La décision a été prise Vendredi dans l‘État de Benue au centre du Nigeria par l’ordre des pharmaciens, qui exigent que les promoteurs de ces officines se conforment à la réglementation en vigueur dans le pays.
D’après le PCN, c’est le résultat d’une mission d’inspection effectuée dans le dessein d’assainir le secteur, car il était temps, au regard du risque encouru par les consommateurs qui se recrutent au sein de la population la moins nantie : « À la fin de l’exercice, un total de 556 établissements ont été visités et 387 ont été fermés », a déclaré Anthonia Aruya, la responsable du PCN. C‘était au cours d’une conférence presse animée dans la ville voisine de Makurdi.
Qui a par ailleurs ajouté : « Notre initiative vise à rationaliser la chaîne de valeur de la distribution de médicaments, afin de promouvoir la fourniture de médicaments sûrs, efficaces et de qualité distribués dans des locaux enregistrés et actuellement agréés… ».
La responsable du PCN a ainsi demandé aux populations de s’assurer de la conformité d’une pharmaceutique aux normes avant d’acheter des produits.
Reste à savoir si ces initiatives vont s’inscrire dans la durée, dans un pays qui est également malade de la corruption (36è place dans le continent et 148è dans le monde selon Transparency International).
Le Cameroun, marché ouvert est lui aussi envahi par ces médicaments venus principalement du Nigéria. Ils sont nombreux, bien que des mesures gouvernementales soient prises, ces « docta » qui vendent leur poison sans demander la moindre ordonnance et à un prix beaucoup plus bas que dans une pharmacie agréé.
Dans une enquête menée récemment, l’on s’est rendu compte par exemple qu’il est très facile d’acheter une pilule de Cytotec, un médicament contre l’ulcère de l’estomac mais dont l’utilisation est détournée notamment pour l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et le déclenchement d’accouchement.
Un fait que regrette Landry Kouam, pharmacien : « Cela vaut aussi pour des anxiolytiques comme le Rivotril ou le Diazépam, qu’on peut acheter dans la rue, ce n’est pas sérieux ! C’est le pharmacien qui doit avoir le monopole du médicament. Certaines des caméras cachées sont même réalisées dans des pharmacies d’hôpitaux, qui ont parfois les mêmes fournisseurs que les vendeurs de la rue…J’ai aussi fait ces vidéos pour pouvoir comparer les prix. Logiquement les médicaments illicites sont vendus beaucoup moins cher et nous avons constaté que la plupart viennent du Nigéria voisin. On les amène au Cameroun et comme le contrôle n’est pas fait convenablement, ceux qui les vendent ne mesurent pas vraiment les risques… ».
Il ajoute : « Par exemple, je vends de l’Efferalgan: médicament à base de paracétamol pour le traitement des douleurs légères] à 1 300 francs CFA, mais quelqu’un d’un peu malade qui se rendrait jusqu’à ma pharmacie pour en acheter peut en trouver à 800 francs dans la rue sur le chemin !
La vente des médicaments illicites est un commerce dangereux et nuisible aux professionnels. De récentes études indiquent que 42 % de produits pharmaceutiques « inférieurs » sont vendus au Nigéria, au Cameroun et au Mali.
En outre, près de 100 000 décès par an sont liés au commerce de médicaments contrefaits. Le groupe de réflexion britannique International Policy Network estime que les faux antituberculeux et antipaludiques sont à l’origine de 700 000 décès par an dans le monde, l’équivalent de « quatre avions gros-porteurs remplis de passagers s’écrasant chaque jour ».
C’est conscient de ce qui précède que le ministre de la santé, Malachie Manaouda, a annoncé le 10 juillet 2019, la future mise en place d’une brigade chargée spécialement de la saisie et destruction systématique de ces médicaments et produits. Une décision qui, on l’espère va faire disparaitre complètement ce fléau.
Nicole Ricci Minyem
Selon les spécialistes en charge de la santé dans la capitale régionale du Nord, la vente illicite des médicaments fait donc partie du quotidien des populations qui s’en accommodent, d’autant plus qu’il leur semble que ces gélules, comprimés, cachets et sirops achetés a la sauvette sont moins onéreux que ce que les pharmacies légales proposent. Hamadou Dibe pharmacien dans la ville de Garoua, explique la prolifération de ce commerce :
« Le constat est clair, depuis un certain temps, La pharmacie des centres de santé de Garoua n’attirent plus et pour cause : les petits vendeurs ambulants des médicaments de cette localité sont omniprésents. Désormais, les malades, face à une ordonnance se tournent plutôt vers ces pharmaciens sauveurs », affirme le chef de district de santé de Garoua 2eme.
« Le chômage qui tenaille les jeunes autochtones et la pauvreté dont souffrent les populations de la ville de Garoua, poussent des jeunes diplômés ou non afin de joindre les deux bouts à se livrer à cette activité de vente de médicaments de la rue qui vraisemblablement rapporte, puisque la demande est forte ! », renchérit-il.
Pourtant les médicaments de la rue ne présentent aucune garantie. Il peut s’en suivre un risque d’intoxication, car il est impossible de connaitre leur origine.
Excepté, certains médicaments s’avèrent efficaces ; comme pour dire chez certains ; on trouve une garantie pour la santé. Souffrante d’un mal de tête, Fadimatou se souvient avoir acheté du "Doliprane" qui l’a soulagé. Contrairement, Moussa s’est procuré du "Paracétamol" qui avait plutôt les effets du Tramol.
La confusion est grande. Face à ses constats, la nécessité de sensibiliser sur les génériques et de dissuader les populations d’acheter ces produits dangereux s'impose, d’autant plus qu’à la pharmacie des centres de santé il est possible d'acheter des médicaments génériques à moindre coût. Il faudrait juste que la population de Garoua et ses environs soient informés.
Pour les adeptes de ces artères, ils doivent faire preuve de sagesse. Comme l’a souligné Hamadou Dibe : « La santé n’a pas de prix, alors êtes-vous convaincus que ces produits que vous avez à moindre coût ne vont pas compliquer davantage votre état ? ».
Félix Swaboka