“Les interventions des animateurs du débat public se voient contraints d'élever des postures contradictoires qui servent de toute évidence les acteurs les plus opportunistes du chaos social…” tel est en résumé, l’analyse faite par l’Avocat au Barreau du Cameroun qui, dans sa tribune, propose des solutions pour une sortie de crise.
“Ce ne serait qu'une illusion que de penser que l'alternance politique et au sommet de l'État pourrait être une préoccupation relative du peuple camerounais à l'heure actuelle. Elle est la préoccupation majeure de tout agent public, en particulier des gestionnaires à tous les niveaux de l'État.
Mais elle est aussi la préoccupation de ceux qui espèrent depuis les années 48 la libération des peuples du jougs colonial, caractérisée par la déstructuration de l'ordre social africain et l'institutionnalisation du dominationisme colonial. L'alternance est aussi la principale préoccupation de ceux qui ont placé en l'État les espoirs d'expansion territoriale et de domination exclusive sur toutes les populations.
Ces différentes perceptions de l'alternance en définissent les acteurs. Elles dévoilent certes des patriotes nationaux projetés sur la formulation d'une réponse civilisationnelle à l'impérialisme dominationiste de nature raciste. Mais aussi des néo coloniaux, jouisseurs invétérés happés par le Pseudo confort des positions de pouvoir léguées par le colonialisme européen.
Et des peuplades opportunistes, admirateurs des conquérants qui pensent pouvoir conquérir des espaces territoriaux grâce à la mise en place d'institutions manipulables pour cette fin.
Dans ce contexte, la compréhension des crises sociales se complexifie à l'extrême. Les meilleures intentions étant alors susceptibles d'être mal jugées volontairement ou pas. C'est sans doute ainsi qu'il faut percevoir les différences d'approches que le mouvement OTS charrie dans l'opinion publique camerounaise.
De revendications corporatistes légitimes et de dénonciation des insuffisances d'une administration incompétente, on n'est pas loin aujourd'hui d'une tentative insurrectionnelle dont les camerounais n'ont pas besoin dans l'environnement actuel.
Les interventions des animateurs du débat public se voient contraints d'élever des postures contradictoires qui servent de toute évidence les acteurs les plus opportunistes du chaos social. Il pourrait s'installer un manichéisme délétère propice à l'élévation de divers sortes de conflits qui aboutiraient à l'insurrection.
Mais quelle garantie que telle insurrection produise la société de souveraineté accrue qui est le vœu des patriotes, ou qu'elle garantisse aux prébendiers la continuation de l'État néo colonial qui est leur assurance de survie ? Ou encore qu'elle offre aux opportunistes les espaces territoriaux qui sont l'objet de leur volonté d'expansion ?
Aucune dans tous ces cas.
C'est dire qu'une récupération des mouvements sociaux qui se développe au Cameroun ne profitera à personne. Elle créera au mieux une situation chaotique sans garantie d'aucune orientation de l'alternance voulue par les uns et les autres. Il reste dans ces conditions à interpeller les acteurs étatiques qui, quelques soient les Issues projetées des mouvements sociaux en partiraient par responsabilisation excessive.
Ils seront responsables et en paieront un prix sans doute excessif. Les gouvernants doivent dès lors trouver les réponses aux revendications et dans l'urgence. Il en va de l'avenir de la nation”
N.R.M.