étatiques et les institutions internationales pour un meilleur accès aux financements et aux doses des vaccins.
Quelques rappels
Le Cameroun a reçu les premières doses des vaccins le 11 avril 2021, grâce à la coopération bilatérale avec la République Populaire de Chine.
La vaccination a été introduite dans le dispositif de riposte dès le 12 avril 2021 en urgence avec un niveau de préparation minimal compte tenu du contexte épidémiologique du mois d’avril 2021, marqué par la 2e vague de la pandémie.
Par la suite, le Cameroun a reçu des doses des vaccins supplémentaires de la facilité Covax et de l’Initiative de l’Union Africaine qui lui permet aujourd’hui de répondre à la demande actuelle des vaccins en comptant sur les allocations croissantes ultérieures.
Dans la phase initiale de la vaccination, les groupes cibles prioritaires composés d’agents de santé, des personnes vivant avec les comorbidités et des personnes âgées de 50 ans et plus, ont été ciblées de façon exclusive.
Par la suite, le Gouvernement a décidé d’élargir l’offre de la vaccination aux personnes âgées de 18 et plus, sans pour autant changer l’ordre de priorité susmentionnée.
Pour cela, 244 centres de vaccination ont été sélectionnés pour offrir quotidiennement les services de vaccination dans tous les 190 Districts de santé et, trois tours de campagne d’intensification de la vaccination avec déploiement des équipes mobiles dans toutes les Régions ont été organisées.
Au 28 février 2022, 1 273 012 doses ont été administrées pour 1 074 355 personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, soit 7.8% de la population cible et 813 063 personnes complètement vaccinées, soit 5.9% de la population cible. 2.9% de la population totale du Cameroun sont complètement immunisées.
N.R.M
Au Cameroun à la date du 02 mars 2022, on enregistre un total de 119 276 cas confirmés de Covid-19 pour 1923 décès. Il apparaît aussi que le nombre de cas confirmés est en baisse à la quatrième vague. Cependant, “cette baisse ne met pas à l’abri de l’émergence de nouveaux variants ou encore de la survenue d’une nouvelle vague d’épidémie…”, disent les spécialistes.
Importance de la vaccination
La vaccination offre une valeur certaine à plus d’un titre. ◊ En plus de sauver la vie de millions d’enfants, les programmes de vaccination offrent également un retour sur investissement économique élevé. ◊ Une nouvelle recherche démontre l’incroyable impact et la valeur de la vaccination pour les décideurs.
Investir dans des programmes de vaccination dans les pays les plus pauvres du monde rapporte un retour significatif sur l’investissement initial. Entre 2020 et 2030, les programmes de vaccination contre 10 agents pathogènes dans 98 pays devraient sauver 32 millions de vies, dont la grande majorité (28 millions) seront des enfants de moins de 5 ans.
Selon la nouvelle étude du projet “Decade of Vaccine Economics” (DoVE), chaque dollar américain investi dans des programmes de vaccination a rapporté environ 20 dollars en coûts de santé économisés, en perte de salaire et en perte de productivité. L’analyse prévoit que la vaccination contre la rougeole continuera à sauver encore plus de vies au cours de la prochaine décennie (2020-2030) avec une moyenne de plus de 2,1 millions de décès évités par an.
Immunité collective
L’immunité collective correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/ protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d’une personne en moyenne, amenant de fait l’épidémie à l’extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés.
Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par la vaccination. Le niveau nécessaire pour passer ou rester sous le seuil d’immunité collective dépend du tout de reproduction de base de la maladie, c'est-à-dire du nombre moyen d’individus immunologiquement naïfs qu’un sujet va infecter après contact.
Plus ce taux de reproduction de base est élevé, plus le pourcentage de sujets immunisés doit être élevé. Les vaccins sont des produits biologiques visant à provoquer de manière efficace et sûre une réponse immunitaire qui confère une protection contre la maladie.
Un vaccin idéal offre maints avantages : il est sécuritaire et ne comporte que des effets secondaires mineures ; une dose unique administrée à la naissance peut assurer une protection à vie contre une maladie ; il est peu coûteux, stable durant l’expédition et l’entreposage et il est facile à administrer.
Certains vaccins répondent davantage à ces critères que d’autres. Même si chaque vaccin possède ses propres avantages et risques, indications et contre-indications, tous les vaccins assurent une protection contre la maladie pour laquelle ils ont été conçus.
N.R.M
Annoncée le 22 Février dernier par le ministre de la Santé Publique, ce quatrième tour d’intensification de lutte contre le coronavirus a pour objectif “ d’Accroître la couverture vaccinale au cours de la période d’accalmie et à faire face à une éventuelle vague ou à l’émergence d’un nouveau variant…”.
La campagne qui a commencé le 16 Mars 2022 et qui va s’achever le 20 Mars 2022 cible toute personne, âgée de 18 ans et plus. Cependant, le document signé par le patron de la Santé Publique au Cameroun informe qu' elle sera “ prioritairement menée auprès des personnes de 50 ans et plus, les personnels de santé et les personnes avec comorbidité ( diabète, hypertension, obésité…).
Au cours de cette campagne, trois types de vaccins seront proposés aux populations cibles: Le Johnson and Johnson à dose unique; Sinopharm et Pfizer à deux doses.
Pour les personnes volontaires ayant déjà achevé leur calendrier vaccinal, des doses de Booster leurs seront administrées conformément aux recommandations du Conseil Scientifique des Urgences de Santé Publique et du Groupe Technique Consultatif National de la Vaccination de la session conjointe de Janvier 2022.
Ladite campagne de vaccination va se dérouler dans les lieux publics ou communautaires, notamment les marchés, les chefferies, les églises et mosquées, les administrations et les entreprises ainsi que dans les ménages en porte à porte.
Le Docteur Manaouda Malachie - ministre de la Santé Publique conclut son communiqué en invitant les “ Populations à adhérer massivement à la vaccination contre le Covid - 19, afin de réduire à la portion congrue l’évolution de la pandémie et atténuer ainsi, les conséquences sanitaires et économiques liées aux mesures de restrictions relatives à la pandémie de Covid - 19 au Cameroun”.
Nicole Ricci Minyem
Dans un message publié sur les réseaux sociaux notamment par l’honorable Nourane Fotsing , qui serait adressé au Doyen d’âge de la Chambre Basse du Parlement Camerounais, les Députés - responsables des Partis Politiques de l’opposition ont mis en objet: “Réplique à une apparente imposture parlementaire”
Les signataires s’en prennent à deux élus du Peuple qui auraient “exigé le respect du Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale en indiquant le caractère illégal de la déclaration publique de constitution d’un groupe parlementaire qui avait été adressé dans le respect des dispositions légales…”.
Les honorables Joshua Osih - Kwemo Pierre - Cabral Libii - Youmo Koupit Adamou disent entre autres douter de “ l’authenticité de ce document puisque les deux signataires ont une longue expérience parlementaire et judiciaire”.
Cependant, dans le but de lever toute équivoque, ils estiment qu’il “ est important de fermement dénoncer ce tract qui peut nuire à l’image et à la bonne marche de cette auguste Chambre…”.
Ils se disent “ indignés par des contestations qui viendraient d’un nombre insignifiant de députés du parti majoritaire qui s’érigent contre une démarche légitime, légale et réclamée par le Peuple Camerounais, qui vise à mettre fin à une régression démocratique préjudiciable à l’image du Cameroun, observée depuis l’entame de la dixième législature; Car en effet, depuis la réintroduction du multipartisme en 1992, c’est la toute première législature qui s’ouvre avec un seul groupe parlementaire en son sein…”.
Sur le plan de la légalité, les responsables de ces formations politiques “ relèvent le fait qu’à date, aucune commission générale n’a encore été constituée par l’Assemblée Nationale du Cameroun…”.
Dans l’optique d’étayer leurs propos, ils citent une série d’Articles qui démontrent “l’imposture des signataires du “ tract” qui circulent sur les réseaux sociaux, notamment l’Article 21(1)(a)(i) qui fixe les attributions de la Commission des Résolutions et Pétitions qui est en charge d’examiner des propositions de résolutions, des pétitions et de l’activité interne de l’Assemblée Nationale; la commission des Lois Constitutionnelles dont émanerait l’imposture, est de ce fait en la matière et de toute évidence incompétente…”.
Les signataires de la “Réplique à une apparente imposture parlementaire”rappellent enfin qu’à “ l’Assemblée Nationale, chaque Député représente la Nation toute entière et non le parti politique qui l’a investi, et que de ce fait, leur constitution consacre la nullité du mandat impératif”.
Nicole Ricci Minyem
C’est du moins l’impression que l’on a en lisant cette tribune de l’Honorable François - Biba - Député au sein de la Chambre Basse du Parlement Camerounais
“Grande est ma consternation de constater avec beaucoup de peine que le bien-être des populations n'est pas la priorité de certains députés.
En effet, au vue de l'actualité #ots, la réunion de la commission de l'éducation convoquée le lundi 14 mars après concertation avec les membres de ladite commission a été purement et simplement boycottée.
En effet, les parlementaires ont préféré donner de leur temps et de leur énergie dans des tripatouillages visant aux renouvellements des bureaux de la grande chambre et des 9 commissions. Ils ont ainsi relayé au second plan le problème des enseignants.
Certains ont oublié leur rôle de représentants du peuple, de voix des sans voix et courent après leurs intérêts personnels.
Compte tenu de cette réalité, contraint de renvoyer la réunion de la commission à une date ultérieure et vraisemblablement après les élections dans les différentes commissions car, il est une croyance en interne selon laquelle toute activité est arrêtée avant les renouvellements.
Mais, le rôle de député ne saurait être mis en veille en attendant un quelconque renouvellement de bureau et des commissions. Avec ou sans ces accessoires qui, au final, ne servent qu'à organiser, structurer le travail et instaurer une certaine discipline, nous sommes et demeurons des députés et de ce fait le bien-être des populations devrait être notre préoccupation première”.
N.R.M
Après l’énoncé de leurs préoccupations et autres exigences, le personnel communal aurait entre autres écrit ceci, dans un communiqué de deux pages qui lui est attribué : “ À cet effet, nous entrons en grève à compter du Lundi 21 Mars 2022 pour une durée de trois (3) jours renouvelables…
Etat des lieux
“Les Collectivités Territoriales Décentralisées sont chargées entre autres et principalement de l’amélioration du bien être des populations par la mise en oeuvre des projets, programmes, bref toutes actions qui contribuent à l’épanouissement des populations et pour ce faire, elles disposent d’un personnel recruté et géré par les Mairies desdites Communes…”.
Le communiqué indique que:
“Ceux qui sont sensés œuvrer pour le bien être des populations croupissent dans la misère. Comment pourraient - ils effectuer leurs missions, contribuer au développement des Populations lorsque eux-mêmes ne font que survivre au quotidien?
Les Ctds enregistrent des décès de leurs personnels au quotidien pour cause de retard ou de non - paiement des salaires dans la plupart des Communes…”.
Ensuite viennent des questions
“ Comment est - ce - que les Communes pourraient se développer sans moyens financiers?
La dotation de 15% du Budget de l’Etat n’était - elle qu’un slogan creux?
Où en est - on réellement avec la Décentralisation?
Par conséquent, pour l’amélioration des conditions de vie et de travail du Personnel Communal, les agents exigent:
La mise sur pied du statut de la fonction publique locale
Le paiement régulier des salaires des agents communaux
Le paiement des arriérés sur salaire, non logement, avancement des agents communaux
La tenue des commissions paritaires d’avancement dans les Communes
La mise à disposition des frais des commissions de passation des marchés ( par le Minmap qui le faisait autrefois lorsque les commissions étaient gérées par les fonctionnaires), mais après création des commissions internes de passation des marchés, il devrait mettre à disposition des communes, les fonds nécessaires à leur financement
Le paiement des arriérés liés aux personnels recensés par le Minddevel et le Minfi
La prise en charge des personnels retraités par la Cnps…
Les agents Communaux disent se rendre compte que:
“ Le Gouvernement fait preuve d’un laxisme désobligeant dans la résolution des problèmes réels des Camerounais et nous pensons croire que ce n’est pas de l’incapacité mais tout simplement d’une volonté réelle d’améliorer les conditions de vie des Camerounais…
Il est indubitable de constater que dans notre pays, c’est à la suite des grèves que le Gouvernement se réveille ou se met en action et non avant…”.
Nicole Ricci Minyem
Un communiqué de presse, dont la signature est attribuée au Directeur Général circule sur les réseaux sociaux, invitant le public à postuler comme “ Agents de Poste”.
Le post mensonger indique que “ 690 agents des postes seront recrutés”; Mais aussi que “Les candidats des deux sexes, âgés entre 18 et 40 ans, titulaires du Bepc/Cap … et de tous autres diplômes équivalents peuvent postuler”.
Les pièces à fournir sont mentionnées à la suite de ces précisions, de même que le courriel électronique, les numéros et heures pendant lesquelles les intéressés peuvent appeler.
Photocopie en couleur du diplôme exigé
Photocopie en couleur de la Carte Nationale d’Identité
Photocopie en couleur de l’acte de naissance
Demande adressée au Directeur Général de la Campost
Curriculum Vitae au minimum 2 pages
Informé de la situation, Pierre Kaldadak - Directeur Général a signé un démenti, rappelant entre autres que:
“ Ledit communiqué est truffé de moult incongruités dont les plus remarquables sont le cachet rond, le cachet de fonction, le cachet nominatif et signature sont scannés.
Les autres incohérences qui transparaissent dans le “ fameux communiqué, notamment les contacts électroniques ou téléphoniques laissent penser à juste titre à un Agenda caché de la part de ses auteurs…”.
Par la présente, le Directeur Général oppose un démenti formel à ce “ Fake news et invite les uns et les autres à la plus grande vigilance et une prompte dénonciation de ces arnaqueurs”.
Nicole Ricci Minyem
Dans une tribune, Ambroise Kom - Enseignant d’Universités analyse le système éducatif Camerounais et, en écoutanrt les complaintes de ses collègues en activité, enseignants de la maternelle au supérieur, il juge leur attitude comme étant “ Léthargique”
Il poursuit en ces termes:
“j’en étais arrivé à la conclusion qu’il s’agissait sans doute d’un comportement générationnel, incompréhensible pour l’aîné que je suis aujourd’hui. La grève actuelle m’obligera peut-être à réviser mon point de vue.
D’autant plus qu’il y a quelques jours, la magie des réseaux sociaux m’a réveillé, me faisant découvrir la remarque de quelqu’un commentant mon cours sur “Folie et société” qu’il avait suivi dans les années 1990 à Ngoa Ekelle (Université de Yaoundé): “Il [le cours] est plus que jamais d’actualité. Chaque fois que je vois le comportement de la classe dirigeante je pense à lui [à moi donc] et à ses enseignements”(Petit Mboma).
Le commentaire m’a interloqué à plus d’un égard, qu’il s’agisse de la remarque sur le caractère encore actuel de mes cours ou sur l’impact de cet enseignement sur le mental de quelques étudiants de l’époque.
Le Cameroun d’aujourd’hui me semble tellement éloigné de ce que je pouvais imaginer à la fin des années 1980 ou au début des années 1990 ! J’avais même fini par me convaincre, soit que j’étais totalement déjanté, soit que la transposition que faisait le romancier Bernard Nanga du Cameroun de son époque demeurait plus de quarante ans plus tard étonnamment valable.
Très précisément, il écrit: “On laissait circuler les fous à Eborzel. L’un parcourait les rues à reculons et on l’avait surnommé « Marche Arrière”; un autre réglait la circulation sous le regard amusé des agents de police, et il ne s’en tirait pas mal.
Il n’était pas exclu qu’il y ait de vrais fous chargés de responsabilité dans les bureaux administratifs » (Les Chauves-souris, 1980, 157). Nous y sommes, non ? Le pays fonctionne en marche arrière et les « fous » semblent occuper les bureaux administratifs et autres cabinets ministériels. Voilà de quoi notre normalité est faite !
Au Cameroun, se déplacer en marche-arrière ou vivre comme des chauves-souris, c’est-à-dire la tête en bas, n’a plus rien de surprenant. Tout cela relève de la normalité ambiante, de “NOTRE” “normalité” à nous autres Camerounais(e)s ! Mais puisqu’il s’agit ici d’enseignement et d’enseignants en contexte de démocra- ture, qui doit se lire selon une grammaire spécifique, on peut tout aussi bien rappeler la fameuse boutade du Congolais Sony Labou Tansi qui nous apprend opportunément dans L’Anté-peuple que l'enseignement était la seule branche de l'arbre administratif où le moche était moins moche, l'ab- surde moins absurde, et l'intellectuel moins con (L’Anté-peuple, 1983, 14).
Du choc des idées, dit-on, peut jaillir la lumière. Alors, un Cameroun nouveau sortira-t-il de la rencontre entre les enseignants et les Seigneurs qui nous gouvernent ? Après tout, une grève peut être l’occasion de s’expliquer et de remettre les pendules à l’heure.
Nous le savons tous. Au Cameroun, l’enseignant est, tout compte fait, le parent pauvre, le laissé pour compte des agents de l’État. Certes, et comme partout ailleurs, il y a parmi eux quelques crapules qui abusent de leur pouvoir, de leur semblant de pouvoir administratif. D’autres encore gèrent avec indignité ou indécence leur position de pédagogue.
Mais dans l’ensemble, la grande majorité d’entre eux font preuve d’une exemplaire résilience, remplissant mille tâches à la fois. Ce n’est pas nouveau. Pendant la colonisation déjà, l’enseignant et l’infirmier ne faisaient souvent qu’un, car l’administration qui mettait l’accent sur les soins prophylactiques veillaient à ce qu’il y ait un rudiment de service de santé partout où il y avait une école.
Aujourd’hui, il peut arriver que l’enseignant soit pratique- ment le seul agent du service public dans sa localité. Dans certains coins du pays cependant, son cadre de travail se réduit à l’ombre que lui procure tel ou tel autre arbre du village.
Que dire de son logement ou de son alimentation en eau potable ou en énergie électrique ? “Débrouille-toi !”dit-on à celui à qui nous confions l’éducation de nos enfants. Il arrive même que l’enseignant soit muté dans des régions tellement reculées qu’il se trouve parfois y être le seul représentant de l’État. Loin de la gendarmerie ou de la sous-préfecture, l’instituteur devient alors de facto le gardien attitré des frontières, qu’en importent les périls !
On en est d’ailleurs arrivé à une situation où nombre de nos compatriotes utilisent le statut d’enseignant simple- ment comme tremplin pour s’insérer dans d’autres secteurs de l’administration publique. N’est-il pas courant que des agents de nombreux autres sec- teurs ministériels (Transports, Travaux publics, Agriculture, Fonction publique, etc.) brandissent leur titre de PLEG/PLET (professeurs des lycées d’enseignement général/technique) sans avoir jamais mis les pieds dans une salle de classe ? La condition d’enseignant ne semble rien avoir d’enviable et comme le suggère encore Sony Labou Tansi, l’autonomie de pensée est sa seule consolation.
Mais à quoi bon l’autonomie de pensée quand on a faim ? Quand les moyens de faire face aux obligations familiales, sociales manquent tout simplement ? A l’enseignant, on demande d’éduquer les enfants du pays alors qu’il ne peut pas nourrir les siens ! Il est un peu comme l’animal qui s’est installé dans l’arbre tandis que le gestionnaire de sa carrière a pris position au pied du même arbre, à savoir dans les Ministères, pour se servir des fruits du travail de celui qui éduque notre jeunesse.
L’administration Camerounaise étant gangrenée par une corruption endémique, l’enseignant qui n’a aucun pouvoir se fait dépouiller des miettes qui lui sont pourtant dues. Raison pour laquelle il peut se retrouver avec des arriérés de toutes sortes, quelle que soit sa conscience profes- sionnelle, son assiduité, son ancienneté ́. Ne s’en tire que celui qui a les bras assez longs ou qui accepte de se délester d’une partie de son dû pour satisfaire les exigences des agents et autres cadres corrompus des divers services chargés de traiter son dossier.
Au Cameroun, la corruption est désor- mais une affaire de mœurs et point n’est plus besoin d’en démontrer les mécanismes. En réalité, la dette de l’État envers le personnel enseignant n’est point due à la rareté des ressources. Certes, elle est en partie inhérente à la centralisation bureaucratique mais la corruption systémique de l’appareil en est la cause principale.
C’est vrai qu’en passant, on peut se demander pourquoi les diplômés de l’Emia (École Militaires Inter-Armes) ou de la tristement célèbre et énigmatique Enam (École Nationale d’Administration et De Magistrature) n’ont pas, eux, le type de problème auquel les enseignants font face ? N’est-ce pas parce que les dignitaires ont l’habitude d’y caser leur progéniture pour veiller à la transition dynastique ?
La raison d’être de la présente tribune n’est évidemment pas d’analyser les tenants et les aboutissants de la grève. Il s’agit essentiellement de rappeler aux enseignants qui ont pris conscience de leur condition d’être sereins et de bien tenir leur bout. Puissent-ils éviter de tomber dans le piège des grimaces en élaboration dans diverses officines du pouvoir ! D’avoir mis sur pied un mouvement en marge des organisations syndicales aura été une judicieuse stratégie. Toujours est-il qu’en sortir sans avoir gain de cause fragiliserait encore davantage la profession et tout le secteur éducatif.
Dans un pays où l’on est habitué à des détournements sans limite et souvent impunis, dans un environnement où l’État se permet des dépenses vertigineuses et souvent imprévues, l’enseignement vaut bien toutes les messes qu’on peut dire à son intention. Les multiples techniques de diversion sont sans doute connues. En tout cas, il me semble que les négociations n’ont pas encore commencé. Jusqu’ici, les divers intervenants ne sont que des agents de distraction ou de louvoiement, si l’on préfère, pour fatiguer la mobilisation. A mes collègues d’aujourd’hui, je dis que sans vous, sans votre abnégation, notre jeunesse est condamnée à sombrer dans le néant alors que le monde global qui les attend est extrêmement compétitif et on ne peut plus exigeant.
Dans un pays où nombre de gestionnaires- naires des biens publics affichent une opulence ostentatoire, on ne peut pas réduire l’enseignant à la « grande pauvreté » et transformer la carrière des professionnels de la craie en vie monastique en les contraignant à renoncer à leurs droits. Il convient donc de bien vous préparer pour faire face à la personne qui, responsabilité oblige, tient en main le destin du pays.
Aiguisez votre autonomie de pensée ! Refusez d’être, comme le dirait mon ami Hervé Tchumkam, l’« Homo Expendibilis », c’est-à-dire l’agneau sacrificiel à l’autel des extravagances des palais de marbre. Peut-être sortirons-nous alors de l’absurde et emboîterons-nous la marche avant. Courage donc” !
N.R.M
C’est l’attitude que ceux qui officient au Lycée de Mokolo ont adopté devant l’autorité administrative venue les entretenir sur les mesures prises par le Gouvernement et qui, de son point de vue, auraient dû les inciter à reprendre leur travail dans les salles de classe.
Une attitude qui a heurté le représentant de l’Etat mais dont les appels sont restés lettre morte
“ Je ne suis pas venu pour un monologue” a t - il dit devant une assistance muette. Ce n’est pas la meilleure attitude à adopter parce que lorsque quelqu’un vient chez vous, même si vous êtes fâché, prenez quand même la peine de lui adresser la parole;
Que ce soit bon ou que ce soit mauvais, il est important de parler. Il faut dialoguer car c’est pendant ces échanges que l’on peut trouver des solutions, même si ces dernières n’ont pas d’effet immédiat, on pourrait néanmoins envisager quelques pistes…”.
Pour le Sous - Préfet, “ les responsables syndicaux, de commun accord avec les membres du Gouvernement sont entrain de chercher des solutions afin de satisfaire tout le monde”.
Une promesse qui n’a pas amené les enseignants à changer d’attitude. Ils ont continué dans un silence assourdissant qui a amené l’autorité administrative; Ce dernier, dépassé n’a pas eu d’autre choix que de s’en aller mais avant, il a invité les uns et les autres à venir auprès de lui:
“ Puisque vous avez décidé de garder le silence, je vous attends dans mon bureau; Ma porte reste grandement ouverte et je vous promets que je vous prêterai une oreille attentive parce que, le plus important ce sont nos enfants et nous devons tout mettre en œuvre pour sauver leur année scolaire”.
Nicole Ricci Minyem