Et si le Cameroun tel que nous le connaissons n’est que le reflet ce que nous sommes ?
NB : il ne s’agit pas ici de jouer au moralisateur. Je parle de vous, je parle de moi
Quelle que soit la façon dont les uns et les autres l’expriment, quels que soient les méthodes et les partis pris, sans l’ombre d’un doute, l’objectif commun de tous les camerounais de bonne foi est de voir le Cameroun devenir ce pays dont ils sont fiers sous tous les rapports et où la majorité est épanouie si ce n’est tous. De tous les candidats à la dernière élection présidentielle, il nous semble qu’aucun n’a présenté aux camerounais, un programme allant dans le sens contraire de cet objectif. Seuls différaient dans leurs projets, les façons de faire, les moyens de faire. Même si certains estiment largement éprouvés, après 36 ans, les façons et les moyens de faire d’un candidat en particulier, il reste et demeure désormais que dans leur large majorité, ceux ayant exercé leur droit ont opté pour celui-là qui a su leur vendre « la force de son expérience ». Est-ce pour autant que l’on peut se permettre de dire que les propositions des autres étaient dénuées de sens, sans fondements ? Que nenni ! La démocratie étant ce qu’elle est, le choix du plus grand nombre l’a emporté et en Patriotes, nous n’avons d’autres choix que de nous plier au verdict.
Etant établi que désormais Paul Biya est notre président à tous, que nous l’aimions ou pas, que nous ayons voté pour lui ou non ; le devoir qui nous incombe n’est-il pas de mettre la main à la pâte afin de l’aider comme il nous l’a demandé « à continuer dans la paix, l’œuvre de construction nationale » ? De notre modeste point de vue, cela devrait être la priorité de tous car il y va de notre intérêt. C’est un truisme que de le dire, l’on ne peut prétendre d’aimer ce pays, d’avoir de grandes visées pour lui et être son premier pourfendeur à la moindre occasion. Ou on aime la Cameroun, ou on ne l’aime pas et c’est le moment pour chacun d’entre nous de se situer. Oui, Il convient pour chacun de nous dès à présent, de choisir quel type de membre de famille il est pour le Cameroun. Pour ce nouveau mandat, Serons-nous de ces membres qui allons accompagner notre chef de famille à la réalisation de ses objectifs pour le bonheur et la grandeur de notre pays ou au contraire être de ceux-là, parce que n’ayant pas été d’accord sur certains points et ayant été mis en minorité, ne vont ménager aucun effort pour torpiller les efforts des autres pour le simple plaisir de dire, si par extraordinaire ils parviennent à leurs fins, que c’est eux qui avaient raison ? Plus que jamais c’est le moment pour chacun de faire son choix. Nous ne saurons être pour notre part de ce deuxième groupe de personnes car pour nous la famille est sacrée : on s’y serre les coudes, on pleure ensemble, on rit ensemble, on vit ensemble et s’il le faut on meurt ensemble. Par ailleurs, ce n’est pas le fait de tenir les uns et les autres pour responsables d’une quelconque situation déplorable qui nous permettra d’avancer. Ce qui nous permettra d’avancer c’est le fait de nous mettre résolument à la tâche pour pallier aux insuffisances constatées.
Sommes-nous à l’image du Cameroun que nous voulons ? Nous nous plaignons de la corruption et d’autres maux. « Les qui » sont les corrupteurs et les corrompus ? Sans jouer au moralisateur, Sur nos routes, combien somme-nous à être en règle ? Combien sommes-nous à être en règle avec nos impôts ? Combien sommes-nous lorsque nous allons solliciter un service dans une administration à préparer un petit billet pour être servi rapidement ? Combien sommes-nous dans la fonction publique lorsque excédés de travail à dire : « le travail du blanc ne finit pas », « est-ce que c’est moi qui vais changer les choses » ? Combien sommes-nous dans nos marchés à truquer les mesures pour avoir plus de bénéfices et une fois arrêtés, proposons de l’argent aux agents de l’Etat pour nous soustraire aux pénalités ? Combien sont ces agents qui refusent ces paiements indus? Combien sommes-nous dans les hôpitaux, pour voir nos patients traités en priorité même si leurs cas sont moins critiques que ceux arrivés avant, à donner de l’argent aux infirmières pour ce faire ? Combien d’infirmières refusent cela ? Combien sont ces parents dont les enfants n’ont pas eu les notes requises pour passer en classe supérieur mais qui préparent des enveloppes pour leur trouver des places dans des établissements ? Combien sommes-nous à monnayer pour avoir un marché public et l’ayant obtenu, compte tenu de ce que nous avons payé avant, ne sommes plus à mesure de construire de belles routes, de belles salles de classe ? Combien sont ceux des nôtres en villégiature en occident et ce aux prix d’incroyables sacrifices à y vendre maïs et prunes et à y dormir à même les trottoirs pourtant ici ils ont des toits et pour certains des terres en friches qui ne demandent qu’à être exploitées ? Combien sommes-nous et pourquoi tout ceci est l’apanage de notre pays ? Notre avis est que si tout ceci prospère, c’est parce qu’il n’existe pas dans ce pays une masse critique de personnes qui refuse ces agissements. Nous sommes tous des « petits Malo[1] » qui faisons des compromis avec ce qu’il ne faut pas. Nous nous y plaisons parce que ça nous arrange et lorsqu’il nous arrive de nous plaindre de certains des nôtres, très souvent c’est parce que nous estimons qu’ils sont chiches, qu’ils mangent seuls. C’est ça qui est la vérité ! Mais ne nous y trompons pas, aucun pays au monde ne s’est développé en admettant ce que nous admettons, en faisant ce que nous faisons. Aucun ! Et tenons le nous pour dit, nous ne connaitrons pas ce pays qui fera notre fierté si nous ne nous montrons pas à la hauteur de ce que nous désirons. La prospérité du Cameroun que nous appelons de tous nos vœux ne commencera à se manifester que lorsque le plus grand nombre d’entre sera prospère dans sa mentalité et un homme prospère se distingue des autres par sa rigueur, sa discipline…
Si nous estimons le prix de notre prospérité trop élevé en étant pas capable d’être des citoyens exemplaires, cessons d’accuser ceux qui nous dirigent à qui nous offrons le bâton pour nous faire fouetter. Moi à leur place, je ferai pareil : vous jouer les cons, j’en profite. Vraiment, si c’est trop difficile de les mettre au pied du mur, ayons la décence de cesser de nous plaindre et continuons à boire tranquillement nos bières et à manger du Soya avec beaucoup de « Kankan » qui parait-il est bon pour redynamiser « les organes de base ». Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.
[1] Expression camerounaise pour dire trivialement malhonnête. Par extension, se dit d’une personne qui vit et/ou s’accommode des choses répréhensibles.