Le docteur Modeste Koku Tamakloe, responsable de la mission de médecins sans frontières, dans une interview accordée au média allemand Deutsche Welle est revenu sur la situation dans l’Extrême-Nord du Cameroun après des affrontements intercommunautaires ayant opposé les communautés Mousgoum et Arabes Choa suite à un litige foncier dans le département du Logone et Chari, le 10 août 2021.
Modeste Koku Tamaklo a déclaré : « Au début des affrontements, on a parlé de près de 30.000 personnes qui se sont déplacées, éparpillées, certains du côté du Cameroun, dans la capitale du département qui est Kousséri, et à d’autres personnes qui ont traversé de l’autre côté de la frontière vers le Tchad. Mais vers la fin du mois, beaucoup de personnes ont retourné chez eux et certaines personnes sont encore restées parce que certains villages ont été détruits et ces personnes ont trouvé refuge dans les familles d’accueil dans des villages avoisinants ».
A en croire le responsable de Médecin sans frontières, les pathologies les plus prises en charge au sein des réfugiés sont le paludisme, la diarrhée et des maladies de la peau. Et c'est ainsi qu'il fait savoir : « Nos équipes ont effectué un certain nombre de consultations et pris en charge près de séquenceurs blessés au niveau de l’hôpital de Kousséri, avec certains cas qui auraient pu aller chercher vers l’hôpital de N’Djamena. De façon générale, nous sommes en période de pic, au niveau de la zone de l’Extrême-Nord ».
En rappel, selon des sources officielles, les affrontements violents survenus le 10 août 2021 entre Arabes Choas et Mousgoum ont fait 28 morts, au moins 74 blessés, 25 villages incendiés et plus de 10 000 déplacés vers le Tchad voisin.
Innocent D H
L’organisation humanitaire médicale internationale et indépendante y a pris ses quartiers depuis un peu plus de cinq ans maintenant et, les spécialistes en tout genre s’attèlent au quotidien à offrir des soins de santé de qualité aux personnes diverses. Médecins Sans Frontières (MSF) s'est installé depuis quelques années à l'hôpital régional de Maroua, aux fins de fournir divers services. Une assistance humanitaire aux personnes touchées par l'insécurité qui règne dans cette région, en manque d'infrastructures sanitaires et de personnels qualifiés.
Les services fournis par les équipes MSF vont de la chirurgie traumatologique d'urgence pour les personnes victimes du conflit entre les groupes armés et les militaires, aux soins chirurgicaux et de réadaptation de longue durée pour les personnes impliquées dans des accidents de voiture et aux soins psychologiques.
A ceux là, il faut ajouter le soutien dans le cadre de l’assistance medico-obstétrico-
les équipes accompagnent également la prise en charge des patients souffrant de fractures compliquées, de graves infections des tissus mous et de l'abdomen, ou de brûlures et fournissent des soins gratuits pour les urgences chirurgicales 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, des soins postopératoires, des consultations psychologiques et des activités de promotion de la santé, afin d'aider les patients à se rétablir et à reprendre leur vie quotidienne.
En somme, plus de 14000 interventions chirurgicales sont mis à l’actif des médecins travaillant au sein de cette organisation humanitaire qui, en outre, ont assuré plus de 8000 consultations en santé mentale à Maroua depuis 2016.
Les équipes MSF ont également répondu à diverses épidémies de maladies dans la région de l'Extrême-Nord, notamment la rougeole, le choléra et le COVID-19.
Un impact physique et psychologique
Hawa Haman - 16 ans : « C’était un mercredi, je rentrais de l’école avec mon amie, une voiture nous a percuté, mon amie est morte sur le champ et moi j’ai perdu connaissance. J’ai été transportée à l’hôpital régional de Maroua où ma jambe a été amputée. Quand je me suis réveillée et j’ai constaté que je n’avais plus ma jambe, j’avais très mal, je pleurais, et je n’arrivais plus à regarder mon pied. J’ai passée plus de sept mois en hospitalisation et par la suite j’ai reçu une prothèse ».
Hawa n'est pas le seul patient à avoir passé autant de temps à l'hôpital. Certains patients passent plus de deux ans sous traitement continu. Qu'il s'agisse d'un grave accident de voiture, d'une brûlure ou d'une blessure par balle, les options de chirurgie et de soins médicaux complexes, y compris les soins psychologiques, dans l'Extrême-Nord sont rares, ce qui rend le traitement fourni à Maroua encore plus précieux.
Ibrahim Abdulahi - 24 ans, a fui le Nigeria pour échapper aux groupes armés. Il a perdu plusieurs frères et sa mère dans une attaque. Il a été orienté vers MSF, présentant des signes de stress post-traumatique.
« Des attaques se produisaient tous les jours", se souvient-il. “ Je suis constamment sur les nerfs, quand quelqu'un ferme une porte, je pense que c'est une arme. Je ne peux pas être avec les gens, je ne peux pas dormir. J'ai perdu beaucoup de frères, ma mère aussi, tous dans des attaques. Les gens ont évité les coups de feu jusqu'à ce qu'ils deviennent fous…
Ça me perturbait aussi mentalement parce que je ne pouvais pas dormir. J'ai été envoyé ici à MSF. Quand je suis arrivé, j'ai dit que je ne savais pas pourquoi je vivais sur terre maintenant. Mais avec le traitement que je suis depuis, je vais mieux. Sur le plan de la santé, j'ai récupéré un peu de sommeil, je peux dormir un peu ».
Crise sécuritaire et santé mentale
Un sujet qui est très peu abordé mais dont l’impact n’est pourtant pas à négliger, révèle Raëlle Miamekongo, superviseur santé mentale Maroua, qui ajoute :
« L'an dernier seulement, nos équipes médicales ont dispensé 2 400 consultations en santé mentale à des patients de Maroua et Mora. Un accompagnement psychosocial est proposé à tous les patients et soignants pour les aider pendant leur traitement…
Dès notre arrivée à Maroua, on a eu une pléiade de types de cas. On a rencontré autant des cas de troubles mentaux modérés que des troubles mentaux sévères.
En parlant de troubles, on peut citer ici des cas de troubles de l’humeur, des troubles anxieux, des troubles psychotiques ou psychiatriques sans oublier un grand nombre de cas de consommation de substances ou d’abus de substances. A cela s’ajoute notamment les cas de tentative de suicide».
Besoins continus et soins continus
Après avoir achevé la réhabilitation d’une unité de soins intensifs et formé de nouvelles équipes chirurgicales, MSF a pris l’option de transférer ses services au ministère de la Santé, tout en gardant à l’esprit que les besoins de santé dans la région restent importants.
D’ailleurs pour y répondre, de nouveaux projets sont aujourd’hui lancés dans les zones voisines de Mora et Kolofata.
À Kolofata, les équipes MSF vont fournir des soins de santé de base, y compris le traitement de la malnutrition infantile, du paludisme et de la diarrhée.
À Mora, MSF compte bientôt proposer des interventions chirurgicales d’urgence, pour les accouchements complexes et les patients présentant des traumatismes, y compris des blessures par balle.
Ces nouveaux services reflètent le besoin non seulement de soins continus, mais aussi de services plus spécialisés dans une région qui connaît des violences fréquentes.
L'ajout d’une prise en charge chirurgicale à Mora est particulièrement pertinent, car c'est de plus en plus le point à partir duquel de nombreux patients nécessitant une intervention chirurgicale d'urgence sont orientés vers Maroua.
Dr Modeste Tamakloe, chef de mission MSF au Cameroun : «Avec l'augmentation de la capacité de l'hôpital général de Maroua, et l'ajout de services chirurgicaux à Mora et de soins primaires à Kolofata, notre objectif est d'élargir la disponibilité des soins de santé pour les populations à un moment où les conflits armés, un climat changeant, de la nourriture et de l'eau l'insécurité impose des difficultés persistantes à ceux de l'Extrême Nord».
N.R.M
Il y a quelques jours, c’est l’une des ambulances de cet organisme qui a été prise pour cible par ces bandits de grand chemin alors que la voiture médicale avait été mise en route afin de répondre à un appel d’urgence à Muyuka.
Terrés dans des coins obscurs qu’ils contrôlent de manière sporadique, ces individus sans foi ni loi, ont envoyé une salve de tirs sur l’ambulance, blessant au passage l’infirmier qui était à bord dont la vie, fort heureusement n’est pas en danger.
Médecins sans Frontières condamne
Dans un communiqué rendu public quelques temps après l’agression, les responsables de cet organisme ont rédigé un communiqué, en rappelant quelques règles que tous les protagonistes, en temps de guerre, ont le devoir de respecter.
La quintessence de ce qui apparaît dans le document sus cité :
« Médecins sans frontières condamne cette attaque contre notre collègue et une ambulance clairement identifiée. Les structures médicales, y compris les ambulances, ne sont pas des cibles…
Suite à cette attaque, une deuxième ambulance a été envoyée pour récupérer le patient qui est dans un état critique et qui reçoit maintenant des soins médicaux. Notre collègue reçoit également des soins médicaux et se remet actuellement de ses blessures…
Les équipes médicales de Médecins Sans Frontières répondent aux effets graves et persistants de la crise dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun depuis 2018. Nos équipes apportent une aide humanitaire médicale neutre et impartiale grâce à nos ambulances d'urgence ainsi que des soins de niveau secondaire et un modèle décentralisé de soins communautaires ».
Mettre les entrepreneurs de guerre face à leurs responsabilités
Les crimes commis par les ambazoniens, contre les civils, les infrastructures sanitaires et médicales sont légions depuis le début de cette « guerre » qu’ils entretiennent pour des raisons qui aujourd’hui, se révèlent de plus en plus obscures.
Malheureusement, ils savent pouvoir compter sur certains organismes, qui rédigent les rapports en leur faveur, leur donnant ainsi une autorité à laquelle ils n’ont assurément pas droit.
Il y a quelques jours encore, Médecins sans Frontières a été abondamment cité par Human Rights Watch, dans un rapport qui tendait à jeter l’opprobre sur l’Armée Camerounaise, alors que cette dernière, (cela est visible de tous), travaille à rétablir et maintenir un climat de confiance entre les populations, longtemps meurtries par des crimes dont elles ont été victimes et les Forces de Défense et de Sécurité.
Certainement, grâce à la dextérité dont ils savent faire preuve lorsqu’ils accusent et condamnent les Soldats Camerounais, Médecins sans Frontières et tous les autres, grâce à leurs drones, vont aider à la capture des ambazoniens qui ont tiré sur leur ambulance, afin que ceux-ci répondent de leurs crimes devant la justice.
Nicole Ricci Minyem
Selon nos sources, Adolphe Lele Lafrique le gouverneur du Nord-Ouest reproche à l’Organisation non gouvernementale Médecins sans frontières d’apporter des soins aux groupes séparatistes.
Jusqu’à nouvel avis, Médecins sans frontières (MSF) Organisation non gouvernementale (ONG) est interdit d’activités dans la région du Nord-Ouest. La décision est d’Adolphe Lele Lafrique qui lui reproche d’apporter des soins aux séparatistes, qui sévissent dans sa région comme dans celle du Sud-Ouest.
La suspension d’activités infligée à MSF signifie qu’elle n’est plus autorisée à collaborer avec les formations sanitaires du Nord-Ouest. Adolphe Lele Lafrique a chargé le Délégué régional de la santé de sa région d’implémenter cette mesure.
Il convient de noter que de façon officielle, les raisons de la suspension des activités de l’ONG MSF n’ont pas été révélées. Cependant ce n’est pas la première fois où on assiste à une brouille entre le gouvernement et cette ONG. D’ailleurs on se rappelle qu’au mois d’août, précisément le 31, LeJeune Mbella Mbella le Ministre des Relations Extérieures a reçu le Dr Modeste Tamakloé Koku, le chef de mission de MSF. Il a recadré l’ONG en lui demandant de faire preuve de plus de neutralité et d’impartialité.
Après au Ministère des Relations Extérieures, le Dr Modeste Tamakloé Koku, le chef de mission de MSF a aussi été reçu en audience par Paul Atanga Nji le Ministre de l’Administration territoriale.
Il faut préciser que MSF a pour principal devoir d’apporter des soins médicaux à des populations dans des contextes de guerre, de famine, d’épidémies, de catastrophes naturelles ou de déplacement de populations, sans aucune discrimination.
Liliane N.