Le spécialiste de l’économie dit son observation de cette campagne électorale qui s’achève. Et pour lui, la note est claire : échec total.
Pour Dieudonné Essomba, cette campagne électorale est la plus amorphe de l’histoire politique du Cameroun. « Lorsqu’on voit la campagne électorale actuelle, on est étonné de son caractère terne, et en réalité, cette campagne est la plus terne, la plus molle et la plus inintéressante depuis la démocratie instaurée dans les années 1990. On peut trouver la première cause dans l’absence d’enjeu électoral du point de vue partisan. D'office, les élections sont pliées au regard de la grosse hégémonie du parti au pouvoir, puisque dans la meilleure des hypothèses, l’opposition ne pourrait s’en sortir tout au plus qu’avec le tiers des députés et des mairies. Ce n’est pas avec de telles situations qu’on suscite des passions. » Les raisons sont nombreuses. Au départ, les partis politiques ont accusé le financement des élections qui leur est parvenu quelques jours après le démarrage des différentes campagnes. Seulement, même après que cet argent soit mis à la disposition des candidats, on n’observa pas toujours d’effervescence autour des protagonistes de l’élection.
Il faut par ailleurs reconnaître que l’argument de la victoire avant la bataille du parti au pouvoir RDPC peut avoir complètement plombé les enjeux de cette élection. Dieudonné Essomba trouve une autre raison dans la particularité même des élections locales. « La vraie raison est que les politiciens n’ont pas compris le rôle fondamental de ces élections qui se présentent comme l’occasion de réaliser une véritable transition dans l’évolution du pays. Ils ne semblent pas avoir compris que la décentralisation ouvre une nouvelle ère et une nouvelle gouvernance de l’Etat qui devrait, si elle était menée avec sincérité, rebooster le Cameroun. »
A côté de ces autres raisons, il faut également pointer un doigt accusateur sur l’amateurisme poussée de nos politiciens. Selon l’économiste camerounais, « malgré tous les conseils avisés des experts, ils n’arrivent pas à intégrer qu’une campagne pour un poste exécutif comme la mairie, ce n’est pas les promesses spéculatives fondées sur la bonne volonté du Maire, comme si celui-ci était une divinité magique. C’est en réalité un exercice d’audit et de contre-audit politique de la gestion de la Commune, où les débats portent exclusivement sur les formes de gestion alternative du budget. Cela signifie que l’opposition doit montrer qu’avec le même budget que le sortant, et chiffres à l’appui également, elle aurait réalisé davantage. » Mais on assiste très rarement à ce type d’exercice. La plupart des candidats sont à faire des promesses électoralistes creuses et inintéressantes.
Mais tout n’est pas complètement perdu, il reste encore quelques heures aux différents candidats pour rectifier le tir.
Stéphane NZESSEU