C’était à l’occasion d’un déjeuner organisé à leur intention le week-end dernier à Yaoundé, moment convivial, certes mais qui a par ailleurs servi de cadre pour faire le bilan des activités ainsi que de l’actualité ayant marqué l’année qui s’achève.
C’est ainsi que de nombreux sujets ont été abordés, avec un accent particulier sur la place qu’occupe le Journaliste au Cameroun. Dans son propos de circonstance, Samuel Billong – président de cette formation politique, a entre autres estimé que : « Sans Média, il n’y a point de Démocratie … C’est bien dans la manière de traiter la presse et les journalistes qu’on apprécie le mieux la caractéristique liberticide d’un régime ».
Constant dans sa logique, le leader du Mouvement Réformateur est revenu sur quelques exemples dont le plus parlant a été celui de « Samuel Wazizi dont le procès s’est poursuivi de manière scandaleuse alors qu’il était déjà mort «en exploitation» sous la responsabilité de l’armée nationale ».
Il a en outre regretté que « le Décès de Bibi Ngota – n’ait pas apporté la prise de conscience qui aurait permis que les Journalistes, dans l’exercice de leur fonction, ne soient plus inquiétés ;
Car pour lui, « Ceux qui s’attaquent délibérément aux femmes et hommes des medias sont des ennemies de la liberté. Tuer un journaliste c’est se dresser contre la liberté de pensée et de conscience qui est le cœur de la démocratie… ».
Parce qu’il était question de louer les efforts de ceux qui en principe constituent le 4ème Pouvoir mais travaillent dans un environnement qui ne leur est pas favorable, les solutions selon le leader du Mouvement Réformateur sont toutes trouvées afin de sortir les Hommes et Femmes des Médias de la clochardisation, qui, de son avis « est l’autre arme des bourreaux de la liberté », il est urgent de créer : « Un fond citoyen d’aide à la presse ; une réponse des démocrates et autres défenseurs de libertés pour donner véritablement aux journalistes les moyens d’un déploiement efficient… ».
Restriction des libertés ?
De l’avis de Samuel Billong, la frontière est très mince entre ce que vivent les Journalistes et les Hommes Politiques et, la réponse donnée à cette interrogation est bien évidemment positive.
Afin de soutenir sa position, il relève que : « L’année 2020 qui s’achève a été terrible pour notre jeune démocratie, pour notre démocratie en construction. Elle a sans conteste marqué un recul de la démocratie tant au regard des abus gouvernementaux en matière de restriction des libertés individuelles et collectives qu’au regard de la faiblesse de la justice qui s’est laissé instrumentalisé de manière totalement inacceptable… » ;
C’est la raison pour laquelle le Mouvement Réformateur est engagé « Pour la construction d’une véritable démocratie » en passant par la « La critique sans laquelle, aucun progrès n’est possible ».
La crise sécuritaire dans les Régions du Nord et du Sud Ouest, avec son contingent d’horreurs, la crise sanitaire du Covid 19 et son contingent de décès, les questions liées aux ressources Foncières de même que la « gestion gouvernementale approximative » de tous ces problèmes et de bien d’autres, ont été évoqués au cours de cette rencontre.
Des pistes de solutions existent t –elle ?
Pour chaque problématique évoquée, le président du Mouvement Réformateur a laissé entendre que la Formation Politique dont il a charge a repris du poil de la bête il y’a quelques, en nourrissant l’ambition de « Construire une alternance de gouvernement ».
Répondant aux questions des Journalistes, Samuel Billong a fait savoir qu’en fait, « Il est de leur responsabilité de trouver des solutions efficientes aux préoccupations de leurs concitoyens dans un rapport de vérité et de clarté…Il est question de construire un projet d’avenir susceptible de conduire à l’émergence de notre pays ».
Nicole Ricci Minyem
Dans un entretien accordé à l’Agence Cameroun Presse, Samuel Billong – président de cette formation politique préjuge du fait que « cette élection ne va pas dans le sens de la résolution de la crise dans le Nord et le Sud Ouest ; Cependant, la décision du Président de la République s’impose à tous… ».
- Que pensez – vous de la décision prise par le Président de la République dans laquelle il indique les élections Régionales, les premières du genre au Cameroun, vont se dérouler le 06 Décembre 2020 ?
Nous avons regretté cette décision mais pris acte de cette convocation du Collège Electoral qui appelle à la responsabilité des Conseillers Municipaux ainsi que celle des Chefs Traditionnels concernés par l’élection des Conseillers Régionaux. Et, nous appelons les Camerounais malgré tout à éviter les affrontements partisans et intercommunautaires.
La décision du ministre de l’Administration Territoriale va à notre avis, malheureusement et c’est notre point de vue, dans le sens de l’affrontement d’un camp contre un autre, loin d’une démarche apaisante. Le Mouvement Réformateur est pour l’apaisement.
- Mais, ne pensez – vous pas que face aux menaces insurrectionnelles de certains partis politiques, Paul Atanga Nji, en tant que ministre de l’Administration Territoriale pouvait devait avoir cette posture ?
Les ministres agissent au nom du peuple, pas au gré des humeurs individuelles ou partisanes…
Pour être plus explicite, les ministres agissent pour l’intérêt général. Aujourd’hui, cet intérêt appelle à la résolution de la crise sécuritaire dans les régions anglophones qui déchire la Nation. Qui plus est, le pays n’a pas besoin d’ajouter un autre conflit à celui –là…Le reste est périphérique. Il faut sortir des affrontements. C’est ce que nous attendons en particulier du ministre de l’Administration Territoriale.
- Vous savez pourtant que l’un de ses anciens partenaires demande de prendre très au sérieux les menaces insurrectionnelles que font planer certains leaders sur le pays
Evidemment qu’il aurait pu avoir une autre solution mais, il a délibérément fait le choix de la force. En tant que tutelle des partis politiques, il doit dialoguer avec ceux – ci pour rapprocher les points de vue et chercher la conciliation. Il n’est pas obligé d’être dans la bagarre perpétuelle.
- Certains pourraient vous accuser de faire preuve de mauvaise foi, lorsqu’on sait que les dirigeants du parti à qui étaient adressés les propos du Minat refusent toute action allant vers un dialogue qui ne le place pas à la tête du Cameroun
Le Mouvement Réformateur a interpellé le Minat par voie de correspondance. Il n’a même pas cru bon accuser réception de notre correspondance. Il n’est pas dans une posture d’écoute et du dialogue. Certains peuvent lui trouver des excuses. Ils sont libres de le faire.
- Le Mouvement Réformateur va t –il prendre part à ces élections ?
Cela fait seulement quatre (4) mois que nous avons relancé nos activités. Sans Conseillers Municipaux, cette élection ne nous concerne pas.
- Revenons si vous le voulez bien, à l’organisation des élections régionales. D’aucuns pensent qu’elles font ressortir l’une des résolutions prises à l’issue du Grand Dialogue National, notamment avec le statut spécial dans les régions en crise. Quel est votre point de vue à propos ?
Au terme des assises du Grand Dialogue National, nous avons par exemple accueilli avec beaucoup d’enthousiasme la décision de faire élire les Maires des grandes villes en lieu et place des délégués du Gouvernement nommés.
Peut-on dire que ces Maires ont été votés ? Nous avons assisté au spectacle offert par le pouvoir pour imposer ses choix aux grands conseillers dans les Mairies y compris au prix de la violation des dispositions légales.
Au – delà du fait que cette rencontre n’a pas apporté des solutions satisfaisantes à la crise dans les régions anglophones, le caractère antidémocratique du pouvoir ne le dispose pas à respecter ses propres engagements lorsque ceux – ci vont dans le sens progressif.
- On sait déjà que vous ne prendrez pas part à ces élections. Mais croyez – vous participer à l’éducation des masses en restant en dehors des cercles décisionnels ?
Nous nous adressons à tous nos concitoyens y compris aux nombreux qui ne se sentent pas représentés par ce que vous appelez cercles de décisions.
- Vous n’attendez donc rien des Conseillers Régionaux et des Chefs Traditionnels?
Difficile d’attendre quelque chose d’eux dans le contexte actuel, caractérisé par l’absence de consensus sur la situation socio – politique du pays et les difficultés financières du pays du fait des crises sécuritaires notamment.
Les Chefs Traditionnels choisis comme conseillers régionaux ne devraient pas avoir un rôle différent des autres conseillers régionaux.
- Même dans la zone anglophone ? Avec les spécificités qui ressortent au niveau des démembrements, notamment la Chambre des Délégués Régionaux (House of Chief) et le Conseil Exécutif ?
Les Chefs en zones anglophones sont rentrés ? Même dans l’hypothèse affirmative, ils représenteraient qui ? Les réfugiés, les nombreux déplacés ou ceux de nos concitoyens qui, fuyant la guerre, sont dans les brousses.
- Votre mot de fin ?
Notre parti, le Mouvement Réformateur exhorte nos concitoyens à s’engager résolument pour construire une alternance démocratique et pacifique qui s’imposera au régime en place pour l’Unité, la liberté et la modernité du Cameroun.
Entretien réalisé par Nicole Ricci Minyem
Les raisons qui fondent cette assertion ont été évoquées par Samuel Billong le week-end dernier à Yaoundé, dans le cadre d’une causerie participative à laquelle ont pris part les militants et sympathisants de cette formation politique.
Comme préalable à ces échanges et au regard de l’actualité brûlante au Cameroun, le président national du Mouvement Réformateur a relevé trois interrogations, afin de définir selon lui, la notion qui renvoie à Unité de la Nation :
Qui peut dire aujourd'hui que le Cameroun n'est pas en danger ?
Qui peut dire aujourd'hui que le Cameroun est un pays en paix ?
Qui peut parler aujourd'hui de démocratie apaisée parlant de notre processus démocratique ?
Le Chef de l’Etat doit refuser de se représenter pour un autre mandat
Pour Samuel Billong « Aucun avenir ne peut se concevoir sans unité. C'est pourquoi nous appelons toutes les camerounaises et tous les camerounais à s'engager résolument dans la voie de la construction de la nouvelle nation camerounaise unie, libre et moderne…
C'est dans cette perspective que nous exhortons le Président Paul Biya à renoncer à se présenter à la prochaine élection présidentielle et d'engager la Nation toute entière dans la voie d'une transition pacifique et démocratique du pouvoir politique.
Nous exhortons le président Biya à écouter la voie de son cœur, la voie de la sagesse du patriarche qu'il est devenu par la force de l'âge et de son exceptionnelle expérience au sommet de l'Etat.
Monsieur le Président de la République, fermez-vous à la duplicité et à la flagornerie de tous vos courtisans. Aujourd'hui promptes à vous pousser au muret mais qui, à la prochaine occasion, n'hésiteront pas de vous renier… ».
La place du Cameroun aujourd’hui
Dans son allocution, le président national du MR a insisté sur le fait que « Jusqu’en 2011, le Cameroun était cité comme exemple de stabilité et de concorde nationale. Il y’avait certes des velléités comme dans la zone anglophone avec un mouvement sécessionniste très marginal ; mais toutes ces tentatives ne pouvaient pas prospérer dans la mesure où le régime était dans une trajectoire démocratique…
En 1982, le Président Biya a hérité du pouvoir conformément aux dispositions constitutionnelles. Il a résisté à juste titre (légitimement) à la vague des conférences nationales souveraines venue d'ailleurs au début des années 90…
La Nation a trouvé un consensus qui s'est globalement incarné dans la modification constitutionnelle de 1996 avec la limitation à 2 mandats présidentiels…
Difficile alors de ne pas associer la situation sécuritaire délétère actuelle du pays avec la logique de la force, de la défiance au peuple, qui se lit dans la modification constitutionnelle de 2008 et les nombreux jeunes gens tués parce qu'ils s'opposaient à cette forfaiture ».
Les responsables sont connus
Tous ceux « qui ont lancé les appels à la modification de la constitution en 2008 devraient en premier lieu se sentir responsables de la situation des crises graves que connait le pays en ce moment, car ils se sont écartés de l'ambition démocratique du pays pour l'idée de la prédominance de la force pour le pouvoir…
« Ce sont les guerres ; C'est la défiance aux institutions, les appels ouverts à l'insurrection armée, c'est la division des camerounais en clans. Le pays est plongé dans la guerre depuis 2014 dans l'extrême-nord sous la menace des attaques attribuées à boko haram et depuis 2016, les régions du nord-ouest et du sud-ouest sont en crise…
La gestion de cette crise qui a dérivé en guerre civile est telle que nul ne peut aujourd'hui prédire son issue en dehors de toute propagande. Qui peut parier aujourd'hui que le Pays ne sera pas partitionné comme l'a été le Soudan récemment » ?
Division du Cameroun entre deux camps
Pour Samuel Billong, il s’agit de « Ceux qui n'hésitent pas à instrumentaliser les institutions à des fins égoïstes et ceux qui sont tentés d'aller au-delà du cadre républicain et démocratique, en incitant à la révolution partisane, voire à l'insurrection armée pour accaparer le pouvoir.
La virulence des sorties d'un camp comme de l'autre, l'ampleur de la lutte pour le pouvoir au pays expose le pays à un cycle interminable de violences et d'affrontements partisans ou intercommunautaires ».
Organisation d’un dialogue Républicain
C’est dans cette logique que s’inscrit le Mouvement Réformateur car pour ce parti, c’est l’unique option pour « ramener de l'ordre dans le pays, apaiser, réconcilier et reconstruire la paix pour permettre au pays de reprendre sereinement la conquête du développement, de la modernisation…
Loin des discours partisans, il faut transmettre le message de la Vérité et mettre en place, des mécanismes qui vont conduire le Cameroun sur le chemin de la résolution des crises qui menacent l'unité nationale, au risque de le voir s'installer dans un cycle sans fin de violences et d'affrontements partisans ou inter communautaires. Cela doit impérativement être fait avant la tenue des élections dans quatre ans… ».
A la fin de son propos, Samuel Billong a insisté sur l’impératif de « construire une mobilisation exceptionnelle des camerounaises et des camerounais au-delà de tous les clivages pour arriver à une alternance salutaire pour le pays…
En tant que parti politique, notre vocation est de construire patiemment mais résolument une alternative à un système gouvernant inopérant pour l'intérêt général. Le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir à tous les prix, les ambitions individuelles ne sont pas à l'ordre du jour au Mouvement Réformateur.
Travaillons ensemble pour la paix et la réconciliation. Ne mettons pas le pays à feu et à sang pour les ambitions égoïstes des uns et des autres. Travaillons ensemble pour l'unité du pays, la démocratie et le développement ».
Nicole Ricci Minyem
Pour le Mouvement réformateur, la mesure relative à la restriction de vente, d’achat et de possession d’armes blanches au Nord-Ouest et au Sud-Ouest tend à criminaliser l’ensemble des populations des deux régions anglophones.
Le Mouvement réformateur (MR) dont Samuel Billong est le président, n’approuve pas les mesures conservatoires prises par Paul Atanga Nji le Ministre de l’Administration territoriale (Minat), à la suite de cas multipliés d’assassinats horribles de civils aux armes blanches, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest (Noso). Réuni en session extraordinaire le jeudi 20 août 2020 dans la capitale Yaoundé, le bureau politique du MR s’est appesanti sur cette décision du Minat.
En dénonçant aussi les horribles meurtres qui ont été commis sur les civils au Noso, le Mp s’est dit toutefois offusqué par ces mesures conservatoires de Paul Atanga Nji. La raison avancée est qu’elles tendent à criminaliser l’ensemble des populations de ces régions anglophones. Pour le MR, elles démontrent également que le gouvernement manque de sérénité face à tout ce qui se passe en zone anglophone. Et elles sont au finish «absurdes».
Chef de l’Etat
Le MR reconnaît que les violences qui ont cours au Noso demeurent une préoccupation majeure. Il note que le gouvernement qui a tenté de résoudre la crise qui met en mal les régions anglophones n’a connu que des échecs. Aussi, il appelle Paul Biya le Président de la République à «peser de tout son poids pour l’arrêt des violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», si tant est qu’il se considère toujours comme le mendiant de la paix.
Séparatistes
Le MR qui revendique un attachement à l’unité nationale, et au renforcement de l’intégration de la sous-région Afrique Centrale demande aux «populations de l’ancien Southern Cameroon en l’occurrence de se prononcer librement et sereinement sur leur avenir dans un cadre démocratique». Il les exhorte à privilégier la voie pacifique pour la résolution de la crise.
Liliane N.