Depuis cette rentrée scolaire cette mesure est entrée en application.
Alors que certains parents pensaient encore à une farce, c’est dans les librairies et points de vente de manuels scolaires, qu’ils ont compris que la politique du livre unique par matière est une réalité au Cameroun depuis cette année scolaire. Les listes des ouvrages retenus au programme sont les mêmes sur toute l’étendue du territoire national. Dans sa posture de Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire, le Pr Marcellin Vounda Etoa revient sur combat qu’il a mené et qui a conduit aussi à l’adoption d’un ouvrage par matière.
«J’en suis arrivé-là par la découverte d’un manuel inscrit sur les listes officielles qui était truffé de fautes et ma curiosité a été piquée par plusieurs autres que j’ai découvert par la suite. Auparavant j’avais déjà dénoncé un ensemble de dérives par la publication d’un article sur un livre inscrit au programme scolaire, à savoir le recueil de poème de Guillaume Apollinaire qui faisait l’apologie de l’homosexualité. J’ai donc pris conscience qu’il y avait quelque chose à creuser et c’est après que j’ai découvert que l’ampleur du problème était grande. Et le premier constat était le non-respect de l’arrêté du Premier ministre du 4 janvier 2002 qui restituait la pluralité du manuel scolaire, mais avait arrêté un ou deux manuels par matière, le but étant de créer une saine émulation entre les éditeurs pour stimuler les efforts face à la concurrence. Mais cette approche a pris une autre tournure et le nombre du manuel s’est multiplié au gré de tous ceux qui avaient un ouvrage à proposer, écumant les lycées et les collèges et réussissant par des moyens suspects à les inscrire sur les listes avec la complicité des chefs d’établissements. Pour crier ma révolte j’ai écrit un livre pour dénoncer le mercantilisme qui s’était emparé du système éducatif à tout le moins dans le circuit des manuels scolaires», explique Marcelin Vounda Etoa, dans le journal Afrique gouvernance.
Pour ce qui est des critères sur lequel les autorités se basent pour opérer le choix du livre unique à programmer par matière, la circulaire de Philemon Yang avait précisé les axes devant servir à l’évaluation. «Cette critélogie a trois axes principaux: le premier concerne l’évaluation physique du manuel et ces aspects étaient noté sur 25 points. Il s’agit du façonnage et de la finition de l’ouvrage. Nous retiendrons qu’un livre cousu est plus résistant et plus adapté à notre environnement qu’un livre collé qui sèche et dont les feuilles sautent par la suite. Le deuxième critère porte sur le prix du livre. Dans les anciennes grilles d’évaluation des manuels scolaires, le prix du livre était noté sur 10 points. Nous avons fait passer le nombre de points pour le prix du livre à 25. C’est pour cette raison que les éditeurs pour être dans la course étaient obligés d’avoir un prix compétitif ne sachant pas quel était le prix de leur concurrent», ajoute le Secrétaire permanent du Conseil de l’agrément du manuel scolaire. A ces critères s’ajoutent ceux concernant l’aspect éthique à préserver et le respect de l’approche pédagogique dans l’évaluation des contenus et le niveau de langue.
Pour les parents la politique du livre unique par matière reste à saluer. Ils affirment que c’est avantageux pour eux parce qu’ils ont la possibilité, d’acheter à moindre coût, l’ensemble des fournitures scolaires des enfants. Ce qui n’était pas le cas lors des précédentes années scolaires. De leur point de vue la mesure va permettre de mettre fin au mercantilisme observé dans le secteur des manuels scolaires. Les parents ayant souvent été contraints à acheter plus d’un ouvrage par matière.
A titre de rappel, c’est le 23 novembre 2017, que Philemon Yang le Premier ministre a signé l’arrêté relatif à l’utilisation d’un livre par matière. «Dans le respect des spécificités de chaque sous-système éducatif, toute discipline inscrite au programme officiel doit être dispensée sur toute l’étendue du territoire national au moyen d’un seul manuel scolaire pour chaque matière. Seul cet ouvrage doit être utilisé par les apprenants pour la matière considérée», pouvait-on lire dans ledit arrêté. Le PM avait précisé que dorénavant la durée de validité du livre et du manuel scolaire, est de six années.
Liliane N.