"Le cabinet Dupond-Moretti et Vey a saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, à Genève, de la situation des trois principaux leaders de l’opposition camerounaise et de leurs partisans détenus depuis plus de deux mois dans des conditions arbitraires", ajoutent les avocats dans un communiqué relayé par l'AFP.
Le cabinet d'avocats parisiens affirme que Maurice Kamto, Albert Dzongang, Paul Eric Kingue et 150 de leurs partisans et alliés, "ont été arrêtés de manière totalement illégale, sous des prétextes divers masquant en réalité une volonté de répression politique".
Les avocats rappellent que ces opposants sont inculpés "d'insurrection, rébellion et hostilité contre la patrie (...) encourant à ce titre la peine de mort". Ils se trouvent "en détention provisoire dans le cadre d’une instruction ouverte près le tribunal militaire de Yaoundé, en violation de l’interdiction pour un tribunal militaire de juger des civils qui s’impose en droit camerounais".
"Au regard de l’inefficacité de tout recours interne et de l’opposition des autorités camerounaise à toute forme de dialogue", les prisonniers demandent à l'ONU, par la voix de leurs conseils, "de constater les graves manquements à leurs droits les plus élémentaires et demandent leur libération immédiate".
Président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et avocat de renom, Maurice Kamto a été arrêté avec environ 150 manifestants à la suite d'une marche pacifique le 26 janvier. Ils protestaient contre la victoire du président sortant, Paul Biya, 86 ans dont 36 au pouvoir, à la présidentielle de 2018, qualifiée par M. Kamto, qui avait qualifié la victoire de "hold-up électoral".
L'avocat français Eric Dupont-Moretti, ténor du barreau de Paris, s'était rendu mi-mars à Yaoundé pour y rencontrer Maurice Kamto dans sa prison.
"Nous voulons apaiser une situation qui est ubuesque et qui peut se régler avec un peu de bonne volonté", avait-il déclaré, ajoutant : "Me Kamto redit par ma voix qu'il est tout à fait prêt à discuter avec le président Biya".
Début mars, l'Union européenne, puis l'ONU et les Etats-Unis s'étaient tour à tour interrogés sur le bien-fondé de la procédure contre M. Kamto.
Otric N.
Ces dernières ont été condamnées à douze mois de prison ferme, pour attroupement, réunions et manifestations. Le verdict est tombé aux alentours de 19h30 au tribunal de première instance, centre administratif, ce lundi 11 mars.
Comme lors des précédentes audiences, la cour était pleine à craquer, des militants de cette formation politique, des membres de la famille et de quelques curieux qui ont, depuis l’arrestation des militants et sympathisant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun depuis le mois de janvier, ont apporté des soutiens multiformes aux personnes incarcérées.
Après l’énoncé du verdict, ceux qui ont été déclarées « non coupables » sont heureux de respirer à nouveau l’air de la liberté, mais, l’on sentait comme une réticence, un blocus qui leur interdisait de se laisser complètement aller au bonheur. On ressentait beaucoup plus, la peine de laisser derrière eux, leurs camarades de misère, ceux qui, depuis le début de l’année, partagent les mêmes cellules, dans la maison d’arrêt de Kodengui.
C’est la même ambiance, au sein du collectif des avocats, pour qui, les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun n’ont commis aucun crime. Pour Me Sylvain Souop : « Des gens ont marché. Les voilà qui sont condamnées, 60 ans après les indépendances, on est poursuivi pour avoir marché. Il arrivera un jour dans ce pays où le simple fait de respirer sera considéré comme une infraction ».
Le rapport de la défense présenté par le collectif des avocats du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun
C’était en fin de semaine dernière, dans la capitale politique camerounaise. Long de sept pages, les avocats de Maurice Kamto et Cie, il est entre autres, ressorti que 37 personnes font l’objet d’une procédure en flagrant délit au Tribunal de première instance (Tpi) de Yaoundé-centre administratif.
Parmi elles, 15 sont plus ou moins liées au Mrc et 22 à l’affaire de la Migration pour le développement en Afrique (Mida), inculpées sans distinction les 30 janvier 2019, 1er et 2 février 2019.
Sur les 203 personnes arrêtées, 152 étaient poursuivies devant le Tribunal militaire dont 130 détenues dans les prisons de Yaoundé : 8 personnes détenues à la prison principale et 122 à la prison centrale.
Pendant cette séance d’échange, le conseil des avocats a tenu à attirer l’attention sur certaines situations jugées préoccupantes. 104 demandes de mise en liberté ont été déposées selon le rapport, à partir du 19 février auprès du juge d’instruction militaire. La suite est toujours attendue sans qu’on ne sache si elles ont été rejetées ou accordées. Face à ce qui précède, le collectif dénonce le « non respect des droits fondamentaux » des détenus et « l’ingérence inacceptable suivie d’obstruction des autorités administratives dans la conduite des procédures judiciaires ».
Les Patrons chrétiens demandent la libération de leurs pairs pour diverses raisons.
Le 7 mars 2019, les Patrons et dirigeants chrétiens (Padic) une sorte de patronat d’obédience chrétienne, a donné une conférence de presse pour parler de la détention « prolongée » de leurs pairs, arrêtés dans le cadre des marches blanches du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) qui ont eu lieu le samedi 26 janvier dernier.
Le Padic souhaite que Jean-Baptiste Homsi le fondateur et premier président de la branche africaine de l’Union internationale des associations patronales chrétiennes (Uniapac), Nana Simo le président de la section Mère Theresa et chef d’entreprise basé à Douala et M. Nadjo l’ancien président de la section Shalom et ancien trésorier national du Padic par ailleurs chef d’entreprise retrouvent la liberté. « Au stade actuel des enquêtes, leur liberté provisoire ne peut nuire à la manifestation de la vérité », ont déclaré les émissaires du Padic, François Kitio et Pierre Boubou qui ont tenu ladite conférence de presse.
Soulevant l’aspect professionnel, ils indiquent que «comme tout chef d’entreprise, ils sont tenus de remplir leurs obligations fiscales au plus tard le 15 mars 2019. Leur détention les empêche de le faire. Par conséquent l’Etat subit lui-même un préjudice, non seulement en raison des impôts non payés, mais aussi en termes de risque de mise en chômage de leurs employés, en raison de leur indisponibilité…». Le Padic se dit prêt «au cas où les garanties de représentation présentées…et proposées par leurs familles n’étaient pas suffisantes, de se constituer garants pour ses dirigeants ». Leur démarche a été portée à l’attention du président du Tribunal militaire de Yaoundé.
A titre de rappel, Roland Medeiros le président de l’Uniapac international a écrit une correspondance au président de la République le 22 février 2019. Il a dans sa lettre sollicité une « grâce de mise en liberté provisoire» de Jean-Baptiste Homsi. Parlant de ce dernier, il a écrit « à l’Uniapac, toutes les personnes qui le connaissent s’accordent à dire que c’est un homme bon, d’une honnêteté scrupuleuse, d’une foi profonde et épris de justice. Nous recevons chaque jour les messages de toute la communauté mondiale de l’Uniapac qui est en émoi et qui s’inquiète pour lui ».
Tout en indiquant qu’il n’est pas question que le patronat fasse une ingérence dans les affaires du Cameroun, Rolando Medeiros a affirmé placer sa confiance aux institutions et à la démocratie. «Certes nous n’avons pas à nous immiscer dans les affaires de votre Etat mais nous sommes confiants dans les institutions et la démocratie du Cameroun », écrit-il.
Liliane N.