La tragédie s’est produite au lieudit Carrefour Yingui, dans le département du Nkam, sur la route Douala–Bonepouba-Yabassi, le dimanche 23 mai 2021.
Ce début de semaine au Cameroun est particulièrement marqué par des annonces tristes. Hier dimanche 23 mai 2021, un pick-up qui avait à son bord des étudiants de l’institut des Sciences halieutiques de l’Université de Douala, du campus de Yabassi, a fait des tonneaux sur la route Douala-Bonepouba-Yabassi. L’un des étudiants le nommé Alarou Arkalé Guy Laurent à bord de l’engin a perdu la vie. Il était un apprenant du niveau 1. Et il venait juste de passer les dernières épreuves des évaluations pour le compte du troisième et dernier trimestre de l’année académique 2020/2021.
«On a fini les évaluations samedi, il était question de monter pour aller en stage pour certains, ou en visite de terrain à Douala pour d’autres. On n’a été confronté à la difficulté de trouver une voiture. Celle que nous avons réservée, n’est pas arrivée à cause des pannes. Voilà comment on s’est retrouvé dans ce pick-up», a expliqué Gabriel Asseng, président de l’association des étudiants de l’ISH.
Selon des sources, le pick-up dans lequel, les étudiants se sont retrouvés transporte habituellement des marchandises et des animaux. Il n’était même plus en bon état.
«Nous n’avions pas le choix. Il n’existe pas d’agence de voyage ici, et quand vous ratez une occasion, vous pouvez attendre encore jusqu’à demain pour avoir une voiture», a expliqué un autre étudiant, rescapé de l’accident de voiture. «On voyageait avec la peur au vendre parce que les roux dandinaient, la voiture était en surcharge et le chauffeur filait», a déclaré sous anonymat un autre étudiant.
Alarou Arkalé Guy Laurent est le seul à avoir perdu la vie. Les autres s‘en sont sortis avec des blessures et sont actuellement en observation dans des formations sanitaires.
Liliane N.
L’ancien international camerounais, contrairement à ce que son patronyme laisse croire, n’est pas bamiléké. Mais il se dit fière d’être considéré comme tel depuis sa tendre enfance. Dans un direct sur son compte Facebook, où il dit son averse contre le tribalisme, Bernard TCHOUTANG fait le témoignage de sa vie.
« Mon nom de famille, ce n’est pas TCHOUTANG . Beaucoup de gens ne le savent pas. Mon nom de famille c’est Yoho. Yoho David c’est le nom de mon père. Mes grands frères s’appellent Yoho, mon petit frère s’appelle Yoho. Moi, je suis le seul qui s’appelle TCHOUTANG . Mais mon père a fait comme on fait souvent en Afrique. On choisit le nom d’un voisin, d’un cousin… Moi, on m’a donné le nom du chef du village. Le chef de Kondjock chez moi à Yabassi : TCHOUTANG . Parmi les neuf enfants que mon père avait, je suis le seul qui porte le nom TCHOUTANG . Tous les autres c’est Yoho.
Je suis fier qu’on me prenne pour un Bamiléké, tellement fier.
Beaucoup vont certainement dire que ce n’est pas possible que Bernard TCHOUTANG ne soit pas Bamiléké. Je suis Yabassien-Kondjock, je suis fier qu’on me prenne pour un Bamiléké, tellement fier. J’aurais été fier qu’on me prenne pour un Beti ou un tel. Ma fiancée est de l’Est. Dans vos familles, il y a beaucoup qui sont mariés aux femmes Bassa, aux femmes Beti et qui sont Bamiléké. Il y a beaucoup de Beti qui sont mariés aux femmes Bamiléké. Vous allez faire comment ? Maintenant, vous êtes en train de vous tirer dessus, de vous invectiver, de vous envoyer tous les mots du monde. Vous allez faire quoi quand ça va se calmer et qu’il faudrait que vous vous regardiez dans les yeux pour vivre ensemble. Vous allez faire comment alors que vous vous êtes dit toutes les choses les plus méchantes. »
Symbole et expression de cette unité nationale qu’il chérit tant, l’ancien Lion Indomptable Bernard TCHOUTANG , met en garde ses compatriotes contre toute forme de division. Pire encore pour des questions politiques et politiciennes. Malgré la différence entre son patronyme typiquement bamiléké et sa tribu d’origine, Bernard TCHOUTANG se dit fier d’être camerounais. De plus le footballeur rappelle cette belle époque où au Cameroun, du fait de l’amitié, indépendamment de l’origine tribale, des citoyens nommaient leurs enfants du patronyme de leur ami. On était alors loin des clivages tribalistiques d’aujourd’hui.
Stéphane NZESSEU
Le constat est amer. Les producteurs ne parviennent plus à retenir leurs « larmes », lorsque les produits ne pourrissent pas dans les champs, c’est aux abords des routes qu’ils se détériorent laissés à la merci des intempéries
Le cri d’alarme est lancé par Laura Sen, promotrice du Zoom des Entrepreneurs 237 : « Je suis allée à la rencontre de mes parents, frères et sœurs afin de les inviter à rejoindre mon organisation, qui vise la promotion du made in Cameroun. J’ai été confrontée à une situation qui me laisse sans voix. La quasi majorité des récoltes pourrit dans les champs et quand certains parviennent à atteindre le centre de Yabassi, ils ne trouvent aucun acheteur et ne peuvent convoyer leurs récoltes vers les grandes métropoles ».
Les sacs sont abandonnés dans un magasin de fortune ou aux abords des routes : « Je suis au centre de Yabassi, les images que j’ai vues m’ont fait couler les larmes et, je ne veux même pas penser au sort réservé à ceux qui sont dans les villages et les environs. C’est un sort triste, qui est réservé aux récoltes à cause du manque d’infrastructures routières. Des sacs de 50 et 60 KG de citron. Quelle est la perte économique, quand nous connaissons tous le prix dans nos marchés à Yaoundé ou à Douala, pour ne citer que ces deux grandes villes. Si des institutions économiques ou des PME existent sur place, l’on ne voit pas leur apport, dans l’encadrement des producteurs locaux… ».
« Je suis morte de honte, quand je me rappelle que hier encore, un jeune m’a dit : Grande sœur, j’ai deux hectares de plantains en train de pourrir dans ma plantation. Je ne sais pas quoi en faire… ».
Inexistence des usines de transformation locale
Pour la promotrice du Zoom des Entrepreneurs 237, « Il n’est pas possible d’évoquer l’idée de transformation de ce côté. Ce vocabulaire ne fait pas partie de leur jargon. Rien n’est mis en place pour leur permettre de migrer vers l’industrialisation, même de façon artisanale. C’est un peuple formé pour produire de la nourriture pour les métropoles… ».
Un mauvais état de route permanent
Yabassi n’est pas un cas isolé. Les producteurs vivant en zones rurales connaissent le même calvaire. Dans le Mbam et Inoubou par exemple, les populations de Deuk ont résolu il y’a peu, de ne produire que pour leur propre consommation. Les commerçants qui auparavant venaient de Bafia et même de Yaoundé, se sont trouvés d’autres sites d’approvisionnement. Le mauvais état des routes, le refus des transporteurs d’accéder à certaines zones, la perte des marchandises, les accidents qui surviennent de temps en temps mais surtout, le manque à gagner sont les raisons principales évoquées.
Le made in Cameroun est un concept qui a pour objectif principal de valoriser les produits du terroir, ce qui intègre le fait de « les convoyer d’un point à un autre, sans connaître tous ces désagréments » affirme Laura Sen, qui ne manque pas en plus, de faire une mise au point : « Je ne veux pas croire encore moins affirmer de façon péremptoire que les départements ministériels en charge de l’Agriculture, des Travaux Publics, les mairies ne sont pas conscients de ces problèmes que les producteurs traversent mais, je veux attirer leur attention. La campagne électorale est proche, je ne fais pas de politique, je tiens à le préciser mais, vraiment, tous ceux qui viendront chez nous, pour demander nos voix doivent savoir que nous avons dépassé l’époque des pains – sardines. Nous ne sommes pas des mendiants et nous avons prouvé que nous sommes un peuple travailleur. Faites correctement votre travail et convainquez nous. Cela implique de pouvoir convoyer sans problème, les produits des champs qui peuvent aider les familles à envoyer leurs enfants à l’école, à se procurer les soins lorsqu'ils sont malades et pourquoi pas, à faire quelques économies…Nous voulons le développement de Yabassi ».
Nicole Ricci Minyem