A la faveur de la journée mondiale contre la censure sur Internet, célébrée tous les 12 mars, la question se pose et la réflexion sur l'opportunité de censurer les acteurs d'Internet au Cameroun est lancée. Quelle attitude adopter face à la montée de la haine et de la diatribe sur la toile dans notre pays ?
Interdit d'interdire. Tel est le leitmotiv de cette journée initiée par l'organisation internationale Reporters Sans Frontières (RSF) en 2008. L'objectif des journalistes est de libérer la parole sur Internet dans plusieurs pays du monde qui continuent de museler la parole publique sur la toile. Seulement, si cette célébration est fondée pour certains États du Proche-Orient et de l'Asie en général, c'est une journée mal reçue dans nombres de pays africains, dont le Cameroun.
A ses origines, cette journée a pour but de dénoncer la cybercensure dans le monde, la répression des internautes et précisément les blogueurs qui seraient croissante et les fermetures des sites web toujours plus nombreuse.
La journée internationale pour la liberté d’expression sur internet n'est pas encore vraiment célébrée au Cameroun. Et pourtant notre pays n'est pas épargné par ces questions de censures sur internet. Si l'activité de censure n'est pas encore très visible, il n'en demeure pas moins qu'elle apparaît de plus en plus comme une nécessité. L'on peut aisément comprendre pourquoi les autorités de la République n'ont pas encore intégré cette autre journée dans le corpus de celles qui retiennent l'attention des départements ministériels.
S’il y’a bel et bien un endroit au Cameroun où la limite entre la liberté et le libertinage est complètement floue, c’est sur les réseaux sociaux. Il n'est pas rare d'y voir chaque jour des hommes et femmes commettre des outrages à Chef d'Etat. C'est le terreau de l'invective, de la calomnie et de la diffamation. Chacun peut se cacher derrière son écran, disposer d'un ou de plusieurs faux profils et profiter de cette réalité virtuelle pour se transformer en véritable cybercriminel. Les discours de haines, le tribalisme et le sectarisme le plus poussé et encouragé. C'est à corps et à cri que les victimes de ces comportements rétrogrades appellent à la censure.
D'un autre côté, la toile a fait naître dans notre pays de nouvelles formes de "journalismes". Reporter Sans Frontières même aurait d'énormes difficultés à se reconnaître dans ce qui est considéré comme journalisme via internet dans notre pays. Mis à part des sites tel
www.agencepressecameroun.com et quelques autres qui se donnent le devoir de diffuser de l'information fiable et correcte, de nombreuses pages n'existent que pour l'invective, la délation et la diffamation.
Certes démocratie rime avec liberté. Mais la liberté d'expression sur internet gagnerait à subir la censure pour le bien commun et pour la nécessité de la construction de notre jeune société.
Stéphane Nzesseu