L’homosexualité est un sujet qui créé de nombreuses polémiques et divise profondément la société éthiopienne. Ce Dimanche encore, après les offices, un groupe religieux est monté au créneau et a condamné le silence du gouvernement
Dereje Negash, un groupe religieux affilié à l‘Église orthodoxe d’Ethiopie s’inquiète de l’expansion de l’homosexualité dans le pays. Dimanche, en conférence de presse dans la capitale Addis-Abeba, ses responsables ont affirmé que l’indifférence du gouvernement contribuait à renforcer la présence du mouvement lesbien, gay, bisexuel et transgenre (LGBT) dans ce pays d’Afrique de l’Est : « Nous voyons des éléments étrangers qui tentent de propager l’homosexualité en Éthiopie, en utilisant l’aide la politique et la technologie. À cette fin, ils dépensent des millions de dollars. Des personnes de même sexe se marient en secret ici en Éthiopie. Cela devrait s’arrêter, et s’arrêter maintenant », a martelé les responsables du groupe.
Pour eux, il devient primordial que l’Etat adopte des lois plus strictes en matière de répression des personnes homosexuelles. À ce jour, la législation éthiopienne prévoit des peines allant jusqu‘à 15 ans de prison pour tout acte homosexuel. Une peine que les responsables religieux jugent insuffisantes : « Nous avons des cultures qui ne laissent pas place à ce type de pratique. Nous avons des valeurs qui perdent de plus en plus leur importance, à cause de la prolifération de ces pratiques… ».
L’Ethiopie est une société profondément religieuse, partagée entre le christianisme et l’islam. Les chefs religieux, influents dans le pays, n’ont jamais caché leur hostilité à la pratique homosexuelle. En juin dernier, des guides religieux de différentes obédiences s‘étaient fermement opposés à une agence de voyage américaine – qui se présente comme la seule agence de voyage gay au monde – de visiter des sites historiques en Ethiopie : « Le gouvernement éthiopien devrait prêter toute son attention à cette question, et jouer son rôle en protégeant la jeune génération de pratiques immorales, contraires aux valeurs éthiopiennes et à la religion », s‘était insurgé le collège de chefs religieux.
Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed prône une politique d’ouverture autant politique qu‘économique. Toutefois, il ne s’est pas encore ouvertement exprimé sur l’homosexualité, dont une position radicale pourrait lui valoir des réprimandes de ses partenaires internationaux. Plus de la moitié des pays africains ont des lois pénalisant les relations homosexuelles, aux dépens des ONG des droits de l’homme qui plaident pour un ramollissement de la législation.
Nicole Ricci Minyem