« Jeune sapeur-pompier Abema Princesse Nkongsamba 0037. A vos ordres, Excellence ! ». A dix ans, cette petite fille, dont le portrait est dressé dans les colonnes de Cameroon Tribune, a déjà une idée claire du matériel des premiers secours. « Voici un extincteur que nous pouvons utiliser en cas d’incendie. Nous distinguons quatre types d’extincteurs. Nous avons l’extincteur à eau pulvérisée, l’extincteur à eau plus additif, l’extincteur à dioxyde de carbone et l’extincteur à poudre ABC ». Elle s’exprimait devant les parents admiratifs. Princesse Abema a aussi parlé des quatre types de feux.
A l’instar de Princesse Abema, une quarantaine de jeunes âgés de 7 à 16 ans suivent la formation en premiers secours au centre des sapeurs-pompiers de Nkongsamba depuis juin 2018. Ils ont apporté la preuve des connaissances acquises jusqu’ici devant les parents et les autorités administratives.
Une formation aux objectifs clairement définis. « Cette formation a pour but de faire acquérir aux jeunes sapeurs-pompiers les gestes de premiers secours qui peuvent les aider à l’école, dans leur domicile d’une part et susciter des vocations professionnelles d’autre part», a expliqué le chef de centre des sapeurs-pompiers de Nkongsamba, l’adjudant-chef Dagobert Tawamba.
Pour les encadreurs, les parents doivent davantage faire confiance aux sapeurs-pompiers en leur confiant leurs enfants pendant les périodes de trêves scolaires. Cette formation en secourisme vient aussi en complément des leçons qu’ils reçoivent dans les écoles. «Nous nous sommes rendus compte que les parents comprennent déjà l’importance de cette formation pour leurs enfants. Ils s’impliquent davantage et voilà aujourd’hui on a un effectif important», explique l’un des formateurs.
La formation couvre plusieurs domaines. On peut citer le petit matériel, les gestes de prompt secours en termes de positions à donner à une victime d’accident, alerter les sapeurs-pompiers ou arrêter une hémorragie. Une formation qui commence à porter des fruits.
« Un feu s’est déclaré récemment au lycée technique de Nkongsamba. Nous avons amené tous les jeunes pour voir comment on éteint le feu. Sur le terrain, ils nous ont aidés à dérouler les tuyaux », a affirmé Dagobert Tawamba. Bon nombre de ces jeunes se voient déjà professionnels dans ce corps.
Une formation similaire a été dispensée à Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua en août dernier. Les jeunes sapeurs dont l’âge varie entre 6 et 16 ans ont pris l’engagement, devant les responsables de la caserne des sapeurs-pompiers de Ngaoundéré, de mettre en pratique les connaissances reçues durant ces deux mois de formation.
Pour Marius Asseng, un bénéficiaire de cette formation, certaines erreurs que les jeunes font souvent seront désormais rectifiées, « j’ai appris qu’on ne peut pas mettre une victime en position latérale de sécurité si elle ne respire pas. A partir cet élément de la formation, je pourrai mieux aider les personnes en détresse. Aussi, j’ai appris les différents types d’hémorragie et comment secourir quelqu’un selon le type d’hémorragie qu’il présente».
Otric N.
Ils sont des milliers, ces enfants qui font face à de nombreux obstacles au quotidien dans les rues et ménages de la ville de Garoua et ne savent à quel saint se vouer.
La ville de Garoua à l’instar des autres agglomérations du Cameroun enregistre au quotidien un nombre considérable des formes de maltraitance infligées aux enfants. Cette réalité douloureuse et gênante sur laquelle ont toujours penché les pouvoirs publics est loin d’être éradiquée dans nos sociétés. La plupart de cas est souvent enregistrée au nom du sacro-saint de droit d'aînesse dont les enfants restent une proie facile pour adultes et n’ayant pas droit à la parole et à la défense parfois de leur existence.
Lesquels adultes ne cessent à travers cette pratique révolue de la culture locale, de tirer profit en les soumettant à des épreuves difficiles. Notamment, la violence domestique, l’inceste, l’abus sexuel, lesquels se posent avec acuité dans cette partie de la république où l’on prône la culture traditionnelle et conservatrice. « A mon avis, cette pratique va toujours exister du fait qu’il y a déphasage entre le maintien de la culture Africaine et l’envie de s’ouvrir au monde. Tant qu’il n’y aura pas dialogue, on fera toujours face à cette situation », confie Me Yacouba , membre de la société civile dans le Nord .
Malgré la sensibilisation et la répression des responsables de la protection civile, la situation des enfants sans défense n’est guère reluisante du fait que ces derniers continuent à subir la loi d’adultes sans scrupule, ni remords. Il suffit de faire un détour dans les agences de voyage ou au Grand marché de Garoua, pour se rendre compte de l’évidence.
Des cas de maltraitance observés à travers l’exploitation des mineurs, lesquels servent de guide aux personnes âgés en faisant la mendicité à longueur de la journée sous une pluie battante ou un soleil ardent. Le pire, c’est dans les ménages où les enfants doivent effectuer les travaux en subissant les assauts de leurs parents adoptifs.
Pour ceux-là qui ne respecteront pas le règlement intérieur, des punitions sévères leurs sont réservées. Point besoin de revenir sur le mariage forcé auquel les filles de 12 à 15 ans sont confrontées pour satisfaire le désir de leurs parents aveuglés par l’appât du gain.
Pour beaucoup de spécialistes, il faut extirper le mal à la racine en renforçant le dispositif répressif pour être impitoyable envers les responsables des cas de maltraitance. Cette résolution pourrait sans doute à l’avenir atténuer la situation des enfants victimes qui se comptent par milliers dans la ville de Garoua.
Félix Swaboka