« Quinze corps de victimes du naufrage d’une pirogue motorisée sur le lac Kivu, dans l’est de la RDC, ont été retrouvés samedi sur la plage municipale de Gisenyi, localité rwandaise frontalière de la ville congolaise de Goma », ont indiqué des responsables de la Croix-Rouge et la police marine rwandaise qui se sont attelées à récupérer les dépouilles.
« Nous avons mobilisé cinq bateaux de sauvetage et nous avons commencé le travail très tôt le matin à 06h30 en collaboration avec la police marine côté rwandais. Au total, nous avons retrouvé quinze corps : treize femmes et deux hommes... », a précisé au micro de RFI, Dyrckx Dushime, président de la Croix rouge rwandaise pour le district du Rubavu, qui se trouvait sur les lieux.
Alerté dans la nuit de vendredi à samedi, les autorités congolaises et la coopération se sont rapidement mises en place notamment pour rapatrier les dépouilles mortelles. Neuf corps ont donc d'ores et déjà été rapatriés et inhumés samedi à Goma. « Nous avons été alertés dans la nuit de vendredi à samedi qu'il y avait des corps naufragés qui flottaient sur l'eau du côté Rwanda à partir de ce moment-là, nous avons commencé des pourparlers avec les autorités locales rwandaises mais en impliquant aussi les autorités centrales. Sur la base de ces échanges, nous avons récupéré neuf corps que nous avons pu enterrer à Goma. » A expliqué le gouverneur par intérim du Nord-Kivu, Me Feller Lutaichirwa.
Des sacs de plastique blanc, contenant les corps, étaient chargés à bord d'un camion par des agents de la Croix rouge sur cette plage habituellement lieu de détente pour les Rwandais et les Congolais le week-end.
Pour rappel, le naufrage d'une embarcation entre Goma et les montagnes du Kalehe, dans la province du Sud Kivu, avait endeuillé une centaine de familles, d'après le président de la République Félix Tshisekedi. Le bilan exact reste cependant incertain car la liste officiel des passagers n'est guère fiable et omet les clandestins.
Le président congolais qui s’était rendu jeudi par hélicoptère dans le village de Mukwidja, avait annoncé avoir ordonné une enquête visant le patron de l'embarcation. Il avait également décidé du port obligatoire de gilets de sauvetage par les passagers voyageant sur le lac Kivu.
Les recherches se poursuivre. Le gouverneur par intérim a par ailleurs précisé que les équipes de la force navale congolaise, celle du Rwanda ainsi que les deux Croix-Rouge restent mobilisées. « Nous serons vigilants dans les prochains jours », a-t-il indiqué.
Danielle Ngono Efondo
Une pirogue en bois motorisée, voyageait entre Goma et le territoire de Kalehe au moment de son naufrage. Une source sécuritaire à Kinshasa parlait mercredi soir de 25 corps déjà repêchés. Un chiffre que le gouverneur par intérim du Sud-Kivu ne confirmait pas.
« Le drame s’est produit dans la nuit du 15 au 16 avril. Un bateau en provenance de Goma pour Kalehe avec à son bord plus de 100 personnes s’est noyé. Le bilan en perte de vies humaines n’est pas connu, mais il est très lourd », a indiqué un témoin à l’AFP.
Le travail de recherche est pour le moment confié aux pêcheurs locaux, en absence d’équipe de secours spécialisée sur place. Combien de personnes étaient à bord au total ? Un bilan provisoire communiqué mardi soir par la présidence congolaise faisait état de 150 disparus, mais « c’est difficile à dire », déplore le député local Vital Muhini. Les chiffres sont très difficiles à vérifier, puisque la pirogue ne disposait pas de manifeste en bonne et due forme.
Mardi, le chef de l’État s’est dit attristé et a promis que les responsables seraient « identifiés et sanctionnés » mais cela n’a pas empêché de nombreuses réactions indignées. L’opposant Moïse Katumbi fustige « l’irresponsabilité des gouvernements successifs », le mouvement citoyen Lucha « l’inexistence ou la vétusté des infrastructures », mais aussi la « quasi inexistence de services de secours et la corruption ». D’autres, enfin, réclament la réhabilitation urgente de la route Goma-Bukavu afin de désengorger le trafic sur le lac Kivu.
« La route Bukavu-Goma étant impraticable, la population a pris l’habitude d’aller à Goma par des pirogues motorisées. Le chef de l’Etat devait concrétiser sa promesse de réhabiliter la route Bukavu-Goma dans son programme de 100 jours afin de prévenir ce genre d’accident », a ajouté le témoin sur-cité à l’intention du président Félix Tshisekedi.
Le président congolais Félix Tshisekedi est attendu ce jeudi matin dans le territoire de Kalehe, lieu du naufrage qui a suscité l’indignation dans le pays. Mercredi soir 37 rescapés avaient été identifiés. Mais le bilan définitif du drame reste difficile à établir avec précision.
Source RFI