Les éléments de la douane ont procédé le 12 août dernier à d’importantes opérations de saisie de cargaisons issues de la contrebande dans le cadre de l’opération Halcomi.
L’opération dénommée Halte au commerce illicite en abrégée Halcomi passe ainsi à sa vitesse supérieure. La brigade commerciale des Douanes de Garoua-Boulaï dans la région de l’Est, a une fois encore réussi à faire intercepter une importante cargaison de médicaments illicites, le 12 août 2019. Ces produits contrebandiers quittant de la République centrafricaine à destination de Douala étaient dissimulés sous des branchages. D’après une source au sein de la douane : « Il s’agit de la plus importante saisie depuis le début de l’année à l’Est ». Cette opération coup de poing a pu mettre en déroute 448 cartons de médicaments hors norme.
Une double opération de saisie
La même date, l’on note 383 kilogrammes d’écailles de pangolins géants saisis par les éléments de la Brigade mobile à Bamenda, dans le Nord-Ouest. « Il s’agit de la plus grande saisie d’écailles de pangolins réalisée par les unités des Douanes depuis le début de l’année », a indiqué une fois de plus une source douanière. Les produits illicites avaient pour point de chute le Nigeria via un passage par la frontière au niveau d’Ekok. Les écailles de pangolins géants sont classées espèces protégées par les conventions internationales.
Bien avant cette double opération de saisie sus évoquée, le 03 août 2019 au poste de contrôle douanier de l’aéroport international de Douala un important stock d’or en provenance de la Région de l’Est a été intercepté. On évalue la valeur totale à 1,5 milliard de FCFA.
Innocent D H
« Nous avons réussi à interpeller quatre trafiquants qui s’apprêtaient à vendre deux tonnes d‘écailles de pangolin et 200 pointes d’ivoire. C’est une énorme saisie, d’habitude nous saisissons des dizaines, quelques fois des centaines de kilos d‘écailles. Ici on parle de plus de deux tonnes », selon Eric Kaba Tah, directeur adjoint de l’Organisation Non Gouvernementale LAGA.
Les trafiquants qui vont répondre de leurs actes devant les autorités compétentes sont membres d’un réseau qui exporte habituellement leurs produits vers le Nigeria, a-t-il ajouté.
Cette saisie record est estimée à 150 millions de francs CFA, et, les écailles de pangolins sont recherchées en Asie du Sud-Est, pour leurs prétendues propriétés médicinales contre l’acné, le cancer et l’impuissance.
Le réseau achetait des pangolins auprès de petits trafiquants du Cameroun, de Centrafrique et de la RDC, explique le responsable du Laga. Les écailles des animaux sont ensuite expédiées au Nigeria, à partir du Cameroun, avant d'être assemblées pour l'exportation illégale, notamment vers des pays d'Asie, apprend-on encore. La demande asiatique croissante, a renforcé la menace sur le pangolin, une des espèces animales protégées les plus braconnées au monde, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Les écailles du pangolin sont utilisées en médecine traditionnelle chinoise et sa viande est appréciée dans plusieurs pays d'Asie et d'Afrique. Le commerce international de huit espèces (quatre asiatiques et quatre africaines) de ces petits mammifères longs de 30 cm à 80 cm est interdit par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction . Certaines espèces sont classées « en danger », d'autres « en danger critique ».
De plus, le gouvernement de Pékin a interdit en 2016, le commerce du pangolin, de même que de ses écailles. Ce qui n’empêche pas les trafiquants, de rechercher ces produits qui se vendent à prix d’or, dans les marchés de Hong Kong, selon le directeur adjoint de l’Organisation Non Gouvernementale LAGA.
D’après les statistiques, un million de pangolins ont été chassés dans les forêts d’Afrique et d’Asie au cours des dix dernières années, à mesure que l’appétit pour le quadrupède s’envolait en Chine ou au Vietnam.
Quant au commerce illégal d’ivoire, il est la troisième forme de trafic le plus rentable après les stupéfiants et les armes. Il est alimenté par une forte demande en Asie et au Moyen-Orient, où les défenses d‘éléphant sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation. Il peut être revendu jusqu‘à 7.000 euros le kilo.