Désormais, les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont officiellement déclarées « zones économiquement sinistrées », Selon un décret rendu public le 2 septembre 2019 par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute.
Selon les textes en vigueur dans le pays, déclarer 03 régions « économiquement sinistrées » permet à l’État d’offrir des incitations diverses aux entreprises désireuses de s’installer dans ces zones touchées par l’insécurité. Ces incitations prennent la forme d’exonération d’impôts pendant une période de 3 ans, apprend-on.
Ce décret fait alors suite aux attaques de Boko Haram à l’Extrême Nord et à la crise anglophone au Nord et au Sud-Ouest du Cameroun. En effet, depuis 2013, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun est victime des attaques des membres de la secte islamiste nigériane Boko Haram, dont les incursions meurtrières ont pratiquement lessivé le tissu économique de cette partie du Cameroun.
Et depuis fin 2016, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays se sont quant à elles embrasées, suite à des revendications corporatistes des avocats et enseignants anglophones. Ces mouvements d’humeur ont ensuite dégénéré en revendications indépendantistes à partir de 2017, transformant ces deux régions anglophones du Cameroun en théâtre d’affrontements entre l’armée régulière et les militants séparatistes.
Dans le détail, les régions anglophones concentrent une part importante des activités agricoles du Cameroun (café, thé, cacao, palmiers à huile). Le Nord-Ouest représente à cet effet 70% de la production nationale du café arabica. Le Sud-Ouest quant à lui fournit 45% du cacao. Malheureusement, le climat d’insécurité met à mal aussi bien la production que la collecte, le négoce et le transport des produits causant beaucoup de pertes.
Par ailleurs, la crise frappe aussi de plein fouet deux fleurons de l’économie nationale dans le Sud-Ouest : Cameroon Development Corporation (CDC) et Pamol Plantation, spécialisés dans la production de la banane, de l’huile de palme et du caoutchouc. Les champs et les usines ont été vandalisés, les ouvriers attaqués et parfois assassinés, des productions entières abandonnées, etc. Les principaux fournisseurs de CDC et Pamol ont vu un recul de leurs activités. Selon les économistes, l’instabilité de la zone anglophone affecterait inéluctablement le tissu économique national. On comprend mieux pourquoi ces trois régions ont été déclarées « zones économiquement sinistrées ».
Danielle Ngono Efondo