L’homme politique Célestin Bedzigui affirme que le Cameroun aurait pu tirer un grand profit de Christian Penda Ekoka.
Du fait des relations qu’il a eues dans le passé avec Christian Penda Ekoka, l’homme politique Célestin Bedzigui ne s’est pas retenu de rendre un vibrant et émouvant hommage à celui-ci. Pour lui, il est clair que le fondateur du Mouvement Agir/Act avait une parfaite maîtrise de l’économie camerounaise. Il en connaissant la profondeur que toute autre personne dans notre pays.
Pour Célestin Bedzigui, Christian Penda Ekoka était un intellectuel avec de fortes valeurs. Lors de l’élection présidentielle de 2018, il aurait bien pu rendre public certaines informations dont il a eu accès quand il assumait la fonction de conseiller du président de la République. Cependant, il s’est retenu de le faire. Le président du parti politique PAL, pense que le Cameroun aurait dû tirer un grand avantage de Christian Penda Ekoka.
Retrouvez ci-dessous la correspondance de Célestin Bedzigui
« ELOGE: Christian Ekoka, un chêne qui s’écroule »
Un chêne s’est écroulé sur moi ce matin… Et je reste hébété, ma plume séchée entre les doigts pour lui adresser un mot d’au-revoir…
C’est la sensation que j’ai ressentie en apprenant la disparition de » Christian »… Un chêne de la pensée économique et financière, de la connaissance des structures et du fonctionnement de l’économie camerounaise s’est effondré. Personne autant que lui n’avait la profondeur praxeologique et axiologique de ce domaine dont il était un passionné. C’est cette passion nourrie par un patriotisme exalté et exhalant qui le précipiteront dans le chaudron de la politique kamer qui est un ogre à haïr et à broyer les intelligences affirmées.
Alors qu’ils en ont un grand besoin pour suppléer à l’ essoufflement des théories du siècle dernier, le Cameroun et d’Afrique viennent de perdre un vrai maître de la réflexion sur les transformations structurelles nécessaires pour inscrire nos pays sur la trajectoire du développement qui exige réalisme, pragmatisme, expertise, des atouts dont Christian Penda Ekoka avait la pleine possession.
Cet aristocrate dans la posture d’opinion et dans l’action, il fallait le découvrir comme j’en ai eu le privilège. A travers l’amitié d’abord… Nos chemins professionnels se sont croisés lorsque je me suis retrouvé Impliqué par la SNI dans une aventure qui a tourné court du fait d’un conflit entre actionnaires de la Nobra pour ceux qui s’en souvienne, aventure visant le redressement de cette société dont j’avais été nommé DGA au titre de participation de l’État nouvellement entré au capital dans le cadre de sa restructuration associant les Danois de DanBrew.
L’aventure ayant tourné court au bout de cinq mois seulement M. Ngan Yonn, DG de la SNI, voyant que je me retrouvais à 32 ans, à l’âge où certains commencent leur carrière en situation de panne ou de fin de carrière m’avait proposé d’ être inscrit dans le roadster des Cadres Dirigeants en attente d’ une nouvelle mission en restant en bivouac à la Direction des Etudes dont Ekoka était le patron. Et lorsque je serai introduit dans son bureau, Christian a saisi de suite le désarroi qui était le mien, d’autant plus que un an auparavant, j’avais recruté son petit-frère comme cadre commercial à la SABC où j » étais Directeur Régional des Ventes.
C’est pourquoi que sans hésiter, il m’invitera à partager son bureau au lieu » que l’on me casse n’importe où « … J’ai bien sûr décliné l’offre et lui disant que je préférais aller ouvrir un cabinet de consulting. Et c’est lui qui, alors qu’il avait par ailleurs son propre cabinet conseil, par son entregent, m’introduira et me soutiendra dans le système des Agences Onusienne et la Banque Mondiale où pendant une dizaine d’années mon cabinet Global Consulting, Associates prestera…
A travers la classe intellectuelle ensuite. Lorsque pendant la campagne présidentielle d’ Octobre 2018, nous, tous deux experts en matière économique des deux candidats proéminents, lui pour Maurice Kamto, et moi pour Paul Biya, avons eu à nous affronter dans un débat à la télévision, il a su garder de la hauteur dans les échanges, se limitant aux critiques rationnels sans verser dans le dénigrement, alors que la position qu’il avait occupé à la Présidence de la République lui avait donné l’accès à des informations dont il aurait pu se servir pour noircir d’avantage le rival de son candidat.
A travers le patriotisme enfin. Lorsqu’au moment de l’explosion de la pandémie de la COVID 19, j’ ai sollicité de son mouvement AGIR un don de matériel de prévention au profit des populations. Christian a donné suite sans délai alors que certains interprétaient ce rapprochement entre nous comme contre- nature voire une trahison.
Je me souviens par exemple que dans les jours qui ont suivi, ayant voulu rencontrer le DG de la CRTV pour pousser le dossier d’un neveu, celui m’a sms, alors que nous avons toujours familiers: » Célestin, tu es allé trop loin, nous ne pouvons plus nous parler ». Pas moins!!!!!! Je suppose, à travers cet exemple, que dans son camps, Christian s’est vu infliger les mêmes manifestations d’intolérance qui pourraient expliquer les bruits de casseroles entendus quelque fois… Et comme il avait de la retenue …
Ce tableau n’a fait qu’esquisser les faces multiples de Christian Ekoka Penda dont il faut le dire, le Cameroun aurait du tirer un très grand avantage, mais hélas…Et certains seraient portés à évoquer les mauvais traitements de l’incarcération arbitraire dont il a été victime pendant des mois comme cause de la fragilisation qui a fait le lit de ce » cancer du pancréas » et qui l’emporte aujourd’hui.
Est-il donc vrai que les meilleurs partent les premiers ??? Christian Ekoka était l’un des meilleurs. Il a mené le bon combat. Repose en Paix, Vieux Frère!