En effet, le 19 mars 2020, le Président camerounais Paul Biya, a autorisé par décret le ministre en charge de l’Economie à signer cet accord de prêt avec la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC). De l’argent qui devra servir à l’acquisition d’intrants, l’achat de coton-graine, de graine de soja et leur vente dans le pays.
A travers cette demande d’aide au développement, le Cameroun vient une fois de plus comme en 2018 de se tourner vers la ITFC, organe spécialisé du groupe de la Banque islamique de développement pour un financement de type Mourabaha (Contrat d’une marge bénéficiaire connue et convenue entre les partis).
Pour des observateurs avertis, le Cameroun sollicite ainsi pour la deuxième fois l’aide de la BID en l’espace de deux ans pour la relance des filières coton et soja. Les ressources de cette institution financière, pourraient ainsi contribuer à la relance d’un géant industriel camerounais comme la Société de développement du Coton (Sodecoton) qui a essuyé en 2017 un échec dans la production du soja. L’on a pu constater que son huile n’a pas réussi à se positionner sur le marché camerounais. Dans la foulé, la commercialisation des tourteaux de soja a été mis à mal par la grippe aviaire.
Il faut relever qu’au Cameroun selon des données officielles, les exportations du soja sont évaluées à environ 14 milliards de FCFA. Et en ce moment, 4 milliards correspondent aux ressources dont disposent les paysans engagés dans ce secteur.
Innocent D H
Dans la région du Nord, il n'est pas rare de rencontrer des personnes qui sont engagées dans la transformation artisanale du soja. C'est le cas des beignets de soja communément appelés "Awara" fabriqués à base de la farine de soja. Son processus de fabrication commence par un lavage minutieux. "Il faut d'abord prendre les grains de soja les faire vanner, les laver et laisser mouiller pendant un bon bout de temps, ensuite les faire écraser au moulin. La farine obtenue sous forme de patte est ensuite contenue dans un sac pour laisser descendre l'eau contenue dans le soja dans une cuvette posée en dessous du sac. Retirer après la pâte de soja et la faire frire pour alors obtenir les beignets de soja", explique Elizabeth Kobe, fabricant.
Outre les beignets, il y a la bouillie, les galettes, qui sont faites à base du soja. Certaines entreprises basées dans la région du Nord, s'investissent également dans la transformation des grains de soja en huile, yaourt, entre autres. Et pour Dominique Medewa, Chef section du développement de l'agriculture de la Bénoué, " l'huile de table faite à base du soja par les entreprises installées à Garoua, il en existe. Il y a aussi le yaourt, le lait qui sont fabriqués. Des structures confessionnelles font aussi dans la transformation du soja pour les malnutris ".
Les consommateurs pour leur part, en accordant une place de choix dans leur alimentation. "J'utilise beaucoup la farine du soja surtout pour l'alimentation de mes enfants âgés d'un à quatre ans. Je leur fais la bouillie du soja chaque matin. Il s'agit pour moi de mélanger la farine du soja avec du poisson", raconte Madame Kosma, ménagère.
Les consommateurs qui apprécient le soja, s'appuient sur les multiples vertus dont-il regorge.
Innocent D.H
"Si vous avez des parcelles de terre et que vous vous investissez, vous pouvez dans un carré de soja, avoir douze à treize sacs. Et si vous vendez, vous sentirez du bien". Ces propos sont ceux d'un jeune producteur du soja appelé Abdoul-Razac habitant de Garoua. Il s'est engagé dans cette culture, il y a de cela quatre ans. Après avoir travaillé avec entrain dans son champ et ayant obtenu les fruits de son dur labeur enfin d'année,il passe à la conservation, l'objectif étant de procéder plus tard à la conservation. Abdoul-Razac conserve ses grains de soja dans des sacs appropriés, les stocke dans un magasin apprêté pour les besoins de la cause. Pour lui, la potion magique pour éviter que les soja se gâtent, ce sont des produits phytosanitaires en poudre qu'il introduit dans ces sacs. Il vendra ces sacs de soja qu'au moment où le prix aura augmenté sur le marché.
Bien d'autres personnes n'étant pas producteurs, se sont lancés dans la vente en gros ou en détails du soja. "J'attends la période des récoltées vers le mois de novembre. Pendant cette période le sac de soja coûte moins cher. Je saute sur l'aubaine et fais stocker le maximum possible de sacs. J'observe alors de manière rationnelle, la situation des prix sur le marché. Si vendre un sac entier ne me donne pas assez de bénéfices, je procède à la vente en détails. Ici, même si la tasse du soja coûte 500 voire même 700 francs comme actuellement, le bénéfice est plus assuré", nous a confié Abdoul-Aziz, vendeur.
Le commerce du soja génère ainsi des bénéfices dans le Nord, à en croire les vendeurs qui font bon usage des revenus.
Les clients qui sont constitués en grande partie des consommateurs, raffolent les grains de soja malgré les prix jugés parfois exorbitants sur les marchés de la région du Nord. Un sac pouvant à un moment de l'année coûter plus de trente mille selon des sources crédibles.
Innocent D.H