Ce 1er avril 2021, le Cameroun a lancé la deuxième génération de son système informatisé de gestion de l’information forestière (Sigif 2). Toutefois, à peine lancé, ce système qui vise à assurer la traçabilité et la légalité du bois local est rejeté par la coopération allemande et l’Union européenne (UE).
A en croire l’UE et la coopération allemande, « les certificats émis par le Sigif 2 ne pourront pas être reconnus et validés dans le cadre du règlement du bois de l’Union européenne (Rbue), et encore moins dans le cadre de futures autorisations Flegt, qui permettraient de faire des économies et un accès direct et prioritaire au marché européen. Ces dernières ne pourront donc pas être émises avant qu’un autre instrument ne soit mis en place, ou bien qu’une refonte intégrale de l’outil soit effectuée, sur la base d’une étude benchmark conduite avec le ministère de l’économie (…) ».
L’on apprend que le nouveau système de traçabilité mis en place au Cameroun, en raison de certaines défaillances, n’ouvre pas au bois camerounais le marché de l’UE, l’un des principaux acheteurs. La coopération allemande et l’Union européenne exigent la refonte entière du système ou alors tout simplement son remplacement. Le système développé par le Cameroun en 2015, fait depuis longtemps l’objet de divergences entre le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof) d’une part, et d’autre part, l’UE et la coopération allemande.
Se référant à la déclaration de l’Union européenne en marge du lancement officiel du Sigif 2 au Cameroun, l’on peut lire, « Ces derniers ont exprimé ouvertement leurs différends tout au long du processus de développement et d’évaluation du Sigif 2, tout en offrant leur appui matériel, financier et technique pour faire disparaître ses discordances. En effet, c’est sur un financement de la coopération financière allemande (KfW) que le Minfof a contractualisé un prestataire, pour un contrat de 14 mois. Ce dernier a connu 34 mois de prolongation, en raison des validations compliquées de livrables intermédiaires par la commission de réception. Finalement, la version du Sigif 2 livrée en novembre 2018 n’a pas été réceptionnée par la commission ad hoc, pour non-conformité au cahier de charges. Les tests réalisés par un consultant indépendant ont révélé des disfonctionnements majeurs. Depuis lors, la KfW, en tant que partenaire financier, n’a plus jamais été tenue informée de l’évolution de ce marché ».
Le véritable problème proviendrait du fait que la version présentée du Sigif 2 n’est pas l’instrument attendu dans le cadre de l’APV Flegt. Il s’agit ainsi d’accords de partenariat volontaire visant à enrayer l’exploitation forestière illégale, dont le non-respect entraîne la non-admission du bois suspect sur le marché européen.
Innocent D H
Selon le Ministère de la Forêt et de la Faune, le développement du Système Informatique de Gestion des Informations Forestières va apporter trois éléments importants à savoir la Dématérialisation de la Gestion Forestière - Le Suivi de la Fiscalité Forestière - La Production de toutes les Informations nécessaires à la délivrance des Autorisations Flegt dans le cadre du Système de Vérification de la Légalité.
Pour parvenir aux résultats escomptés, de nombreuses missions ont été déployées sur le terrain, avec comme objectifs majeurs de : - Présenter l’outil développé – Faire des tests grandeur nature auprès des utilisateurs que sont les structures du Minfof et, les sociétés forestières des régions du Sud, de l’Est et du Littoral.
Il était aussi question de Relever et Documenter toute observation pertinente faite par les acteurs – Installer l’application au sein des structures du Minfof et les sociétés forestières choisies – Créer des comptes d’utilisateurs – Emettre à partir du système tous les documents administratifs dématérialisés – Authentifier à partir du système les documents administratifs émis – Relever les éventuels bugs, anomalies et évolutions…
Et pour juger du niveau d’implémentation, de sensibilisation et de déploiement du Sigif 2 au sein des trois régions forestières cibles, des ateliers ont été organisé, dont celui de ce Lundi
Il avait deux grandes articulations :
- La présentation générale des dix huit modules du Sigif 2 ainsi que des différents documents administratifs produits par l’application
- L’Inter agissement avec l’application à partir des serveurs hébergés à partir des serveurs hébergés à Nkolbisson, sur la base de données afin d’entrer en profondeur dans les fonctionnalités du Sigif 2.
Tout en saluant cette initiative à 100% camerounaise, les opérateurs ont estimé que bien que très encourageant, le Système Informatique de Gestion des Informations Forestières reste à perfectionner grâce aux recommandations des utilisateurs. En plus, le Conseil Municipal aura la latitude de mieux suivre l’exploitation des forêts communales et, il est avéré que le Système va limiter la fraude et améliorer le suivi des recettes forestières de même que leur répartition par bénéficiaire (Commune, Communauté, Etat…).
Les experts déployés sur le terrain ont dû faire face à :
L’instabilité de l’énergie électrique dans les régions du Sud et de l’Est
L’absence ou instabilité de la connexion internet au sein des délégations régionales et dans les sites des opérateurs
Le mauvais état des routes à l’Est Cameroun…
La mise en place d’un Système de Vérification de la légalité est l’une des conditions sine qua none pour l’amélioration de la gouvernance et de la gestion durable des ressources forestières au Cameroun.
Par ailleurs, ce concept rentre en droite ligne de l’Accord de Partenariat Volontaire signé entre le Cameroun et l’Union Européenne, par rapport à l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux des bois et des produits dérivés vers les vingt-huit États européens.
Les activités menées lors des missions déployées dans les régions sus citées ont relevé que cet outil va permettre de réduire les délais de traitement des dossiers, impactant ainsi sur les délais de passage des produits forestiers dans les différents ports du Cameroun.
Ce qui, selon certains experts va favoriser l’amélioration de la position du 237 dans le classement « Doing Business ».
Nicole Ricci Minyem