Ils craignent pour leur sécurité, du fait la prise de contrôle de certaines villes du pays par des rebelles regroupés au sein de la coalition des patriotes pour le changement (CPC).
Les camionneurs camerounais viennent de suspendre l’approvisionnement de la capitale centrafricaine (Bangui). Pour cause, la prise de contrôle de certaines villes de la République centrafricaine (RCA) par des rebelles. Une situation qui porte qui coup dur aux échanges commerciaux entre le Cameroun et ce pays voisin.
A l’issue d’une réunion de sécurité présidée le 19 décembre 2020 par le gouverneur de la région de l’Est, le Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC) a pris la résolution selon laquelle aucun camion camerounais ne traverse plus la frontière entre le Cameroun et la RCA (Garoua-Boulaï, pour desservir la ville de Bangui). Une mesure qui devra rester de mise jusqu’à ce que la situation sécuritaire se stabilise en République centrafricaine. Il est question pour les camionneurs camerounais d’assurer avant tout leur sécurité. Une réalité qui sert cependant, les intérêts des rebelles centrafricains. En effet, l’on apprend que ceux-ci ambitionnent, imposer un blocus de la capitale pour perturber, voire de renverser le régime du président Faustin Archange Touadéra, à la veille des élections législatives et présidentielles prévues le 27 décembre 2020.
Précisons que d’ordinaire, la République centrafricaine est principalement approvisionnée par le port de Douala. Les produits transportés transitent sur le corridor Douala-Bangui, et ce sont environ 55 milliards de FCFA de marchandises qui sont enregistrés chaque année, selon la douane camerounaise. Des perturbations régulièrement observées dans le déroulement du commerce depuis le renversement du Président Bozizé par les rebelles de la Séléka. Ces rebelles qui constituent à nouveau une menace pour le régime au pouvoir à Bangui sont regroupées au sein de la coalition des patriotes pour le changement.
Innocent D H
La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a averti que la suspension des activités de la Société Nationale des Raffineries de Pétrole (SONARA) a fortement affecté le défaut de paiement des dettes au Cameroun.
Les flammes géantes ont en effet entièrement consumé les unités 10 (distillation atmosphérique), 30 (fractionnement et stabilisation des essences), 40 (fractionnement des gaz plants et de lavage de buspo, gaz domestique), et 70 (traitement des eaux de procédés), de la raffinerie, paralysant ses activités. Quant aux unités 20, 50 et 100, les équipements d’analyse, le laboratoire et les bureaux, ils ont été partiellement endommagés.
Une analyse menée après l'incident qui a frappé l'entreprise le 31 mai dernier, lequel a endommagé la chaîne de transformation de l’unique raffinerie du pays, réduisant à zéro les capacités de production nationale d’hydrocarbures raffinés, montre que le volume des impayés dans le système bancaire camerounais va augmenter.
“L'estimation des crédits bruts accordés à la SONARA était de 119,3 milliards de francs CFA à fin avril 2019, soit 3,3% du volume global des crédits. Supposons que la SONARA ne soit pas en mesure de faire face à son engagement financier du fait de la suspension de ses activités, malgré le dépôt d'environ 87 milliards de francs CFA à fin avril 2019, pour les cas urgents principalement, le volume des impayés dans le système bancaire camerounais serait de 19,6% contre 16,2% à fin avril 2019," souligne la Commission.
L'analyse de la COBAC n'est pas rassurante pour un secteur où les créances en souffrance envers les banques commerciales au Cameroun en 2016 s'élevaient à 489 milliards de francs CFA. Ainsi, avec 106 milliards de francs CFA de créances impayées dans le secteur de la microfinance en 2017, le Cameroun concentrait 79% de l'ensemble des créances douteuses de la CEMAC à l'époque.
Selon la COBAC, la suspension de la raffinerie principale du pays, d'une capacité de raffinage de 2,1 millions de tonnes de pétrole brut par an, a un impact sur l'encours des crédits bancaires au Cameroun. La direction de SONARA a décidé de suspendre ses obligations contractuelles après l'incendie de quatre des 13 unités de production de la société.
Cette ardoise salée de la Sonara apparaît au moment où l’Etat du Cameroun envisage contribuer financièrement à la réhabilitation de ses unités endommagées. La facture atteindrait les 300 milliards de FCFA. Créée le 24 mars 1973, la Sonara dispose d’un capital de 32,540 milliards de FCFA. En 2010, un vaste projet de modernisation et d’extension de ses unités a été lancé dans le but de porter la production de la raffinerie de 2,1 à 3,5 tonnes de pétrole brut par an. L’incendie catastrophique du 31 mai 2019 a malheureusement stoppé net la phase 2 de ce grand projet.
Otric N.