Une fois de plus, et peut-être une fois de trop, la ville de Douala est sous les eaux. Qu’est ce qui ne va pas à la fin ? Entre incivisme des populations et la question des choix dans l’urbanisation de la ville, Martin Camus Mimb indique les vrais responsables.
Pour « NsangNkong » il faut cesser d’accuser les pauvres populations d’encombrer les drains. Même s’ils ne sont pas entièrement irresponsables de la situation de crise, il faut reconnaître que le gros du problème est ailleurs. « Depuis le déclenchement des inondations ce matin à Douala, du reste devenu des marronniers, avec les mêmes indignations et les mêmes gesticulations, j’entends et je lis des analyses sur l'incivisme des populations, proies faciles évidemment, et sur les questions de l'habitat urbain. C'est un élément de compréhension du problème de Douala. Le vrai problème de cette ville, est le fleuve Wouri. Il nous réserve une catastrophe qui est inévitable. Pour ceux qui sont nés il n'y a pas longtemps ou qui viennent d'arriver dans la capitale économique, le Wouri arrivait jusqu'au niveau du lieu-dit Rond-Point Deido... Et c'est pourquoi si vous observez l'architecture de l'ancien pont, il commence bien avant le début du lit actuel du Wouri. »
Et cette question de l’orientation donnée au fleuve et à ses affluents qui traversent la ville est certainement le choix stratégique qui cause le plus grand dommage en temps de saison pluvieuse. « On a maladroitement décidé depuis des années, à repousser le plus loin le fleuve. Chose inédite, parce que dans toutes les villes au monde où on a la grâce d'être mouillé par les fleuves, on les fait rentrer dans la ville, pour faire du tourisme et rafraichir l'environnement. Le Nil au Caire, la Seine à Paris, l'Amstel au Pays bas et autres. Si on ne pense pas la ville de Douala en intégrant le Wouri, il y a une catastrophe qui guette cette ville entière, tôt ou tard ! Souvenez-vous, c'est le 21 août 86 qu'a eu lieu la Catastrophe du Lac Nyos... » Une allusion au Lac Nyos qui devrait en principe faire bouger ceux qui dirigent en ce moment la ville de Douala. Mais bougeront-ils le petit doigt ? Très difficile d’attendre un pareil exercice pour des administrateurs qui n’ont pas de pensées prospectives aiguisées. Ou quand bien-même quelques acteurs de leurs services proposeraient des idées novatrices pour le salut millénaire de la ville de Douala, il faudra compter sur les lourdeurs et lenteurs administrative pour conserver l’inertie et consolider le statu quo. En attendant, à qui mieux mieux…
Stéphane NZESSEU