Les raisons qui fondent cette assertion ont été évoquées par Samuel Billong le week-end dernier à Yaoundé, dans le cadre d’une causerie participative à laquelle ont pris part les militants et sympathisants de cette formation politique.
Comme préalable à ces échanges et au regard de l’actualité brûlante au Cameroun, le président national du Mouvement Réformateur a relevé trois interrogations, afin de définir selon lui, la notion qui renvoie à Unité de la Nation :
Qui peut dire aujourd'hui que le Cameroun n'est pas en danger ?
Qui peut dire aujourd'hui que le Cameroun est un pays en paix ?
Qui peut parler aujourd'hui de démocratie apaisée parlant de notre processus démocratique ?
Le Chef de l’Etat doit refuser de se représenter pour un autre mandat
Pour Samuel Billong « Aucun avenir ne peut se concevoir sans unité. C'est pourquoi nous appelons toutes les camerounaises et tous les camerounais à s'engager résolument dans la voie de la construction de la nouvelle nation camerounaise unie, libre et moderne…
C'est dans cette perspective que nous exhortons le Président Paul Biya à renoncer à se présenter à la prochaine élection présidentielle et d'engager la Nation toute entière dans la voie d'une transition pacifique et démocratique du pouvoir politique.
Nous exhortons le président Biya à écouter la voie de son cœur, la voie de la sagesse du patriarche qu'il est devenu par la force de l'âge et de son exceptionnelle expérience au sommet de l'Etat.
Monsieur le Président de la République, fermez-vous à la duplicité et à la flagornerie de tous vos courtisans. Aujourd'hui promptes à vous pousser au muret mais qui, à la prochaine occasion, n'hésiteront pas de vous renier… ».
La place du Cameroun aujourd’hui
Dans son allocution, le président national du MR a insisté sur le fait que « Jusqu’en 2011, le Cameroun était cité comme exemple de stabilité et de concorde nationale. Il y’avait certes des velléités comme dans la zone anglophone avec un mouvement sécessionniste très marginal ; mais toutes ces tentatives ne pouvaient pas prospérer dans la mesure où le régime était dans une trajectoire démocratique…
En 1982, le Président Biya a hérité du pouvoir conformément aux dispositions constitutionnelles. Il a résisté à juste titre (légitimement) à la vague des conférences nationales souveraines venue d'ailleurs au début des années 90…
La Nation a trouvé un consensus qui s'est globalement incarné dans la modification constitutionnelle de 1996 avec la limitation à 2 mandats présidentiels…
Difficile alors de ne pas associer la situation sécuritaire délétère actuelle du pays avec la logique de la force, de la défiance au peuple, qui se lit dans la modification constitutionnelle de 2008 et les nombreux jeunes gens tués parce qu'ils s'opposaient à cette forfaiture ».
Les responsables sont connus
Tous ceux « qui ont lancé les appels à la modification de la constitution en 2008 devraient en premier lieu se sentir responsables de la situation des crises graves que connait le pays en ce moment, car ils se sont écartés de l'ambition démocratique du pays pour l'idée de la prédominance de la force pour le pouvoir…
« Ce sont les guerres ; C'est la défiance aux institutions, les appels ouverts à l'insurrection armée, c'est la division des camerounais en clans. Le pays est plongé dans la guerre depuis 2014 dans l'extrême-nord sous la menace des attaques attribuées à boko haram et depuis 2016, les régions du nord-ouest et du sud-ouest sont en crise…
La gestion de cette crise qui a dérivé en guerre civile est telle que nul ne peut aujourd'hui prédire son issue en dehors de toute propagande. Qui peut parier aujourd'hui que le Pays ne sera pas partitionné comme l'a été le Soudan récemment » ?
Division du Cameroun entre deux camps
Pour Samuel Billong, il s’agit de « Ceux qui n'hésitent pas à instrumentaliser les institutions à des fins égoïstes et ceux qui sont tentés d'aller au-delà du cadre républicain et démocratique, en incitant à la révolution partisane, voire à l'insurrection armée pour accaparer le pouvoir.
La virulence des sorties d'un camp comme de l'autre, l'ampleur de la lutte pour le pouvoir au pays expose le pays à un cycle interminable de violences et d'affrontements partisans ou intercommunautaires ».
Organisation d’un dialogue Républicain
C’est dans cette logique que s’inscrit le Mouvement Réformateur car pour ce parti, c’est l’unique option pour « ramener de l'ordre dans le pays, apaiser, réconcilier et reconstruire la paix pour permettre au pays de reprendre sereinement la conquête du développement, de la modernisation…
Loin des discours partisans, il faut transmettre le message de la Vérité et mettre en place, des mécanismes qui vont conduire le Cameroun sur le chemin de la résolution des crises qui menacent l'unité nationale, au risque de le voir s'installer dans un cycle sans fin de violences et d'affrontements partisans ou inter communautaires. Cela doit impérativement être fait avant la tenue des élections dans quatre ans… ».
A la fin de son propos, Samuel Billong a insisté sur l’impératif de « construire une mobilisation exceptionnelle des camerounaises et des camerounais au-delà de tous les clivages pour arriver à une alternance salutaire pour le pays…
En tant que parti politique, notre vocation est de construire patiemment mais résolument une alternative à un système gouvernant inopérant pour l'intérêt général. Le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir à tous les prix, les ambitions individuelles ne sont pas à l'ordre du jour au Mouvement Réformateur.
Travaillons ensemble pour la paix et la réconciliation. Ne mettons pas le pays à feu et à sang pour les ambitions égoïstes des uns et des autres. Travaillons ensemble pour l'unité du pays, la démocratie et le développement ».
Nicole Ricci Minyem