L’ambassade de l’Etat d’Israël à Yaoundé s’est dite « choquée » par les propos antisémites tenus par Jean de Dieu Momo, le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, lors de l’émission télévisée "Actualité Hebdo" diffusé les dimanches sur la CRTV, la chaîne nationale.
Le dimanche 3 février 2019, au cours d’un entretien télévisé sur la CRTV, Jean de Dieu Momo a déclaré qu’en «Allemagne, il y avait un peuple qui était riche, qui avait tous les leviers économiques, c’était n’est-ce pas, les juifs et qu’ils étaient d’une arrogance… telle que les allemands se sentaient frustrés. Puis un jour est venu au pouvoir un certain Hitler qui a mis ces populations-là dans des chambres à gaz ». Le Ministre Momo établissait ainsi un parallèle avec la situation actuelle du peuple Bamiléké et les débats enflammés autour du tribalisme.
Dans un communiqué qui date de ce lundi 4 février 2019, l’Ambassade israélienne a déploré ces propos « qui constituent une grande déception au regard des relations bilatérales qui existent entre le Cameroun et Israël ». L’Etat hébreux se dit «outré par cette sortie », « condamne fermement ces propos » et demande des « excuses immédiates ».
Rappelons que dans une série de messages postés sur sa page Facebook entre fin octobre et début novembre, Jean De Dieu Momo avait accusé la communauté Bamiléké dont il est originaire d’être responsable de la dérive tribaliste observée après l’élection présidentielle.
Le leader du PADDEC a semblé avoir retrouvé le bon sens. La dernière publication de l’homme politique sur sa page Facebook tirait la sonnette d’alarme d’une situation extrêmement volatile et en appelle à l’apaisement. « Notre pays coure un grave danger génocidaire. Nous devons tous nous calmer et nous regarder fraternellement pour cerner les problèmes et y apporter une solution. J’en appelle à la retenu de tous », a écrit Me Momo.
L’homme politique qui a soutenu la candidature de Paul Biya lors du dernier scrutin présidentiel, « suggère des assises nationales pour nous parler de nos frustrations tribales ou régionales». Il rappelle qu’« aucune tribu ne peut gouverner seule ce pays et les Entrepreneurs Tribalisco politiciens doivent prendre conscience de graves dangers qu’ils font courir à notre peuple par leur irresponsabilité. Les frustrations sont graves de part et d’autre de ndelele à Yokadouma, d’Abongbang à Fongo Tongo, de Bertoua à Kousseri, de Bafoussam a Betare Oya ».
« Prenons conscience des inégalités dans le traitement des uns et des autres et apportons y une solution pour ne pas donner plus de visibilité aux Entrepreneurs de Guerre qui émergent dans notre société depuis quelque temps », indique Jean De Dieu Momo.
Liliane N.