Le gouvernement va étudier les modalités du retour volontaire de ces réfugiés nigérians qui sont dans le camp de Minawao dans la région de l’Extrême-Nord.
C’est pour parler du retour volontaire de 5000 réfugiés nigérians installés au camp de Minawao, que Paul Atanga Nji le Ministre de l’Administration territoriale (MINAT) va se rendre ce 9 février 2021, dans la région de l’Extrême-Nord. Le MINAT une fois sur place, va se concerter avec le gouverneur de l’Etat de Borno au Nigéria et les responsables du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR).
Il convient de préciser que les 5000 réfugiés nigérians qui souhaitent rentrer dans leur pays, sont installés à Minawao depuis 7 années. Les données du HCR révèlent que le camp de Minawao qui se trouve dans le département du Mayo-Tsanaga, accueille aujourd’hui plus de 67 000 ressortissants nigérians. Ceux-ci viennent particulièrement des zones touchées par la secte terroriste Boko Haram. Ces zones sont les Etats de Borno qui constituent 96% de la population du camp et de l’Adamaoua qui est à 3% de la population du camp. La population en question est composée de 62% des personnes de moins de 18 ans, avec 54% des femmes et des jeunes filles.
Un rapport du HCR publié en juin 2020 indique que «ouvert depuis juillet 2013 pour répondre à l’afflux massif des réfugiés nigérians vers le Cameroun, le camp de Minawao continue de recevoir en moyenne plus de 870 nouvelles personnes par mois. Il faut noter que cette moyenne diminue progressivement entre mars et avril avant de connaitre son pique généralement entre novembre et le mois de janvier de l’année suivante».
Pour revenir donc au gouvernement, il faut souligner qu’en mars 2017, le gouvernement a signé avec le Nigéria et le HCR, un Accord Tripartite pour le retour volontaire des réfugiés nigérians vivant au Cameroun.
Liliane N.
Ce retour au pays natal du premier contingent a eu lieu en présence des autorités nigérianes, camerounaises et du HCR dans le cadre de l’accord tripartite qui les lie.
Le tout premier contingent des réfugiés nigérians constitué de 135 personnes, à bord d’un avion de la Nigeria Air Force (NAF) 917, a décollé de Maroua jeudi dernier à 16h pour le retour au pays natal, le Nigéria. C’était en présence d’une forte délégation d’autorités de la république fédérale du Nigéria, conduite par la ministre des Affaires humanitaires, de la gestion des catastrophes et du développement social, Hajia Sadiya Umar Faruk et des autorités camerounaises avec comme tête de file le gouverneur de la région de l’Extrême- Nord, Midjiyawa Bakari et bien évidement les responsables du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) dont Mylène Ahounou est chef de la sous-délégation de Maroua.
« Beaucoup d’émotion au cours de cette cérémonie d’au revoir. Entre la joie de retrouver leur terre natale et la douleur d’abandonner des personnes avec lesquelles l’on avait commencé à se familiariser, les sentiments étaient partagés chez ces 135 premiers volontaires », commente Cameroon Tribune. Certains n’ont du reste pas manqué d’écraser des larmes au cours de cette cérémonie. Cependant, chez les personnels chargés de procéder à cette opération, l’on veillait à ce que tout se passe très bien.
Ce voyage qui inaugure le retour des réfugiés nigérians en séjour au Cameroun depuis 2013 suite aux exactions de Boko Haram permet de constater le retour de l’accalmie dans certaines localités jadis sous le joug des terroristes. Ce premier départ, par voie aérienne, est la concrétisation de l’accord tripartite signé entre le Cameroun, le Nigeria et le HCR le 2 mars 2017.
Ce contingent est constitué de Nigérians originaires de l’Adamawa State qui vivaient dans l’Etat de Burnu à la naissance du conflit. Leur retour vers le Nigeria devait les mener vers Yola, capitale du Burnu State avant d’être acheminés vers leurs lieux de résidence définitive. « Tous ceux qui voudront repartir seront pris en charge progressivement jusqu’à rapatriement complet des volontaires », a indiqué l’émissaire du gouvernement nigérian.
En termes d’assurance et d’intégration de ces réfugiés, en dehors des conditions liées à l’accès aux services sociaux de base qui ont été prises. « Ils auront dès leur arrivée, des kits d’accueil, des appuis financiers et même des lots de terre pour redémarrer leur vie », a précisé la ministre Hajia Sadiya Umar Faruk. Voilà pourquoi elle a tenu à remercier l’Etat du Cameroun pour cette hospitalité remarquable et a souhaité que ce partenariat perdure.
Otric N.
Tous sont impatients de retourner au pays natal après avoir bénéficié, pendant cinq ans, de l’hospitalité camerounaise. «Je rends grâce à Dieu pour sa protection. Moi, ma femme et mes deux enfants avons eu la vie sauce grâce à Dieu. Merci aussi au gouvernement camerounais et à toutes les ONG qui nous ont soutenus pendant ces moments difficiles. Aujourd’hui, nous voulons repartir à zéro et nous espérons que tout va bien se passer chez nous au Nigéria», confie ATIKU, chef de ménage au Camp de Minawao, dans un reportage diffusé sur la Crtv.
Au cours de la réunion préparatoire à ce rapatriement volontaire tenue récemment à Maroua, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord a indiqué que le gouvernement camerounais a pris toutes les dispositions pour faciliter le déroulement de cette activité.
« Sur le plan logistique et sécuritaire, toutes les ressources ont été mobilisées pour transporter en toute quiétude ces réfugiés du Camp de Minawao à l’aéroport International de Maroua Salak. L’autorité aéronautique et les ADC ont donné leur accord de principe. Le Préfet du Mayo-Tsanaga et le Sous-préfet de Mokolo sont à pied d’oeuvre et travaillent étroitement avec le HCR pour permettre aux réfugiés de rentrer avec tous leurs biens », a précisé Midjiyawa Bakari.
Au camp des réfugiés de Minawao, les préparatifs du rapatriement volontaire vont bon train. Une délégation officielle des responsables nigérians est attendue dans la région de l’Extrême-Nord le 27 avril prochain pour les dernières modalités de rapatriement.
Rappelons toutefois qu’en février dernier, près de 30.000 nigérians ont traversé le fleuve El-Beid, frontière naturelle entre le Cameroun et le Nigeria, pour échapper aux atrocités de Boko Haram. Ces réfugiés s’ajoutaient ainsi aux 9000 autres qui les avaient précédés une semaine avant.
Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) qui a appelé le Cameroun à « garder ses frontières ouvertes » pour accueillir ces civils, près de 100.000 personnes ont fui leurs domiciles dans le Nord-est du Nigeria depuis novembre 2018.
Il y a deux mois, l’ONU a lancé un appel à financement de 848 millions de dollars pour des projets humanitaires dans cette partie du Nigeria. 135 millions de dollars supplémentaires seront nécessaires pour venir en aide aux 228,500 citoyens de ce pays, réfugiés au Cameroun, au Tchad et au Niger.
Otric N.