L’ancien journaliste de la CRTV est catégorique. Le programme politique proposé par Maurice Kamto à la veille de la présidentielle est un bon projet. Il est susceptible d’apporter une meilleure vie aux citoyens camerounais.
Eric Chindje a bravé des interdictions à lui adressées par des hauts commis de l’Etat pour prendre part au meeting de Kamto à Washington. « Je suis venu parce que des gens ont osé m’appeler pour me dire, j’espère que tu n’iras pas au meeting de Kamto. Et des Hauts responsables » dixit Eric Chindje. Une situation qui l’a même davantage encouragé à y prendre part parce que selon lui « nous sommes tous des camerounais. C’est aussi une occasion de dire à ceux-là pour quel Cameroun on se bat ». Vraiment rocambolesque, ces attitudes rétrogrades et anti démocratiques qui consistent encore aujourd’hui à intimider des camerounais au sujet des opinions politiques des uns et des autres.
« Je ne suis pas un homme politique, je suis un camerounais de cœur. » Rappelle Eric Chindje. Comme pour dire que c’est sans langue de bois qu’il tient ses positions. C’est dans l’intérêt du Cameroun qu’il fait ses propositions. Et l’une de ses décisions fortes est celle qui a consisté à proposer au Chef de l’Etat actuel de laisser Maurice Kamto mettre en œuvre son projet pour le Cameroun.
« J’ai vu ce programme. C’est un bon programme pour le Cameroun. Si ce programme était mis en œuvre, il y a beaucoup de camerounais qui ne souffriraient plus. » Le journaliste va plus loin dans ses propositions. Il va jusqu’à laisser croire qu’il est possible que les deux adversaires politiques que sont Paul BIYA et Maurice Kamto se mettent ensemble pour la croissance du Cameroun. « J’ai même suggéré qu’après son mandat que Paul BIYA et Maurice Kamto, les deux, se mettent ensemble et essayent de travailler ensemble pour le Cameroun ». Est-ce vraiment possible ?
Toutefois, il faut saluer la logique que prône Eric Chindje. Sa vision du Cameroun est celle d’un pays où tous ses fils et filles conjuguent leurs efforts pour élever la Nation parmi les meilleures nations du monde. Dans sa pensée, « Paul Biya gagnerait à laisser Maurice Kamto appliquer son programme pour le bien des camerounais ». en attendant que cela soit possible, il en appelle au retour de la paix dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest.
Stéphane NZESSEU
Dans une interview accordée au correspondant de la télévision Equinoxe à Washington, l’ancien journaliste de la Crtv fait des révélations sur la crise anglophone et les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat.
C’est avec un ton grave dans une éloquence dont lui seul a le secret que le journaliste et communicant Eric Chinje a dit sa désolation quant à la situation de crise qui perdure dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’une de ces révélations chocs, c’est la position réelle du Chef de l’Etat sur la présence de l’armée en région anglophone. Il dit tenir ses informations de hauts commis de l’Etat très proche du Président de la République. Informations selon quoi « Paul BIYA lui-même ne veut pas que l’armée soit en train de tuer d’autres camerounais dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. »
Comment comprendre donc que l’armée y soit toujours ? Pour l’éminent journaliste, le Chef de l’Etat serait tenu par un système dont même lui n’a plus la maîtrise. « Ce système a dépassé tout le monde » affirme Eric Chinje. Paul BIYA serait devenu prisonnier du monstre qu’il a créé.
Dans la foulée, le spécialiste en communication rappelle combien il est difficile aujourd’hui de vivre dans les régions en crise. Il s’offusque de ce qu’on ait pu décider de tenir des élections dans ces contrées malgré le niveau d’insécurité lié au conflit qui y prévaut. Il fait savoir dans l’entretien qu’il est lui-même originaire de Santa et qu’il est devenu impossible de s’y rendre. Mais au même moment il a pu faire d’autres villes du Cameroun. C’est dire le niveau d’insécurité qu’il y a.
De plus, il met au défi quelque ministre qui soit de lui prouver qu’il est possible de voter sereinement dans ces régions. Citant, ses amis et camarades de classes (Grégoire Owona, Joshua Osih et autres) exerçant au sein du pouvoir, il les interpelle à penser au Cameroun et aux camerounais en faisant ce qui est de leur pouvoir pour ramener la paix dans ces parties de notre pays. Il faut sortir de la guerre civile dans le NOSO. « Ce qui se passe là-bas ne nous arrange pas. Ça n’arrange personne ». « il faut mettre fin à cette guerre et retirer l’armée. S’ils ne le font pas, c’est la communauté internationale qui le fera ».
Malgré les tensions les élections se sont tenues tant bien que mal. L’heure est à l’attente des résultats. Ces résultats qui seront à l’avantage de Paul BIYA.
Stéphane NZESSEU
"Il s’agit d’un thriller historique"
Les Camerounais et plein d’autres personnes à travers le monde ont longtemps réfléchi à ce que d’aucuns ont qualifié d’énigme : le Cameroun. Pourquoi la position de ce leader naturel en Afrique centrale reste si vacante? Pourquoi tant de ses citoyens occupent des postes de responsabilité à travers le monde et pourtant le pays ne brille pas sur l’indice de développement humain en Afrique ? Pourquoi le Cameroun ne figure-t-il pas parmi les premières économies du continent, les fameux « lions rugissants » d’Afrique ? Qu’est-ce qui est arrivé au football dans ce « Brésil » d’Afrique ? Qu’est-ce qui est arrivé au Makossa et à la pléthore de genres musicaux et d’artistes qui définissaient autrefois les tendances de la musique africaine ? Qu’est-ce qui est arrivé aux sociétés Cameroon Airlines et Cameroon Shipping Lines qui portèrent jadis haut le flambeau du pays dans les airs et sur les océans ? Un questionnement sans fin au bout duquel trône l’une des questions qui aujourd'hui intrigue indifféremment les citoyens et les observateurs internationaux au plus haut point: « l’Opération Épervier » !
J’ai interagi avec certains des acteurs majeurs de ce drame politico-judiciaire depuis plusieurs décennies ; j’ai lu plusieurs rapports et articles de presse sur la question ; j’ai parlé avec certains anciens collègues et amis très informés à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, et j’ai écouté les points de vue de plus d’une personne dans les rues de Yaoundé, Douala et d’autres parties du pays. En presque une décennie d’Opération Épervier, rien ne tenait véritablement debout ; rien ne me semblait vraiment faire sens. Il m’était toujours apparu que je finissais par revenir au point de départ : je restais confus ! Jusqu'au jour où j’ai reçu un appel d’un jeune collègue, Boris Bertolt, et que j’ai finalement lu la version encore non publiée de son livre sur le scandale de l’avion présidentiel. A ce moment j’ai commencé à voir un peu plus clair sur ce à quoi peut correspondre « l’Opération Epervier ».
J’ai lu ce livre sous plusieurs angles : d’abord à partir d’une posture journalistique, c’est-à-dire en recherchant la rigueur dans l’investigation et le professionnalisme ; ensuite du point de vue d’un commentateur social dans l’espoir d’un document qui apporterait un éclairage crédible sur un sujet qui a détruit les vies de tant de personnes – qu’il s’agisse du personnel d’appui qui ne se doute de rien ou des sommités et des puissants incrédules; et enfin du point de vue d’un expert en gouvernance, armé d’instruments que les institutions de gouvernance mondiale pourraient appliquer à une telle opération. Je me suis demandé si l’auteur serait capable d’identifier les discussions juridico-politiques et socio-économiques très éparpillées qui ont tissé cette fresque complexe faite de drame et d’intrigue. Il s’agit d’un thriller historique qui marquerait certainement une nouvelle ère au Cameroun.
Boris Bertolt a établi une base irréprochable pour une discussion éclairée au Cameroun sur un sujet qui est à la fois troublant, frustrant, et fascinant. Il a marqué des bons points pour ce qui concerne l’intégrité professionnelle et pour la qualité de sa recherche. Il offre des conseils à travers le labyrinthe d’accusations et de contre-accusations, ouvrant ainsi des pistes pour des investigations approfondies. A aucun moment, il ne passe des jugements.
Propos transcrits par Félix Swaboka