L’annonce est du Ministre camerounais des Forêts et de la Faune (Minfof), Jules Doret Ndongo dans une décision signée ce mercredi, 17 novembre 2021. Toutefois, la coopération allemande et l’Union européenne (UE), principaux bailleurs de fonds de ce système informatisé de gestion de l’information forestière de 2ème génération (Sigif 2), émettent des réserves.
Dans sa décision, le Ministre Jules Doret Ndongo indique : « Conformément aux dispositions de l’accord de partenariat volontaire entre la République du Cameroun et l’Union européenne (UE) sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux des bois et des produits dérivés vers l’UE (APAV/Flegt), et dans le cadre de la mise en œuvre progressive du Sigif 2, les documents d’exploitation forestière ci-après devront être émis par le Sigif 2 à l’avenir, et ce à partir de l’exercice 2022 ».
Les documents auxquels la décision du Minfof fait référence sont les suivants : les certificats de matérialisation des limites et de conformité des travaux d’inventaires ; les bulletins de spécification de bois à l’exportation. Selon le membre du gouvernement, la production desdits documents, permettra l’augmentation des recettes liées aux taxes forestières.
L’on apprend qu’il est projeté une hausse de 25 et 30% pour ce qui est de la taxe d’abattage du fait de la maîtrise de la production forestière réelle taxable de chaque opérateur forestier et la prise en compte de toutes les sources d’approvisionnement. Cette traçabilité numérique dans la gestion de l’information forestière favorisera en outre, l’identification de nouvelles niches de recettes à travers la délivrance des certificats de légalité, des autorisations Flegt et la redevance informatique.
Cependant, les bailleurs de fonds de ce système sont moins enthousiastes. L’Union européenne en l’occurrence avait déclaré lors de la présentation de cette application le 1er avril dernier à Yaoundé que, « les certificats émis par le Sigip 2 ne pourront pas être reconnus ou validés dans le cadre du Règlement bois de l’Union européenne (Rbue), et encore moins dans le cadre de futures autorisations Flegt, qui permettraient de faire des économies et un accès direct et prioritaire au marché européen. Ces dernières ne pourront donc pas être émises avant qu’un autre instrument ne soit mis en place, ou bien qu’une refonte intégrale de l’outil soit effectuée, sur la base d’une étude benchmark conduite avec le ministère de l’Economie etc. ».
Innocent D H
Ce 1er avril 2021, le Cameroun a lancé la deuxième génération de son système informatisé de gestion de l’information forestière (Sigif 2). Toutefois, à peine lancé, ce système qui vise à assurer la traçabilité et la légalité du bois local est rejeté par la coopération allemande et l’Union européenne (UE).
A en croire l’UE et la coopération allemande, « les certificats émis par le Sigif 2 ne pourront pas être reconnus et validés dans le cadre du règlement du bois de l’Union européenne (Rbue), et encore moins dans le cadre de futures autorisations Flegt, qui permettraient de faire des économies et un accès direct et prioritaire au marché européen. Ces dernières ne pourront donc pas être émises avant qu’un autre instrument ne soit mis en place, ou bien qu’une refonte intégrale de l’outil soit effectuée, sur la base d’une étude benchmark conduite avec le ministère de l’économie (…) ».
L’on apprend que le nouveau système de traçabilité mis en place au Cameroun, en raison de certaines défaillances, n’ouvre pas au bois camerounais le marché de l’UE, l’un des principaux acheteurs. La coopération allemande et l’Union européenne exigent la refonte entière du système ou alors tout simplement son remplacement. Le système développé par le Cameroun en 2015, fait depuis longtemps l’objet de divergences entre le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof) d’une part, et d’autre part, l’UE et la coopération allemande.
Se référant à la déclaration de l’Union européenne en marge du lancement officiel du Sigif 2 au Cameroun, l’on peut lire, « Ces derniers ont exprimé ouvertement leurs différends tout au long du processus de développement et d’évaluation du Sigif 2, tout en offrant leur appui matériel, financier et technique pour faire disparaître ses discordances. En effet, c’est sur un financement de la coopération financière allemande (KfW) que le Minfof a contractualisé un prestataire, pour un contrat de 14 mois. Ce dernier a connu 34 mois de prolongation, en raison des validations compliquées de livrables intermédiaires par la commission de réception. Finalement, la version du Sigif 2 livrée en novembre 2018 n’a pas été réceptionnée par la commission ad hoc, pour non-conformité au cahier de charges. Les tests réalisés par un consultant indépendant ont révélé des disfonctionnements majeurs. Depuis lors, la KfW, en tant que partenaire financier, n’a plus jamais été tenue informée de l’évolution de ce marché ».
Le véritable problème proviendrait du fait que la version présentée du Sigif 2 n’est pas l’instrument attendu dans le cadre de l’APV Flegt. Il s’agit ainsi d’accords de partenariat volontaire visant à enrayer l’exploitation forestière illégale, dont le non-respect entraîne la non-admission du bois suspect sur le marché européen.
Innocent D H