Au menu de ces travaux, apprend-on, le bilan de l’année écoulée et des propositions fortes pouvant permettre une massification des apprenants. Ceci, dans l’optique de faire appliquer la politique de vivre ensemble harmonieux, chère au président Biya. Mais sur le terrain, le problème d’insécurité entrave les objectifs, a-t-on reconnu.
D’après George Echu, le bilinguisme camerounais favorise le dialogue interculturel, brise les barrières des cultures et facilite la compréhension mutuelle. Il s’agit donc dès lors, d’adopter de nouvelles approches pour maximiser la formation des apprenants au bilinguisme. Un manuel d’anglais et français sera bientôt publié par la maison d’édition du programme.
Le bilinguisme officiel, convient-il de le souligner, a été mis en place en 1961, consacré dans la constitution fédérale. En 1990, le chef de l’Etat crée, par décret, les Centres de formation linguistique bilingue pilote de Yaoundé et Douala. Aujourd’hui, le Cameroun en compte 10 et deux annexes à Limbé et à Bonamoussadi à Douala. La tendance est d’étendre aux chefs-lieux de département.
Ainsi, dans la région de l’Est, l’on annonce l’ouverture bientôt de l’annexe de Yokadouma. « Ce que nous faisons est envié par beaucoup de pays à travers le monde. De plus en plus, dans les différentes rencontres majeures, à l’international, des Camerounais sont au premier plan, ils sont enviés, occupent des postes importants du fait de leur bilinguisme », a reconnu George Echu.
Le programme de formation linguistique bilingue contribue, au fil du temps, à former des citoyens camerounais ainsi que des expatriés à la maîtrise de l’anglais et du français. A Garoua par exemple, des Nigérians apprennent le français, des Tchadiens, l’anglais. Dans le centre d’Ebolowa, ce sont des Equatoguinéens qui se forment dans les deux langues officielles camerounaises. Sans oublier d’autres expatriés, travailleurs du secteur publics ou privé, soucieux d’exceller dans leurs secteurs d’activités.
Au Centre linguistique de Bertoua, d’après son directeur, Charles Asanji, 18 000 citoyens sont déjà formés depuis l’ouverture. Soit une moyenne de 1000 personnes par an.
Otric N.
Selon les autorités en charge de l’Education au Nord-Cameroun, les populations préfèrent le fulfuldé à l’anglais. L’anglais n’est pas la chose la mieux partagée dans la région du Nord où la langue officielle dominante reste le français. Ce constat a été fait il y a quelques semaines à Garoua, lors de la clôture de la semaine du bilinguisme, au collège Moderne de la Bénoué .
L’hymne national entonné en anglais a été proprement malmené. "C’est le Cameroun qui est bilingue et non les Camerounais. Même le français dépasse les élèves combien de fois l’anglais", relève ironiquement un enseignant du lycée Bilingue de Garoua . Le discours de lancement du délégué régional des Enseignements secondaires pour le Nord, a été partiellement rédigée en anglais.
Le délégué régional a servi en anglais à l’assistance des phrases détachées, le tout dans une lecture saccadée et émouvante. A l’analyse, la semaine du bilinguisme dans la région du Nord se réduit aux activités sportives, tables rondes, activités culturelles et autres ripailles pendant cinq jours. Même si l’inspecteur pédagogique régional chargé de la promotion du bilinguisme n’en est pas convaincu.
"La région du Nord compte plus de 20 écoles primaires bilingues, collèges et lycées. Chaque département dispose d’un établissement scolaire bilingue. C’est le signe de notre souci de la promotion du bilinguisme", déclare-t-il.
Toutefois, le quota d’heures allouées à la langue de Shakespeare dans les emplois du temps sont infines. Cinq heures de cours par semaine au Lycée de Pitoa. Par ailleurs, “Comment voulez-vous que les élèves soient bilingues lorsque ces derniers fuient les cours. D’abord qu’ils ont de la peine à s’exprimer en français. Ils préfèrent le fulfulde à tout. Bien sûr que le bilinguisme n’est pas l’affaire de tous les Camerounais, mais le cas de la région du Nord est grave", se plaint un enseignant de langue anglaise à Garoua.
La préférence des citoyens de la région du Nord, voire de toute la partie septentrionale du pays pour le fulfulde, langue véhiculaire plutôt populaire, repose le problème du multilinguisme au Cameroun et, partant, de l’appropriation d’une ou de plusieurs langues nationales comme langue officielle à côté des langues coloniales importées. Il est peut-être temps, face à la résistance des peuples du Cameroun à se voir imposer certaines langues, d’envisager comment prendre en compte les réalités linguistiques locales pour réinventer une pédagogie fonctionnelle de pénétration des langues officielles. Mais pour le moment, on est bien obligé de constater que c’est encore le rejet de l’anglais dans la région du Nord-Cameroun. Ce qui suscite des critiques d’observateurs avertis.
Dibe Hamadou , un parent d’élèves croit savoir qu’il n’existe d’établissement bilingue public que de nom à Garoua : "C’est deux blocs séparés. On enseigne en anglais dans l’un et en français dans l’autre. Cela ne promeut pas le bilinguisme". La proportion d’enseignants de langue anglaise dans la région du Nord-Cameroun est l’une des plus faibles du pays. Les écoles primaires ne disposent presque pas d’enseignant dans cette matière. "C’est chaque maître qui donne le cours d’anglais aux élèves. Ce n’est qu’au secondaire qu’ils peuvent véritablement connaître ce que c’est que l’anglais", confie un enseignant de l’école primaire.
Félix Swaboka