Les faits remontent à la nuit du 6 au 7 mars 2019, lorsque quatre individus sont interpellés à Foumbot, une commune située dans le département du Noun, région de l’Ouest. Ces hommes avaient en leur possession, un sac d’ossements humains qu’ils tentaient de vendre à un individu infiltré par les éléments du commissariat de sécurité publique de la ville de Foumbot. Ces quatre présumés trafiquants sont alors interpellés et conduits à la division régionale de la Police Judicaire à Bafoussam.
Agés de 52 ans, 27 ans, 25 ans et 23 ans, ces suspects ont été auditionnés et ont avoué leur forfait. « On m’a seulement proposé le sac. Ils sont venus de la brousse avec ce sac et me l’ont confié pour transmettre », explique Youssoufa, l’un des suspects. Selon les enquêteurs, les recherches ont conduit au cerveau de ce groupe de trafiquants, qui a réussi à s’échapper.
Au Cameroun, le trafic d’ossements humains prend de l’ampleur au fil des années dans les dix régions. Selon certains témoignages, les ossements serviraient à fabriquer des potions traditionnelles pouvant soigner des maux tels que l’infécondité, la cécité, les mauvais sorts. Par ailleurs, ils conféreraient aussi, à leurs détenteurs des pouvoirs surnaturels.
Marie Mgué
« Nous avons réussi à interpeller quatre trafiquants qui s’apprêtaient à vendre deux tonnes d‘écailles de pangolin et 200 pointes d’ivoire. C’est une énorme saisie, d’habitude nous saisissons des dizaines, quelques fois des centaines de kilos d‘écailles. Ici on parle de plus de deux tonnes », selon Eric Kaba Tah, directeur adjoint de l’Organisation Non Gouvernementale LAGA.
Les trafiquants qui vont répondre de leurs actes devant les autorités compétentes sont membres d’un réseau qui exporte habituellement leurs produits vers le Nigeria, a-t-il ajouté.
Cette saisie record est estimée à 150 millions de francs CFA, et, les écailles de pangolins sont recherchées en Asie du Sud-Est, pour leurs prétendues propriétés médicinales contre l’acné, le cancer et l’impuissance.
Le réseau achetait des pangolins auprès de petits trafiquants du Cameroun, de Centrafrique et de la RDC, explique le responsable du Laga. Les écailles des animaux sont ensuite expédiées au Nigeria, à partir du Cameroun, avant d'être assemblées pour l'exportation illégale, notamment vers des pays d'Asie, apprend-on encore. La demande asiatique croissante, a renforcé la menace sur le pangolin, une des espèces animales protégées les plus braconnées au monde, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Les écailles du pangolin sont utilisées en médecine traditionnelle chinoise et sa viande est appréciée dans plusieurs pays d'Asie et d'Afrique. Le commerce international de huit espèces (quatre asiatiques et quatre africaines) de ces petits mammifères longs de 30 cm à 80 cm est interdit par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction . Certaines espèces sont classées « en danger », d'autres « en danger critique ».
De plus, le gouvernement de Pékin a interdit en 2016, le commerce du pangolin, de même que de ses écailles. Ce qui n’empêche pas les trafiquants, de rechercher ces produits qui se vendent à prix d’or, dans les marchés de Hong Kong, selon le directeur adjoint de l’Organisation Non Gouvernementale LAGA.
D’après les statistiques, un million de pangolins ont été chassés dans les forêts d’Afrique et d’Asie au cours des dix dernières années, à mesure que l’appétit pour le quadrupède s’envolait en Chine ou au Vietnam.
Quant au commerce illégal d’ivoire, il est la troisième forme de trafic le plus rentable après les stupéfiants et les armes. Il est alimenté par une forte demande en Asie et au Moyen-Orient, où les défenses d‘éléphant sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation. Il peut être revendu jusqu‘à 7.000 euros le kilo.