Dans les rues du Mali, les drapeaux russes sont brandis. Les populations accueillent le nouveau gouvernement de transition à cœur joie. Un gouvernement qui pour une fois n’est pas sous la botte des services d’intelligences français. Assiste-t-on à un tournant majeur de l’histoire vers les souverainetés des Etats africains ?
Le divorce avec la France semble totalement consommé dans les pays de l’Afrique jadis considérés comme appartenant au pré-carré français. Les africains ne veulent plus du paternalisme français. Ce sera désormais d’égale à égale ou pas. De plus en plus, les populations africaines ne veulent plus de ces bases françaises qui pullulent dans les territoires des pays souverains.
Des bases militaires officiellement installées pour combattre le terrorisme. Or, des années, voir des décennies après leurs installations, on assiste plutôt à la progression et à une plus grande virulence du terrorisme dans les régions où sont pourtant installées les bases militaires en question. Usurpant d’un vicieux principe contenu dans des accords de défense, ils s’arrogent le droit de s’impliquer dans les affaires internes des différents pays au gré de leurs intérêts. Au Mali, en Centrafrique, et ailleurs sur le continent, les bases militaires sont nombreuses, mais au contraire, les milices terroristes ne font que croître.
Or au même moment, dans la zone du Lac Tchad, alors que la secte Islamiste Boko Haram commençait à pointer du nez et sortir du Nigeria pour étendre ses tentacules vers les autres pays de l’Afrique Centrale, il a juste fallu de quelques mois à une coalition des armées, la Force Multinationale Mixte, pour mettre en déroute Boko Haram en l’espace de quelques mois.
Comment comprendre que les armées africaines parviennent à sécuriser leurs frontières en quelques mois, mais l’armée française avec toute sa logistique apparente ne parvienne pas à débusquer une petite milice d’à peine une centaine d’hommes sur une période de plus de 10 ans ?
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Pourquoi les drapeaux russes sont-ils de plus en plus présents lors des manifestations en Afrique ? Une question qui ne devrait plus se poser quand on voit comment en quelques semaines, l’armée Centrafricaine, avec l’appui russe a su protéger son élection en décembre 2020 et parviens aujourd’hui à retrouver l’intégrité de son territoire en mettant hors de ses frontières, des milices que l’armée française n’a pas pu défaire depuis plus de 25 ans de présence sur le pays.
Désormais, au Mali, puis à Bangui en l’espace d’une semaine, les populations sont sorties célébrer la présence des russes sur les terres où la France avait fait main basse. Et depuis quelques heures, des voix se font entendre du côté d’Abidjan, demandant également la venue des forces russes dans le pays.
Stéphane NZESSEU