Mercredi 23 octobre 2019, CAMRAIL, a procédé à une remise de dons constitués de chèques et de cadeaux à chaque orphelin de la catastrophe ferroviaire, survenue en octobre 2016 à Eséka dans le département du Nyong et Kellé.
C’est dans le cadre du 3ème anniversaire de la commémoration de la catastrophe ferroviaire d’Eséka que, la société Camrail a organisé le 23 octobre 2019, dans les locaux de la gare ferroviaire de Yaoundé, une cérémonie de remise de dons aux orphelins des victimes.
Cette commémoration a débuté le 20 octobre 2019 par des moments de recueillement et de prières, auxquels ont pris part les personnels de la filiale de Bolloré Railways, dans diverses paroisses et mosquées du pays. Apprend-on. Par ailleurs, CAMRAIL a remis des bons d’achat aux orphelins afin de leur permettre de préparer sereinement leur rentrée.
Les associations de victimes quant à elles ont reçu des appuis matériels et financiers dans le cadre des activités qu’elles ont initiées. CAMRAIL a également fait des dons qui ont permis à l’hôpital de district d’Eséka « de relever son plateau technique et d’améliorer l’environnement de travail », a-t-on également appris.
Selon l’entreprise ferroviaire, la commémoration du 3ème anniversaire de l’accident d’Eséka survient alors que le processus d’indemnisation des ayants droit des victimes tire à sa fin. En effet, « à fin du mois de septembre 2019, 98% des blessés ont déjà été indemnisés alors qu’en ce qui concerne les personnes décédées, 91% des demandes ont soit abouti à des accords, soit sont en cours de finalisation ou de règlement définitif », souligne le transporteur ferroviaire camerounais. « En ce qui concerne les disparus, 80% des dossiers éligibles font l’objet d’un accord avec pour effet l’enclenchement du processus d’indemnisation », a ajouté Camrail.
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Pour rappel, l’accident ferroviaire survenu le 21 octobre 2016 dans la localité d’Eséka, avait officiellement fait 79 morts et 600 blessés. Le procès ouvert dans le cadre de ce triste évènement a conduit à la condamnation de Camrail, pour « homicide, blessures involontaires et activité dangereuses ».
Mais Camrail accuse en retour la justice d’avoir rendu une décision en « l’absence de toute expertise qualifiée et compétente, qui devait permettre d’établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident ». Pour l’opérateur ferroviaire, « cette décision est d’autant plus contestable qu’elle est manifestement fondée sur la seule appréciation de quelques anciens salariés non spécialistes, non assermentés, déclarés experts, et par ailleurs en procédure judiciaire pour motifs personnels contre Camrail depuis 10 ans ».
Danielle Ngono Efondo
21 Octobre 2016 – 21 Octobre 2019, trois ans de grincements de dents pour les victimes alors que le rapport d’enquête prescrit par le Chef de l’Etat n’a pas le moins du monde avancé, quid des autres engagements
Alors que le bilan officiel de ce grave accident faisait état de 79 morts et 600 blessés, l’on attend toujours que les grandes annonces, faites par les membres du gouvernement au lendemain du sinistre soient concrétisées et pourtant, rien ne laisse présager que ce sera le cas, du moins, pas dans les tous prochains jours.
La stèle est abandonnée dans la broussaille, après la pompeuse cérémonie de la pose de la première pierre présidée par Narcisse Mouelle Ekombi en 2017. L’hôpital d’Eseka n’a toujours pas été doté de la moindre ambulance et, le plateau technique est toujours aussi antédiluvien. Les victimes sont obligées de se prendre en charge elles même ou avec le concours de leurs proches, alors qu’en Août dernier, le Chef de l’Etat avait débloqué la somme de un milliard de FCFA et une commission présidée par le secrétaire général des services du premier ministre avait été mise sur pied en vue de distribuer cet argent.
Un gros marché de dupes, selon les témoins interrogés par nos confrères de La voix du Centre qui n’ont pas été mis au courant des critères de sélection : « C’est une honte pour notre pays. Handicape de mon état, j’ai seulement reçu la somme de 385 000 Fcfa. Ma colonne vertébrale est touchée, je marche avec des béquilles. Je ne peux pas marcher longtemps, car mes cartilages en prennent un sérieux coup. J'ai du subir une évacuation sanitaire. Dites-moi comment cette maudite somme pourrait me permettre de subvenir à ces urgences », affirme Thomas Eloundou.
« J’avais reçu la maudite somme de 80 000 Fcfa tandis que d’autres dans une situation similaire que les mienne avaient perçu 25 000 et 30 000 Fcfa. Je trouve que c’est du vol pur et simple, car le chef de l’état ne peut donner une somme pareille à un compatriote qui a la fin, se comporte de la sorte».
Ce lundi, un cabinet d’experts Cerutti a fait de nouvelles confidences. Dans une lettre ouverte écrite au Président de la République. Les conclusions du rapport d'enquête prescrit par Paul Biya auraient disparu, d’après Pierre Cerutti : Dès le 21 novembre 2016, nous avons rendu compte oralement au Conseil des ministres présidé par monsieur Philemon Yang, Premier ministre, chef du gouvernement de l’époque, et déposé le jour même un rapport d’étape de 19 pages. De retour en France, nous avons poursuivi l’instruction de cette affaire d’une exceptionnelle gravité, étant donné les très lourdes conséquences humaines de la catastrophe. Le 4 février 2017, après avoir recueilli les compléments d’informations nécessaires, nous avons déposé un rapport d’expertise définitif de 70 pages… ».
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Sans aucune suite à cette époque, ce n’est que dernièrement qu’ils ont été informés de certaines irrégularités qui auraient entachées ledit rapport, alors que les coupables seraient ailleurs : « La note d’observation de Camrail me soupçonnait d’avoir manqué d’impartialité, d’honnêteté et d’avoir trahi mon serment d’expert judiciaire. Plus grave encore, j’ai découvert que dans ses conclusions du 12 septembre 2018, la société Camrail m’a accusé devant le tribunal d’instance d’Eséka d’avoir déposé un rapport corrompu. C’est plutôt le concurrent camerounais Benoît Essiga qui s’est rendu coupable de plagiat et non l’inverse… ».
Par ailleurs, conclut Pierre Cerutti dans sa missive, « Il apparaît donc que le rapport définitif du cabinet Cerutti du 14 février 2017 n’a jamais été communiqué ni aux magistrats ni aux conseils des victimes. Seul le rapport d’étape du cabinet Cerutti du 21 novembre 2016 a été produit en justice alors que le rapport d’expertise de 70 pages, qui avait été adressé par DHL à la présidence de la République du Cameroun en 46 exemplaires (23 en langue française et 23 en langue anglaise) à l’attention d’un haut commis de l’Etat encore en fonction (et réceptionné par ses soins) dont 2 exemplaires de grand luxe à votre attention, a totalement disparu… De telles irrégularités étant de nature à avoir faussé la bonne administration de la justice dans cette affaire d’une particulière gravité, il est de mon devoir d’attirer respectueusement votre attention à ce sujet. Je me tiens à votre disposition pour vous soumettre toutes les pièces qui justifient mes déclarations… ».
Nicole Ricci Minyem