La série d’émeutes violentes est presque passée sous les radars. Depuis bientôt une semaine, la Suède est le théâtre de violentes confrontations entre les forces de l’ordre et des émeutiers.
La raison ? La venue d’une figure controversée dans le pays, le leader d’extrême droite Rasmus Paludan. Voulant « brûler le Coran » dans les quartiers musulmans, le Dano-Suédois s’est attiré les foudres d’une partie des civils. 20 Minutes fait le point sur les violences qui découlent des manifestations d’extrême droite en Suède
Pourquoi y a-t-il de violentes émeutes en Suède ?
Depuis jeudi 14 avril dernier, Norrköping et Linköping, deux villes au sud-ouest de Stockholm, sont le théâtre chaque nuit d’affrontements entre les forces de l’ordre et des émeutiers. Vingt-six personnes soupçonnées d’y avoir pris part ont été arrêtées, a annoncé la police suédoise ce lundi.
Quarante personnes ont par ailleurs été blessées, soit 26 policiers et 14 civils. La police suédoise, dont une vingtaine de véhicules ont été incendiés ou endommagés, considère avoir été la cible principale de ce qu’elle a qualifié d'”émeutes violentes”.
La raison ? Les manifestants protestent contre un rassemblement du groupuscule anti-immigration et anti-islam baptisé “Ligne dure” [«Stram Kurs »], dirigé par le Dano-Suédois Rasmus Paludan. Ce dernier prévoyait de commencer ce jeudi une « tournée » en Suède, ciblant les quartiers à forte population musulmane pour y brûler le Coran.
Qui est Rasmus Paludan, la figure montante de l’extrême droite ?
On en sait très peu sur Rasmus Paludan. Mais sa notoriété lui vient de Youtube, plateforme sur laquelle il a lancé sa chaîne sur YouTube, « La voix de la liberté », dont les vidéos sont visionnées plus de 25 millions de fois.
C’est sur Youtube qu’il s’est d’ailleurs fait plus que remarquer après avoir brûlé un Coran entouré de bacon en 2019 car selon lui, le texte “propage des principes incompatibles avec les valeurs danoises”. L’année dernière, l’homme âgé de 40 ans qui se définit comme “l’homme le plus menacé du Danemark”, a réitéré en publiant une photo amalgamant immigration et criminalité qui lui vaudra d’être bloqué pendant un mois par Facebook.
L’avocat danoois, naturalisé danois en 2020 et qui porte souvent un gilet pare-balles, est quasiment inconnu en France. Pourtant il y est fiché 5 et interdit de séjour, selon une information de nos confrères de Libération. Le 11 novembre 2020, Rasmus Paludan avait en effet était arrêté à Paris alors qu’il comptait brûler un Coran près de l’Arc de Triomphe à l’occasion des commémorations de l’Armistice.
Assiste-t-on à une montée de l'islamophobie en Suède ?
La Suède, riche pays scandinave de 10,3 millions d’habitants, a accueilli plus de 400.000 immigrés entre 2010 et 2019, selon les statistiques de l’Office des migrations. Mais de nombreux experts notent que le pays a eu du mal à intégrer un grand nombre de ces nouveaux arrivants, des milliers d’entre eux ne parvenant pas à apprendre le suédois et à trouver un emploi sur un marché du travail hautement qualifié. L’extrême droite a depuis gagné du terrain, devenant le troisième parti politique du pays
Dans ce contexte, au Danemark, en Belgique, en France et évidemment en Suède, Rasmus Paludan multiplie ces dernières années les projets de brûler des exemplaires du Coran, généralement dans des quartiers à forte population immigrée et musulmane. Et, en Suède,
il attire les émules de l’extrême droite et réussit à rassembler en 2019 les 20.000 signatures requises pour participer avec son parti aux législatives. En juin de la même année, il recueille 1,8 % des suffrages, « ratant de près son entrée au Parlement où 2 % des voix étaient nécessaires pour y siéger », fait savoir le Point.
Mais plus encore que ce climat islamophobe ambiant, si l’émeute est telle aujourd’hui en Suède c’est bel et bien parce que la tournée de Rasmus Paludan n’a pas été interdite par les autorités. En effet, les forces de l’ordre ont maintenu que, malgré les autodafés, ces « tournées » relevaient de la liberté d’expression, soit un droit constitutionnel les obligeant à accorder les autorisations de manifester.
La gestion de cette tournée anti-islam a suscité la condamnation de plusieurs pays musulmans. Après l’Irak et l’Arabie saoudite, la diplomatie turque a déploré “l’hésitation à empêcher des actes provocateurs et islamophobes (…) sous couvert de liberté d’expression”, tandis qu’une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de Suède en Iran.