Elles ont été développées par Jean Yves le Drian – ministre des Affaires Etrangères lors d’une audition à l’Assemblée nationale française
« En introduction de cette partie sur l’Afrique, je souhaite dire qu’on a dit beaucoup de bêtises sur l’épidémie de COVID-19 en Afrique ces derniers jours.
J’ai lu des propos choquants et même moralement et humainement scandaleux, sur des expérimentations qui, supposément, devraient se faire sur des Africains. Et je voudrais vous dire que je condamne très fermement ces propos.
J’ai eu connaissance de certaines prédictions catastrophistes, que je ne partage pas du tout – même lorsqu'elles émanent de certains services de mon Ministère.
Ceci étant, il faut garder une extrême vigilance. Pourquoi ?
1) La vague n’a pas encore totalement atteint l’Afrique. Mais elle monte. C’est un fait : l’Afrique est entrée plus tardivement que nous dans la pandémie, mais aujourd’hui la quasi-totalité des pays sont touchés (52 sur 54), avec une forte augmentation du nombre des cas, et ça s’accélère. Il faut bien intégrer ces données.
2) Parce que les systèmes de santé africains sont fragiles, avec une offre de soin limitée, des difficultés d’approvisionnement pharmaceutique et un criant manque de ressources – y compris sur le plan humain.
3) Et enfin parce que la stratégie de confinement risque d’impacter très durement les Africains dans des pays où certains habitants vivent au jour le jour et où cette stratégie sera difficile à mettre en œuvre.
Dans ces conditions, notre devoir et notre intérêt sont d’agir pour aider l’Afrique à faire face. Au nom, d’abord, de l’impératif de solidarité internationale vis-à-vis de pays amis et voisins, auxquels nous rattachent tant de liens si puissants.
Au nom, ensuite, de l’impératif sanitaire.
Aider l’Afrique aujourd’hui, c’est écarter la menace d’un effet de retour, d’un effet boomerang, d’une deuxième vague qui viendrait nous frapper demain, alors que nous serons en phase de récupération et dé-confinement.
Au nom, enfin, d’un impératif sécuritaire.
Les terroristes, eux, ne sont pas confinés. Et ils continuent à frapper : encore récemment au Mali, autour du Lac Tchad et au Niger. Il n’est pas question d’abandonner nos amis du Sahel dans l’adversité. Le nombre de personnes déplacés nécessite une grande vigilance.
Alors, comment pouvons-nous aider l’Afrique à tenir ? Il s’agit d’un objectif majeur.
1) D’abord – et c’est une évidence – en soutenant les efforts africains eux-mêmes, qui sont importants.
C’est pourquoi le Président de la République multiplie les appels à ses homologues africains et il a participé vendredi dernier à une visioconférence rassemblant une dizaine de chefs d’Etats africains et le Président de la Commission de l’Union africaine qui est un acteur important de la réponse.
Dans les débats : Il y aura une présentation prochaine de cette initiative de la France par le Président de la République dans les prochains jours.
Je souhaite que nous soyons au rendez-vous de l’exemplarité : on parle beaucoup de certaines puissances qui profitent de la crise pour renforcer leur influence. Notre approche, c’est un vrai partenariat, une aide dans la durée et pas un coup de projecteur sur telle ou telle opération à vocation médiatique.
Notre démarche c’est une posture d’humilité, pas de donneur de leçons, avec de l’accompagnement, du partenariat, une mobilisation financière sur des objets précis et très concrets.
2) Ensuite, en mobilisant d’importants moyens financiers pour construire la réponse sanitaire qui s’impose.
Les besoins sont immenses : il faut renforcer les systèmes de soin, il faut renforcer les capacités de détection et de recherche scientifique en appuyant la recherche africaine, il faut mener des actions de sensibilisation des communautés aux gestes barrières et assurer une mobilisation financière considérable.
- Au niveau bilatéral nous prendrons part à cet effort en réorientant une partie substantielle de notre aide au développement sur les enjeux de santé et les enjeux alimentaires pour près de 1,2 milliards d’euros, via l’AFD et via mon ministère, enveloppe qui a été validée par le Président de la République.
(Dans le débat) : Je tiens régulièrement réunion liées à l’Afrique sur la nécessité d’actions immédiates. Hier, nous avons acté plusieurs projets concrets comme :
- Un soutien à l’ONG Alima au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, en RCA pour améliorer la prise en charge des malades.
- Un soutien à l’ONG Médecins du Monde en RDC pour améliorer la prise en charge des patients dans l’hôpital de Kinshasa désigné pour prendre en charge les patients aigus.
- Renforcer les capacités des laboratoires de référence de l’Institut Pasteur au Cameroun, en RCA, à Madagascar, en Guinée, au Sénégal.
(Dans le débat) : la France soutient l’Alliance pour le vaccin (Gavi). Quand le vaccin sera découvert, il sera essentiel qu’il soit largement diffusé dans les pays vulnérables.
- Il faut aussi que l’Europe y contribue. Cette après-midi, il y a une réunion importante du Conseil des affaires étrangères de l’UE pour le développement à laquelle me représente JB Lemoyne, avec la mobilisation de 15 milliards d’euros annoncée hier pour l’Afrique par la Commission européenne, à la fois au niveau sanitaire et alimentaire.
(Dans le débat) : la question de l’accès humanitaire est centrale et il faudra sans doute envisager l’organisation d’un pont aérien humanitaire à partir de l’Europe pour transporter de l’aide.
- Il y a bien sûr l’OMS, et aujourd’hui au Conseil des ministres, le PR a insisté fortement sur cette collaboration, et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme contre la pandémie de COVID-19 car ce fonds dispose de financements et de nombreux relais sur le territoire africain
3) Face à l’urgence humanitaire, il est très important d’assurer la sécurité alimentaire. La fermeture des marchés et le blocage des chaines d’approvisionnement pourraient avoir des conséquences très difficiles. J’ai dit hier au Secrétaire général des Nations unies que nous soutenons ses initiatives, en particulier du Programme alimentaire mondial (PAM).
4) Enfin, au plan économique, il faut répondre aux demandes d’initiatives sur la dette en envisageant un moratoire sur les intérêts et même il faut, de mon point de vue, entendre les appels aux annulations et à la restructuration pour aider les Etats à assurer leur mission.
(Dans le débat : l’ensemble des acteurs doivent se prêter à l’exercice, y compris les Chinois).
Il faut aussi soutenir les plans de soutien aux économies africaines qui sont en train de se mettre en place, sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale.
Voilà en gros les éléments essentiels de l’initiative que nous portons pour l’Afrique, et d’abord pour les plus vulnérables des pays du continent. Et nous invitons nos partenaires du G7 et du G20 à se mobiliser avec nous autour de ces quatre piliers, pour qu’il y ait le plus possible de mesures concrètes ». /
N.R.M
En échangeant avec Yves Le Drian, le général de brigade Frédéric Djonkep commandant de la Région militaire interarmées n°4 a indiqué que la force de la secte terroriste Boko Haram est «sérieusement anéantie».
Durant son séjour au Cameroun, Yves Le Drian le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la France s’est rendu dans la région de l’Extrême-Nord. Il y était pour s’enquérir au mieux de l’état de la lutte contre Boko Haram. Il a donc été entretenu par le général de brigade Frédéric Djonkep commandant de la Région militaire interarmées n°4. L’autorité la mieux placée pour parler de la lutte qui est faite à Boko Haram dans cette partie du pays. De son exposé donc, on retient que grâce à de nombreuses opérations menées sur le terrain, la force de nuisance de Boko Haram est sérieusement anéantie. «C'est pourquoi on n'enregistre plus que des incursions sporadiques qui sont en réalité des opérations de grand banditisme et non des revendications idéologiques ou confessionnelles », a indiqué le général de brigade Frédéric Djonkep.
Midjiyawa Bakari le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord dans sa prise de parole, a parlé de la situation sécuritaire au plan global. Le patron de l’Extrême-Nord a dit au Ministre français que le problème fondamental de l'insécurité dans son territoire de commandement, est beaucoup plus lié au déficit d'éducation qui se manifeste par la pauvreté qui accentue le taux de chômage, notamment chez les jeunes. Et cette situation facilite leur recrutement dans les bandes armées «qui leur promettent ciel et terre» a déclaré l’autorité.
Après avoir suivi ses interlocuteurs, Yves Le Drian a indiqué que son pays va maintenir son accompagnement du Cameroun dans la lutte contre cette secte. A la fin de son intervention, il a annoncé un soutien de la France de l'ordre de 30 milliards de F «pour soutenir la reconstruction et assurer la stabilisation dans la région de l'Extrême-Nord».
Liliane N.
Arrivé en terre camerounaise hier mercredi 23 octobre pour un séjour de deux jours, Jean Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, a été reçu par le chef de l’Etat Paul Biya, qui l’a élevé au rang de Grand Officier de l’Ordre de la Valeur.
Le ministre français des Affaires étrangères, a rencontré mercredi 23 octobre le président Paul Biya. Les deux hommes ont fait le tour de l'actualité socio-politique du pays, marquée par les troubles en zone anglophone et des contestations de certains leaders de l'opposition depuis l'élection présidentielle du 7 octobre 2018. Ils ont aussi passé en revue le « grand dialogue national » récemment organisé dans le pays en vue de résoudre principalement la crise anglophone.
Pour clore l’audience avec le président, Jean Yves Le Drian a reçu une distinction des mains de Paul Biya. Il a été élevé à la dignité de Grand Officier de l’Ordre de la Valeur. Le chef de la diplomatie française a par la suite rencontré les représentants des partis politiques qui siègent au Parlement (MRC, RDPC, UPC ...). Avec ces derniers, les discussions ont plus ou moins tourné autour des mêmes problématiques.
Quelques minutes plus tard, Jean Nkuete du RDPC, parti au pouvoir, a brièvement résumé le contenu des échanges avec l’hôte français. « Nous avons parlé de la manière dont le dialogue s’est déroulé et avons souhaité que la France nous apporte tout son soutien à la mise en place des recommandations qui ont été faites. La France étant un partenaire important, incontournable du Cameroun », a-t-il déclaré à la presse.
Lire aussi : Jean-Yves Le Drian en visite au Cameroun du 23 au 25 octobre
Selon le député Bapooh Lipot de l'UPC, les échanges ont essentiellement porté sur le contexte sécuritaire que traverse le Cameroun. Avec pour ce parti, une préoccupation particulière : le jeu des puissances étrangères dans la crise anglophone. « Dans le cadre de ces échanges que nous avons eus avec le ministre, nous avons réitéré notre volonté de voir le Cameroun resté un et indivisible et également notre indignation par rapport à certaines puissances qui trouvent nécessaire de s’impliquer de manière négative dans la gestion de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. » A-indique le député de l’UPC.
Notons que, Jean Yves Le Drian est toujours en terre camerounaise. Ce jeudi 24 octobre, Il va procéder à l’inauguration du 2ème pont sur le Wouri. Une infrastructure qui a vue le jour grâce à un financement de l’AFD.
Danielle Ngono Efondo