Il permet selon les chercheurs de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, de traiter certains cancers hématologiques très agressifs. Et il fait déjà ses preuves…
Depuis l’été dernier, cette institution s’est lancée dans un nouveau traitement contre deux cancers hématologiques très agressifs : les lymphomes B diffus à grandes cellules et les leucémies aigües lymphoblastiques, qui affectent surtout les plus jeunes.
Sur les huit patients ayant déjà reçu des CARTT-Cells, ces super-cellules réarmées pour combattre les cellules tumorales, six sont en rémission indiquent les équipes en charge de cette immunothérapie cellulaire. Un neuvième patient est en cours de traitement. Tous étaient en rechute ou réfractaires aux chimiothérapies.
« C’est un espoir, les taux de réponse sont impressionnants et vont de 70 à 80 % ce qui était impossible avec un traitement classique. Pour nous, c’est vraiment une révolution car nous étions en dernière ligne thérapeutique sur le plan curatif », avance le docteur Anne Huynh, hématologue sur le site de l’Oncopole, l’un des sept sites en France à proposer cette solution.
Génétiquement modifiées aux Etats-Unis
Pour gagner cette bataille, au sein de l’Etablissement français du sang, une infirmière prélève sur le patient des lymphocytes T, ces globules blancs qui jouent un rôle majeur dans la défense immunitaire. Ils sont envoyés dans des laboratoires aux Etats-Unis pour être transformés génétiquement, leur donnant ainsi des super pouvoirs.
Réarmées, ces cellules reviennent un mois plus tard sur le sol français dans des cuves à -180°. Elles sont ensuite réinjectées aux malades, préparés à l’Oncopole pour recevoir le traitement. Et c’est là que leur combat contre les cellules cancéreuses débute. Après les avoir traquées, elles se multiplient, histoire d’occuper le terrain et éviter que les méchantes cellules reviennent à l’attaque.
Des risques gérés
Comme dans toute bataille, elle ne se fait pas sans dommage : « Après l’injection de CART-T Cells, nous gardons le patient parce qu’il y a deux complications possibles. Cela peut-être un relargage de cytokines, ce qui entraîne de la fièvre, de l’hypotension ou encore une défaillance respiratoire. Il y a aussi un risque de toxicité neurologique avec des maux de tête. La majorité des patients ont présenté des complications, mais nous avons résolu 100 % des symptômes, c’est gérable », souligne le docteur Pierre Bories, coordonnateur pour l’hématologie du réseau Onco – Occitanie – Ouest.
Des risques dont sont informés les malades mais qui valent le coup d’être pris. Pour ces patients, la probabilité de survie à ces cancers est de 10 %. Grâce aux premiers traitements réalisés aux Etats-Unis, on sait qu’au bout de trois ans, 40 % de ceux qui ont reçu des CAR-T Cells sont toujours en vie. « Ce qui est intéressant, c’est qu’ils n’ont pas rechuté et qu’on a l’impression qu’ils sont guéris. Au-delà d’un certain temps, ils retrouvent une activité quasi-normale », poursuit Pierre Bories.
Cette avancée thérapeutique majeure est très technique et très chère, puisqu'il faut compter 350 à 400.000 euros pour chaque patient. Mais elle pourrait bientôt voir son coût se réduire puisqu'un laboratoire français est en train de faire un essai clinique pour produire ses propres CART-T Cells. Plus la peine d’envoyer les cellules Outre-Atlantique du coup.
Il pourrait aussi concerner d’autres types de cancer, notamment les patients atteints de myélome. L’Institut universitaire du cancer est sur les rangs pour en faire profiter les malades de la région atteints de cette pathologie et réfractaires aux autres traitements. Cette année, 50 à 60 patients pourraient ainsi être traités à Toulouse avec des CAR-T Cells.
N.R.M