Dans un entretien accordé à l’Agence Cameroun Presse, Samuel Billong – président de cette formation politique préjuge du fait que « cette élection ne va pas dans le sens de la résolution de la crise dans le Nord et le Sud Ouest ; Cependant, la décision du Président de la République s’impose à tous… ».
- Que pensez – vous de la décision prise par le Président de la République dans laquelle il indique les élections Régionales, les premières du genre au Cameroun, vont se dérouler le 06 Décembre 2020 ?
Nous avons regretté cette décision mais pris acte de cette convocation du Collège Electoral qui appelle à la responsabilité des Conseillers Municipaux ainsi que celle des Chefs Traditionnels concernés par l’élection des Conseillers Régionaux. Et, nous appelons les Camerounais malgré tout à éviter les affrontements partisans et intercommunautaires.
La décision du ministre de l’Administration Territoriale va à notre avis, malheureusement et c’est notre point de vue, dans le sens de l’affrontement d’un camp contre un autre, loin d’une démarche apaisante. Le Mouvement Réformateur est pour l’apaisement.
- Mais, ne pensez – vous pas que face aux menaces insurrectionnelles de certains partis politiques, Paul Atanga Nji, en tant que ministre de l’Administration Territoriale pouvait devait avoir cette posture ?
Les ministres agissent au nom du peuple, pas au gré des humeurs individuelles ou partisanes…
Pour être plus explicite, les ministres agissent pour l’intérêt général. Aujourd’hui, cet intérêt appelle à la résolution de la crise sécuritaire dans les régions anglophones qui déchire la Nation. Qui plus est, le pays n’a pas besoin d’ajouter un autre conflit à celui –là…Le reste est périphérique. Il faut sortir des affrontements. C’est ce que nous attendons en particulier du ministre de l’Administration Territoriale.
- Vous savez pourtant que l’un de ses anciens partenaires demande de prendre très au sérieux les menaces insurrectionnelles que font planer certains leaders sur le pays
Evidemment qu’il aurait pu avoir une autre solution mais, il a délibérément fait le choix de la force. En tant que tutelle des partis politiques, il doit dialoguer avec ceux – ci pour rapprocher les points de vue et chercher la conciliation. Il n’est pas obligé d’être dans la bagarre perpétuelle.
- Certains pourraient vous accuser de faire preuve de mauvaise foi, lorsqu’on sait que les dirigeants du parti à qui étaient adressés les propos du Minat refusent toute action allant vers un dialogue qui ne le place pas à la tête du Cameroun
Le Mouvement Réformateur a interpellé le Minat par voie de correspondance. Il n’a même pas cru bon accuser réception de notre correspondance. Il n’est pas dans une posture d’écoute et du dialogue. Certains peuvent lui trouver des excuses. Ils sont libres de le faire.
- Le Mouvement Réformateur va t –il prendre part à ces élections ?
Cela fait seulement quatre (4) mois que nous avons relancé nos activités. Sans Conseillers Municipaux, cette élection ne nous concerne pas.
- Revenons si vous le voulez bien, à l’organisation des élections régionales. D’aucuns pensent qu’elles font ressortir l’une des résolutions prises à l’issue du Grand Dialogue National, notamment avec le statut spécial dans les régions en crise. Quel est votre point de vue à propos ?
Au terme des assises du Grand Dialogue National, nous avons par exemple accueilli avec beaucoup d’enthousiasme la décision de faire élire les Maires des grandes villes en lieu et place des délégués du Gouvernement nommés.
Peut-on dire que ces Maires ont été votés ? Nous avons assisté au spectacle offert par le pouvoir pour imposer ses choix aux grands conseillers dans les Mairies y compris au prix de la violation des dispositions légales.
Au – delà du fait que cette rencontre n’a pas apporté des solutions satisfaisantes à la crise dans les régions anglophones, le caractère antidémocratique du pouvoir ne le dispose pas à respecter ses propres engagements lorsque ceux – ci vont dans le sens progressif.
- On sait déjà que vous ne prendrez pas part à ces élections. Mais croyez – vous participer à l’éducation des masses en restant en dehors des cercles décisionnels ?
Nous nous adressons à tous nos concitoyens y compris aux nombreux qui ne se sentent pas représentés par ce que vous appelez cercles de décisions.
- Vous n’attendez donc rien des Conseillers Régionaux et des Chefs Traditionnels?
Difficile d’attendre quelque chose d’eux dans le contexte actuel, caractérisé par l’absence de consensus sur la situation socio – politique du pays et les difficultés financières du pays du fait des crises sécuritaires notamment.
Les Chefs Traditionnels choisis comme conseillers régionaux ne devraient pas avoir un rôle différent des autres conseillers régionaux.
- Même dans la zone anglophone ? Avec les spécificités qui ressortent au niveau des démembrements, notamment la Chambre des Délégués Régionaux (House of Chief) et le Conseil Exécutif ?
Les Chefs en zones anglophones sont rentrés ? Même dans l’hypothèse affirmative, ils représenteraient qui ? Les réfugiés, les nombreux déplacés ou ceux de nos concitoyens qui, fuyant la guerre, sont dans les brousses.
- Votre mot de fin ?
Notre parti, le Mouvement Réformateur exhorte nos concitoyens à s’engager résolument pour construire une alternance démocratique et pacifique qui s’imposera au régime en place pour l’Unité, la liberté et la modernité du Cameroun.
Entretien réalisé par Nicole Ricci Minyem