"Il s’agit d’un thriller historique"
Les Camerounais et plein d’autres personnes à travers le monde ont longtemps réfléchi à ce que d’aucuns ont qualifié d’énigme : le Cameroun. Pourquoi la position de ce leader naturel en Afrique centrale reste si vacante? Pourquoi tant de ses citoyens occupent des postes de responsabilité à travers le monde et pourtant le pays ne brille pas sur l’indice de développement humain en Afrique ? Pourquoi le Cameroun ne figure-t-il pas parmi les premières économies du continent, les fameux « lions rugissants » d’Afrique ? Qu’est-ce qui est arrivé au football dans ce « Brésil » d’Afrique ? Qu’est-ce qui est arrivé au Makossa et à la pléthore de genres musicaux et d’artistes qui définissaient autrefois les tendances de la musique africaine ? Qu’est-ce qui est arrivé aux sociétés Cameroon Airlines et Cameroon Shipping Lines qui portèrent jadis haut le flambeau du pays dans les airs et sur les océans ? Un questionnement sans fin au bout duquel trône l’une des questions qui aujourd'hui intrigue indifféremment les citoyens et les observateurs internationaux au plus haut point: « l’Opération Épervier » !
J’ai interagi avec certains des acteurs majeurs de ce drame politico-judiciaire depuis plusieurs décennies ; j’ai lu plusieurs rapports et articles de presse sur la question ; j’ai parlé avec certains anciens collègues et amis très informés à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, et j’ai écouté les points de vue de plus d’une personne dans les rues de Yaoundé, Douala et d’autres parties du pays. En presque une décennie d’Opération Épervier, rien ne tenait véritablement debout ; rien ne me semblait vraiment faire sens. Il m’était toujours apparu que je finissais par revenir au point de départ : je restais confus ! Jusqu'au jour où j’ai reçu un appel d’un jeune collègue, Boris Bertolt, et que j’ai finalement lu la version encore non publiée de son livre sur le scandale de l’avion présidentiel. A ce moment j’ai commencé à voir un peu plus clair sur ce à quoi peut correspondre « l’Opération Epervier ».
J’ai lu ce livre sous plusieurs angles : d’abord à partir d’une posture journalistique, c’est-à-dire en recherchant la rigueur dans l’investigation et le professionnalisme ; ensuite du point de vue d’un commentateur social dans l’espoir d’un document qui apporterait un éclairage crédible sur un sujet qui a détruit les vies de tant de personnes – qu’il s’agisse du personnel d’appui qui ne se doute de rien ou des sommités et des puissants incrédules; et enfin du point de vue d’un expert en gouvernance, armé d’instruments que les institutions de gouvernance mondiale pourraient appliquer à une telle opération. Je me suis demandé si l’auteur serait capable d’identifier les discussions juridico-politiques et socio-économiques très éparpillées qui ont tissé cette fresque complexe faite de drame et d’intrigue. Il s’agit d’un thriller historique qui marquerait certainement une nouvelle ère au Cameroun.
Boris Bertolt a établi une base irréprochable pour une discussion éclairée au Cameroun sur un sujet qui est à la fois troublant, frustrant, et fascinant. Il a marqué des bons points pour ce qui concerne l’intégrité professionnelle et pour la qualité de sa recherche. Il offre des conseils à travers le labyrinthe d’accusations et de contre-accusations, ouvrant ainsi des pistes pour des investigations approfondies. A aucun moment, il ne passe des jugements.
Propos transcrits par Félix Swaboka