Les écoliers en question sont âgés de 6 et 10 ans.
C’est l’actualité qui bat son plein dans la ville de Bertoua. Deux enfants inscrits à l’école publique Groupe 1 de Bertoua, ont été arrêtés avec des couteaux de cuisine. Les faits remontent au tout début de cette semaine. Les couteaux qui ont été saisis se trouvaient dans leurs sacs d’école. Entendus par la police, les enfants ont fait comprendre qu’ils voulaient tuer leurs maîtresses. Ils ont juste été entendus et ont été relâchés. Il faut préciser que les deux écoliers sont des frères. L’aîné âgé de 10 ans est en classe de Cours élémentaire 1. Son petit-frère âgé de 6 ans est en classe de Sil à l’école suscitée.
Il faut souligner que depuis l’année dernière, l’actualité au Cameroun est marquée par des faits comme ceux sus mentionnés. Des élèves qui viennent dans les enceintes des établissements scolaires avec des objets pouvant causer la mort s’ils sont utilisés. L’un des cas récents est celui du défunt professeur de mathématiques Njomi Tchakounté du Lycée classique de Nkolbisson. Ce dernier a été poignardé à mort par son élève en plein cours. Son décès a suscité le courroux de certains syndicats d’enseignants qui ont réclamé que les hommes de craie bénéficient d’une certaine protection dans l’exercice de leur fonction.
En tenant compte des cas de violence en milieu scolaire qui deviennent récurrents dans les établissements, le gouvernement s’est récemment penché sur le sujet. C’était lors du dernier Conseil de cabinet qui s’est déroulé le 5 mars 2020. Lors dudit Conseil, Joseph Dion Ngute le Premier Ministre a instruit la fouille systématique des élèves et de leurs cartables. Il a également demandé aux Ministres des Enseignements secondaires, de l’Enseignement supérieur et de l’Education de base de veiller à la sécurisation physique des établissements scolaires et universitaires.
Liliane N.
L’assassinat de l’enseignant de Nkolbisson a suscité beaucoup de passion, et dans la quasi majorité des réactions la faute est retombée sur l’élève qui à cause de son insubordination, a entraîné les conséquences qu’on connait aujourd’hui.
Toutefois, bien que regrettant le décès de ce collègue, un enseignant qui a préféré gardé l’anonymat a tenu à interpeller les enseignants sur certaines réalités, à travers le texte suivant :
« Beaucoup d’institutions scolaires utilisent la confiscation comme mesure dissuasive, pour contrer l’introduction des objets interdits dans l’enceinte de l’établissement scolaire.
Cependant, il très important de savoir que cette mesure est encadrée par la loi.
En effet, si la confiscation d’objets dangereux (couteaux, tournevis, Lames de rasoir, pistolets…) constitue ce qu’on appelle une mesure conservatoire et est approuvée par la loi, il ne faut pas ignorer que les objets personnels comme les téléphones mobiles, chaussures, bijoux, blousons, pull-overs…ne sont pas susceptibles de subir le même sort.
C’est vrai que le règlement intérieur défend, dans la grande majorité des lycées et collèges, le port du téléphone mobile. Mais, en confisquant cet outil de communication pour un temps plus ou moins long, on tombe sous le coup de l’atteinte disproportionnée à la propriété d’autrui. Aucun règlement intérieur n’est au dessus de la loi. Et la personne détentrice de l’objet est responsable devant la loi, et non pas l’institution toute entière.
Dans un lycée de la place, il y a quelques années, un surveillant d’externat a été arrêté et condamné à payer 600 000frs pour une tablette qu’il avait confisquée et déposé dans le bureau de son Surveillant général. Malheureusement, l’appareil avait disparu et le S. G. n’a pas reconnu le dépôt. Le pauvre jeune homme qui gagnait à peine 50 000 frs par mois a passé un moment pénible, jusqu'à ce que sa famille se cotise pour le dédouaner.
Donc, voici ce que le droit recommande: si un élève est surpris avec un objet personnel non dangereux et interdit, il est en infraction pour introduction d’objets interdits, et sanctionné conformément au règlement intérieur, mais sans confiscation ni destruction de l’objet incriminé.
Autre exemple, un proviseur a dû négocier avec un parent d’élève. Ce dernier avait porté plainte au chef d’établissement, qui avait personnellement déchiré la veste trop « slimé » de l’enfant du plaignant. Destruction du bien d’autrui. La loi est dure, mais c’est la loi.
Lire aussi : Violence au sein des établissements scolaires : Ces autres pistes de responsabilité qui n’ont pas été explorées
A- Le téléphone d’un élève sonne en classe. Le propriétaire est coupable de perturbation du cours et introduction d’objet interdit. Le règlement intérieur est appliqué et le téléphone est remis aux parents dès que possible.
B- Au cours d’une fouille inopinée dans une salle de classe, des téléphones sont saisis et l’administration demande aux fautifs de casser eux-mêmes les appareils.
La fouille d’un individu ne peut se faire qu’avec son consentement. Sinon, la police judiciaire ou la gendarmerie sont les seules habilitées en cas de soupçon. De part l’autorité que le personnel enseignant a sur l’apprenant, l’obligation de casser le téléphone est une contrainte par corps exercée par une personne non autorisée, et cela constitue aussi un acte d’agression réprimé par le code pénal.
C- Un élève se retrouve dans le campus avec un blouson, ou un pull-over ou tout autre accessoire vestimentaire interdit. S’il ne peut pas arranger sa tenue immédiatement, alors il est sous le coup de « tenue non conforme » et simplement renvoyé à la maison. Pas de confiscation.
Pour terminer, sachons que même quand l’agent de la force de l’ordre surprend un chauffeur en train de téléphoner au volant, il lui inflige simplement l’amende prévue par la loi, sans confisquer son téléphone.
Faisons notre travail et protégeons nous en respectant la loi. L’habitude n’est pas synonyme de légalité. Si personne ne s’est plaint jusqu’à présent, tant mieux. Mais si par hasard… ».
N.R.M
Depuis le scandale suscité par le viol des enfants dans un établissement scolaire à Douala, l’agressivité de certains parents sur les enseignants et le meurtre de Nkolbisson, la toile s’est enflammée.
Nombreux sont ceux qui pensent que les élèves, tout comme leurs enseignants donnent du moule à moudre, aussi bien aux Hommes des médias qu’aux « analystes et spécialistes de tout sur les réseaux sociaux ».
Ils ont à peine fini de tirer à boulet rouge et à s’émouvoir sur cet individu qui, sous le fallacieux prétexte de dispenser les cours aux enfants, a décidé de les violer, au sein même de l’école qui l’emploie. Un « malade » qui s’est investi à faire de ses élèves du CMI. Des partenaires sexuelles, mais pas en se conformant aux normes. Non. Il les aime plus jeunes, à peine sorties de l’enfance. Il a laissé derrière lui, des enfants traumatisées à vie, incapables de savoir si un jour, elles auront la possibilité de faire elles aussi, des bébés.
On a à peine fini de s’émouvoir de ce cas, de s’interroger sur ce qui peut inciter un élève à utiliser une arme blanche contre son camarade, comme ce qui s’est passé ce Vendredi au collège Franco Islamique de Garoua Boulaî. Un élève a utilisé un couteau de boucher pour blesser un autre, pour une somme de cinq cent (500) Frs, un exemple comme tant d’autres, au regard de ce qui meuble l’actualité ces derniers jours.
La mort d’une jeune personne, surtout lorsqu'elle s’est engagée à se mettre au service des autres reste un choc permanent d’autant plus si c’est celui qu’il veut aider qui la lui arrache. Cependant, bien que regrettant la mort de Njoni Tchatounte ils sont nombreux qui estiment que ce dernier n’a pas su jouer son rôle de pédagogue.
« Nous ne pouvons ne pas saluer la mémoire de ce jeune homme, parti trop tôt alors qu’il n’avait même pas commencé à jouir du fruit de ses dures années d’études. Mais, il n’en demeure pas moins et je sais que tout le monde ne sera pas d’accord avec moi, il n’en demeure pas moins, disais je qu’il n’a pas été très malin. Au sein des établissements scolaires, nous avons des enfants récalcitrants, qui parfois ont besoin de voir leurs enseignants comme des aînés, auprès de qui ils peuvent prendre conseil. On pourrait imaginer que le professeur de Mathématiques a manqué de maturité… ».
« Les élèves ont une autre mentalité de nos jours. Ils fument de la drogue, l’encadrement familial manque quelquefois de poigne et, ce n’est pas seulement dans le cas des familles monoparentales. Et, la plupart des enseignants ne se font pas respectés. Ils se disputent les petites filles avec leurs élèves, leurs collent des notes qui sont en déphasage total le travail de leurs prétendus concurrents… ».
« Il est vrai qu’un enseignant ne saurait courber l’échine et perdre la face devant ses élèves. Mais, face à un enfant qui montre les signes décrits par ses camarades, il faut se tourner vers l’administration de l’école, tel que le prévoit la réglementation… Lorsque vous vous engagez dans un corps en corps avec votre élève, vous vous mettez en danger et, nous regretterons toujours la mort de cet enseignant… ».
Nicole Ricci Minyem
C’est le témoignage donné par sa maman, braiseuse de poisson au carrefour Nkolbisson et les voisins de celui qui, à peine sorti de l’adolescence traîne déjà cette image de meurtrier. Sa première audience a d'ailleurs lieu ce vendredi devant le procureur.
Dans le reportage réalisé par nos confrères de Canal II International ce Jeudi, on a pu voir une femme abattue, traumatisée, prenant à peine conscience de ce qui lui est tombé dessus, une maman qui a la charge d’élever toute seule ses trois enfants, alors que depuis des années, le papa a démissionné, arguant qu’il est à la recherche de l’argent.
Une mère complètement qui n’en revient pals d’être sous le feu des projecteurs, non pas parce que son fils aîné est un modèle, non pas parce qu’il lui a apporté des diplômes qui font que ses jeunes frère et sœur soient heureux de le prendre en exemple. Non. Rien de tout cela.
Brice Bisse Ngosso a jeté l’opprobre parmi les enfants de sa mère. Il oblige sa maman à marcher en courbant l’échine, non pas à cause des vicissitudes de la vie, mais parce qu’il est sorti de l’humble demeure que lui a offert sa maman, alors qu’elle vit dans des sacrifices et une privation permanente et, avec un couteau a ôté la vie à son enseignant.
« Brice, depuis quelques mois, est devenu incontrôlable. L’enfant qui était prêt à rendre service, qui ne sortait presque jamais de la maison, l’enfant qui avait de très bonnes notes en classe et qui m’a fait espérer que j’ai la chance pourquoi pas, de sortir de mon commerce pour devenir un jour, moi aussi une femme, une maman comblée parce que son enfant, son fils aîné prend soin d’elle a changé du jour au lendemain…Brice a changé ici à la maison, sans aucune raison, il s’en prend à ses cadets, me répond n’importe comment, parfois j’ai même cru qu’il allait me frapper. Brice a commencé à fumer la drogue et, c’est devenu quelqu’un d’autre… », témoigne sa mère.
C’est le même point de vue que partage les jeunes du quartier qui ont pris la résolution de lui donner une correction
« Il y’a quelques jours, après avoir constaté que Brice s’enfonce de plus en plus dans le mauvais chemin, dans la délinquance, nous avons décidé de le fouetter publiquement. Nous lui avons donné des coups de fouet pour qu’il comprenne que ce qu’il fait n’est pas bon…Il est dans tous les mauvais coups qui se font au quartier, parce que quand il prend sa drogue, il devient incontrôlable, intraitable et, nous étions fatigués de vivre tout cela, surtout lorsqu'on voit à quel point sa maman se bat à élever toute seule, ses trois enfants. Cette femme est à la fois le père et la mère de ses enfants et, cela depuis que son mari est parti déjà que même quand il était là, c’est elle encore et toujours qui tenait la famille. Il lui devait ne serait ce que le respect, la reconnaissance et oui, l’amour. Nombreux sont ici dehors, qui ne demande qu’à avoir une maman comme celle là… ».
Alors que les carillons de la nouvelle année retentissaient, il s’est mis à genou devant sa maman pour lui demander pardon : « le 31 Décembre, il est entré dans la chambre, s’est mis à genou devant moi et m’a demandé pardon. Il a promis qu’il allait abandonner la drogue, qu’il n’allait plus jamais me répondre n’importe comment et aussi, qu’il allait être l’homme de la maison. Qu’il n’allait plus jamais s’en prendre à ses frères. Mon fils pleurait et, je lui ai pardonné en le prenant dans mes bras, en lui disant que je l’aime et que s’il le veut vraiment, il va s’en sortir… ».
Tout au long de ce reportage, cette femme, peut être vieillie avant l’âge avait les larmes aux yeux. Des larmes qui perlaient à travers des cils qui cachent un regard éteint, parce que désormais, elle va porter une étiquette : C’est la maman du meurtrier du professeur de mathématiques du lycée de Nkolbisson.
Difficile.
Nicole Ricci Minyem