21 Octobre 2016 – 21 Octobre 2019, trois ans de grincements de dents pour les victimes alors que le rapport d’enquête prescrit par le Chef de l’Etat n’a pas le moins du monde avancé, quid des autres engagements
Alors que le bilan officiel de ce grave accident faisait état de 79 morts et 600 blessés, l’on attend toujours que les grandes annonces, faites par les membres du gouvernement au lendemain du sinistre soient concrétisées et pourtant, rien ne laisse présager que ce sera le cas, du moins, pas dans les tous prochains jours.
La stèle est abandonnée dans la broussaille, après la pompeuse cérémonie de la pose de la première pierre présidée par Narcisse Mouelle Ekombi en 2017. L’hôpital d’Eseka n’a toujours pas été doté de la moindre ambulance et, le plateau technique est toujours aussi antédiluvien. Les victimes sont obligées de se prendre en charge elles même ou avec le concours de leurs proches, alors qu’en Août dernier, le Chef de l’Etat avait débloqué la somme de un milliard de FCFA et une commission présidée par le secrétaire général des services du premier ministre avait été mise sur pied en vue de distribuer cet argent.
Un gros marché de dupes, selon les témoins interrogés par nos confrères de La voix du Centre qui n’ont pas été mis au courant des critères de sélection : « C’est une honte pour notre pays. Handicape de mon état, j’ai seulement reçu la somme de 385 000 Fcfa. Ma colonne vertébrale est touchée, je marche avec des béquilles. Je ne peux pas marcher longtemps, car mes cartilages en prennent un sérieux coup. J'ai du subir une évacuation sanitaire. Dites-moi comment cette maudite somme pourrait me permettre de subvenir à ces urgences », affirme Thomas Eloundou.
« J’avais reçu la maudite somme de 80 000 Fcfa tandis que d’autres dans une situation similaire que les mienne avaient perçu 25 000 et 30 000 Fcfa. Je trouve que c’est du vol pur et simple, car le chef de l’état ne peut donner une somme pareille à un compatriote qui a la fin, se comporte de la sorte».
Ce lundi, un cabinet d’experts Cerutti a fait de nouvelles confidences. Dans une lettre ouverte écrite au Président de la République. Les conclusions du rapport d'enquête prescrit par Paul Biya auraient disparu, d’après Pierre Cerutti : Dès le 21 novembre 2016, nous avons rendu compte oralement au Conseil des ministres présidé par monsieur Philemon Yang, Premier ministre, chef du gouvernement de l’époque, et déposé le jour même un rapport d’étape de 19 pages. De retour en France, nous avons poursuivi l’instruction de cette affaire d’une exceptionnelle gravité, étant donné les très lourdes conséquences humaines de la catastrophe. Le 4 février 2017, après avoir recueilli les compléments d’informations nécessaires, nous avons déposé un rapport d’expertise définitif de 70 pages… ».
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Sans aucune suite à cette époque, ce n’est que dernièrement qu’ils ont été informés de certaines irrégularités qui auraient entachées ledit rapport, alors que les coupables seraient ailleurs : « La note d’observation de Camrail me soupçonnait d’avoir manqué d’impartialité, d’honnêteté et d’avoir trahi mon serment d’expert judiciaire. Plus grave encore, j’ai découvert que dans ses conclusions du 12 septembre 2018, la société Camrail m’a accusé devant le tribunal d’instance d’Eséka d’avoir déposé un rapport corrompu. C’est plutôt le concurrent camerounais Benoît Essiga qui s’est rendu coupable de plagiat et non l’inverse… ».
Par ailleurs, conclut Pierre Cerutti dans sa missive, « Il apparaît donc que le rapport définitif du cabinet Cerutti du 14 février 2017 n’a jamais été communiqué ni aux magistrats ni aux conseils des victimes. Seul le rapport d’étape du cabinet Cerutti du 21 novembre 2016 a été produit en justice alors que le rapport d’expertise de 70 pages, qui avait été adressé par DHL à la présidence de la République du Cameroun en 46 exemplaires (23 en langue française et 23 en langue anglaise) à l’attention d’un haut commis de l’Etat encore en fonction (et réceptionné par ses soins) dont 2 exemplaires de grand luxe à votre attention, a totalement disparu… De telles irrégularités étant de nature à avoir faussé la bonne administration de la justice dans cette affaire d’une particulière gravité, il est de mon devoir d’attirer respectueusement votre attention à ce sujet. Je me tiens à votre disposition pour vous soumettre toutes les pièces qui justifient mes déclarations… ».
Nicole Ricci Minyem
L’époux de la notaire continue d’espérer qu’il finira par savoir ce que sa femme est devenue.
La dernière information que la famille de Me Dorette Dissake a d’elle, est qu’elle était à bord du train N°152 de Camrail qui a déraillé le 21 octobre 2016. Aujourd’hui, son époux affirme ne pas pouvoir dire ce que son épouse est devenue. A-t-elle perdu la vie lors de cet accident ? A-t-elle perdu la mémoire ? L’époux tout comme le reste de la famille a besoin d’être situé pour tourner la page. Les proches de Me Dorette Dissake ont toujours refusé d’organiser ses obsèques. La raison étant qu’ils ne sont pas certains qu’elle a perdu la vie. Elle pourrait bien avoir survécu, pensent-ils.
L’époux de Me Dissake a entrepris de nombreuses actions qui jusqu’ici ont toutes accouché d’une souris. Il a saisi par voie de correspondance Paul Biya le Président de la République, Issa Tchiroma à l’époque du drame ministre de la Communication, d’autres autorités camerounaises, les responsables de l’entreprise Camrail et même le Ministre des Affaires étrangères de la France.
Le quotidien Le Jour qui s’intéresse aussi à cette affaire, rapporte un certain nombre de témoignages faits au tour de cette affaire. Il y a eu un douanier qui auditionné par la police a affirmé avoir aperçu Me Dorette Dissake qui descendait d’un wagon en bon état après le déraillement. Il y a également un autre homme qui déclare avoir enterré un corps dans la Lékié. « Ce monsieur affirme que le corps enterré ne serait pas celui de son épouse. Il dit que pendant les obsèques, les membres de sa famille n’ont pas reconnu ce corps. J’ai saisi le préfet de la Lekié, qui avait signé depuis quelques mois un arrêté pour l’exhumation du corps en question. Mais l’autorité administrative a précisé que je devais supporter les frais d’exhumation.
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Je suis allé le voir pour lui dire que je n’avais pas d’argent et qu’il était nécessaire d’imputer ces frais à la responsabilité de Camrail. Le préfet a modifié son arrêté, tout en précisant qu’il revenait à la police de supporter les frais de cette procédure. J’attends maintenant que la police réagisse pour que ce corps soit exhumé pour voir si c’est effectivement celui de mon épouse », déclare l’époux de celle qui est portée disparue depuis le 21 octobre 2016.
C’est sur ce dernier témoignage que les autorités administratives et la police, depuis septembre 2018 construisent leur piste.
Liliane N.
Survenu le 21 octobre 2016, près de la gare d'Eséka sur la ligne de Douala à Yaoundé au Cameroun, l’accident de train d’Eséka a officiellement fait 79 morts et des centaines de blessés. Il s’agit de l’accident ferroviaire le plus meurtrier qu’ait connu le Cameroun. Face à cette catastrophe sans précédent, le président Paul Biya avait offert une enveloppe supplémentaire d’un montant d’un milliard aux victimes. Et la semaine dernière, certains récipiendaires sont entrés en possession de leur dû. Ayant reçu 79.300F, l’artiste Koppo a écrit une lettre à Paul Biya pour lui faire un compte rendu tour en déplorant le système.
Vendredi 09 août 2019, les 800 victimes blessées de l’accident ferroviaire d’Eséka ont reçu leurs chèques d’indemnisation à Yaoundé, la capitale. Après ce passage certains n’ont pas voulu garder pour eux ce qu’ils ont reçu. C’est le cas de l’artiste Koppo qui, dans un ton ironique mais indiscret a tenu à informer Paul Biya de la situation à travers une missive sur son mur Facebook.
« Popol, moi aussi je ne savais pas que c'est comme ça que tu allais faire. »
« Lopère ça dose ? Nous on est là. C'est Vendredi soif avant les fériés de la semaine prochaine. Tu seras où ? S'il y a Présidentielle position du mouton nessa je te représente ? Comment vont Ma'a CHAN ? Junior, Brenda et Frank mon bon gars que je ne makam même plus beaucoup depuis un moment ? »
Par la suite, Koppo a dit vouloir informer le président de la situation et le remercier. « Je t'écris une énième fois pour te tenir au courant d'un way. Car la version officielle dit qu’on ne te dit pas tout et que c'est pour ça qu'on risque encore loss l'organisation de la CAN. Bref.... On nous a enfin distribué ton milliard là. Celui qu'on waitait depuis près de 3 ans là. Comme je tenais à ne pas être seulement le genre de neveu qui se plaint ; je te tiens donc au jus Tonton ; oups à la bière. J'ai reçu 79.300f CFA comme tu vois là. Merci beaucoup. Ça va me helep pour les Rentrées Colères Papa.»
Mais, l’artiste dans sa lettre, décrit les « manigances » de l’entourage du président. « Sauf que vraiment hein, dis à tes combis là de ne pas souvent gnang ton nom au prix de l'eau du haricot comme ça. 80 kolos ? Tout Un Président de la République. Non Lopère ; c'est VALSERO qui a raison : Ils disent défendre le Lion mais ils n'ont qu'un rêve c'est tuer le Lion. J'estime que tu n'es pas n’importe qui. Que tu es la courroie directe de Dieu lui-même. Que tu es la force de son Secrétariat dans nos 475.000 kilomètres carrés périmétriques. Alors, on ne peut pas déifier ta fonction quand tu dois nous barrer les routes en komotant. Te diviniser plus que Jésus et la Sainte Vierge Marie dans les bureaux et maisons, et te faire poser des actes attribuables au commun des concitoyens. Non Lopère.
Tes amis te ndem. Parce que ce que j'ai reçu comme manifestation de compassion de certains de tes administrés et sujets vaut 10 fois, 100 fois ton geste. Et eux ils n'ont pas de caisse de souveraineté. Ils dépendent même de l'humeur ou de la notation de beaucoup de gens entre eux et toi. Mieux tu restais avec. J'ai tcha parce que ça ne me laisse pas mais vraiment. Yeussh (…) »
« Et je suis fatigué de te speak sur Facebook. Sans oublier que je n'ai pas confiance en tes faux combis là dion. Ils ont vendu la honte aux chiots : aux enchères. Trois ans pour repartir 1 milliard et gâter ton nom. TSUIPS. »
Danielle Ngono Efondo
Un nouveau-né âgé d’à peine 2 semaines a été retrouvé mercredi 03 juillet dernier dans la matinée, dans une fosse septique à Eseka dans le département du Nyong et Kelle, région du Centre. Selon les témoins, c’est un cadre de Socapalm qui a entendu les cris strident du nourrisson dans le camp où habitent les employés de cette entreprise agricole. Il a aussitôt alerté les riverains qui ont réussi à secourir le bébé en détresse. L’enfant secouru, a été conduit sur le champ chez un médecin pour des soins.
Les enquêtes menées par la Brigade de gendarmerie d'Eseka ont conduit à l’arrestation de la génitrice de ce nouveau-né. Selon une source, l’auteure de cet acte est une jeune fille d'une vingtaine d'années, déplacée interne de la crise socio-politique dite « anglophone » qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest Cameroun. Elle a été présentée au procureur de la République jeudi dernier. Elle était serveuse dans un débit de boisson dans ladite ville.
Cette jeune mère avait réussi à tromper la vigilance de son entourage, en simulant un gros ventre, afin donner l'impression d'être toujours enceinte. Son bébé repêché de la fosse, est pris en charge au service social à Eséka après des examens d'usage.
Marie MGUE
Hier 22 mai, l’hôtel Hilton a abrité la cérémonie de remise du tout premier prix Orange du livre en Afrique. L’initiative était de la fondation Orange, en partenariat avec le ministère des Arts et de la Culture. Le prix lancé en octobre 2018, vise à valoriser les talents littéraires africains et l’édition locale. Le lauréat du « Prix Orange digital du livre » 2019 a été de ce fait Franck Foute, jeune écrivain et par ailleurs journaliste, correspondant au Cameroun du site Internet « Jeune Afrique ».
« Ce jour que je n’oublierai jamais », est un roman dans lequel Franck Foute, raconte l’accident de train au lourd bilan survenu à Eséka le 21 octobre 2016. Notons ici qu’il fait partie des rescapés du terrible accident ferroviaire sur le tronçon Yaoundé-Douala. Très ému de recevoir ce prix, le jeune journaliste n’a pas caché son émotion. « Je suis extrêmement content d’avoir reçu ce prix. C’est une preuve que les victimes de la catastrophe d’Eseka n’ont pas été oubliées, et c’est à elles que je dédie ce prix », a-t-il déclaré à la presse.
Notons qu’en plus d’une dotation de six millions cinq-cents milles FCFA (6 500 000) soit 10 000 euros, Franck Foute bénéficiera d’une campagne de promotion de son ouvrage.
Organisée avec l’appui du ministère des Arts et de la Culture, cette cérémonie d’envergure intervient au moment où la Fondation Orange fête ses dix ans d’existence au Cameroun. Décennie au cours de laquelle elle s’est engagée dans trois domaines de mécénat à savoir : l’éducation, la santé et la culture. En lien avec le cœur de métier d’Orange, La Fondation Orange souhaite, dans ces trois domaines, mettre le numérique au service des populations telles que les jeunes en difficulté scolaire ou sans qualification, les femmes en situation précaire et les personnes avec autisme afin de leur permettre de mieux s’intégrer dans la société. Elle contribue à la démocratisation de la culture à travers son engagement en faveur de la musique vocale, de l’écriture et de la lecture.
Félicitations Franck Foute !
Danielle Ngono Efondo