Pendant quatre heures d’horloge, il y’a eu des échanges houleux, entre le membre du gouvernement, les importateurs des filières riz et poisson de même qu’avec les responsables des associations de défense des droits des consommateurs. Les deux principaux points abordés étaient la hausse des prix de ces denrées ainsi que les difficultés rencontrées par les acteurs dans les deux filières.
Alors que Jacques Kemleu, secrétaire général du Groupement des Importateurs de riz, rassure de la disponibilité de 200 000 tonnes de riz, soit une réserve de près de 5 mois, la moyenne mensuelle de consommation de riz étant de 47 tonnes, les opérateurs de la Filière riz quant à eux, ont profité de cette tribune, pour poser leurs difficultés telles que la pénurie de devises, les délais prolongés de franchise des marchandises, l'augmentation des charges sur les déclarations douanières de 1,5 à 6,8 pour cent... L'exercice a été le même avec la Filière poissons.
Le point de vue du consommateur
Pendant que le ministre du Commerce et ses invités tablaient sur les sujets sus évoqués, le consommateur lamda a lui aussi donné son point de vue et, tenté de comprendre les raisons de cette hausse de prix :
« La hausse des prix du riz et du poisson est une manœuvre d’un groupuscule d’individus, qui veulent faire chanter l’Etat ».
« La production peut avoir augmenté mais pas au niveau suffisant pour satisfaire les marchés et comment comprendre une hausse de la production locale qui s'accompagne d'une hausse des importations des mêmes produits. Cette hausse de la production qui la soutient, pour quels revenus ? »
« Le Cameroun n'exploite même pas 30% de ses terres arables - Les pays voisins c'est qui le Gabon et la guinée Equatoriale, ils ne font même pas trois millions d'habitant les deux réunis, soit la population de la seule ville de Yaoundé avant le conflit au Nord et au Sud Ouest. Il apparaît pourtant évident qu’avec ce conflit, ces deux villes ont encore plus d'habitant. Il faut admettre que nous sommes dans une économie trop fiduciaires, or la quantité d'argent en circulation est très faible, les zones de productions captent peu et tout le monde croit bêtement qu'augmenter les prix permettra d'arriver à l'équilibre et, le résultat on voit une bulle monter »…
Nicole Ricci Minyem
Les lenteurs dans les procédures portuaires, l’évacuation des produits à partir des bassins de production en saison pluvieuse à cause des pistes impraticables, les problèmes administratifs au niveau de la plateforme dématérialisée, sont autant de difficultés rencontrées par la filière cacao.
Ils ont été débattus jeudi 14 mars 2019 entre le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, et les intervenants dans la chaîne de valeurs cacao (transformateurs, exportateurs, Guichet unique, transitaires, sociétés de contrôle-qualité). Il était question, selon Cameroon Tribune, de voir comment résoudre ces préoccupations pour éviter que le cacao n’arrive en Europe dégradé.
Pour le ministre, ce sont des problèmes qui peuvent trouver des solutions s’il y a une synergie franche entre les différents intervenants. Quelques pistes de solutions ont été proposées. Notamment, la multiplication de rencontres comme celle d’hier pour faire des évaluations, améliorer la qualité des services, faire l’entretien des routes avant le début de la prochaine campagne cacaoyère, mettre sur pied au port, pour 2 ou 3 mois, un couloir spécifique destiné au cacao.
Michael Ndoping, directeur général de l’Office national du caco et du café (Oncc) dira que «le cacao est un bien périssable. Il faut le sortir rapidement. En dehors des solutions proposées, on peut voir avec les entreprises de téléphonie mobile comment améliorer [leur offre, Ndlr] pour que notre plateforme fonctionne de façon optimale».
L’autre temps fort de la visite du Ministre du Commerce à Douala a été la visite du laboratoire central de l’Oncc, encore appelé laboratoire central des filières situé à Akwa. Le Dg de l’Oncc a d’ailleurs fait savoir que sa structure est pleinement engagée dans la démarche qualité. En plus cette nouvelle donne, va permettre d’anticiper sur les défis de la chaîne de valeurs.
Rappelons que le prix du kilogramme de cacao a connu une hausse depuis quelques jours, se négociant à plus de 1000 FCFA, contre une moyenne de 900 FCFA en début mars, selon les données compilées obtenues dimanche auprès du Système d’information des filières (SIF). Sur la base de ces statistiques, le kilogramme de cacao dans certaines localités des grands bassins de production du Centre et du Littoral se négocie à 1050 FCFA, contre 900 FCFA il y a encore deux semaines, ce qui représente une augmentation de 150 FCFA.
Il s’agit de la plus importante hausse de prix depuis le début de l’année, et le deuxième la plus importante depuis l’ouverture de la saison cacaoyère en août 2018, qui a connu des pics en novembre et décembre avec le kilogramme de cacao à 1200 FCFA. Selon toute vraisemblance, en ce début de saison des pluies, des producteurs ont compris la nécessité de s’organiser en coopératives ont engrangé des bénéfices substantiels, étant donné que des « petits conceurs » n’ont pas des moyens pour sillonner des zones rurales pendant la saison des pluies.
Avec une production de près de 300 000 tonnes de cacao l’année dernière, le Cameroun pourrait dépasser cette production cette année, même si l’objectif d’une production de 600 000 tonnes par an pour les deux prochaines années semblent difficiles à atteindre.
Otric N.
C’est la quintessence de la rencontre qui s’est déroulée il y’a quelques jours, dans la salle des conférences du ministère du commerce, suite à une alerte lancée le 31 janvier dernier.
Charles Booto à Ngon, avait alors attiré l’attention du ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana et de ses services techniques au sujet de couches jetables pour bébé en provenance de France qui représentaient un risque pour la santé des bébés.
Dans la correspondance adressée au membre du gouvernement, le Directeur général de l’Agence des normes et de la qualité fait mention d’une étude minutieuse menée par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), qui a conduit aux conclusions selon lesquelles certaines substances (butylphényl méthyle propional , l’hydroxyisohenyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde et les hydrocarbures aromatiques polycycliques de dioxines ou de furanes) dépasseraient les seuils sanitaires requis.
L’Anor précise que lesdites couches jetables ne sont pas soumises au programme d’évaluation de la conformité avant embarquement des marchandises importées en République du Cameroun (Pecae), ce qui implique que cette situation expose les consommateurs aux risques liés à ces produits à la qualité non éprouvée.
La ligue nationale des consommateurs est elle aussi montée au créneau, pour que ces couches soient retirées des boutiques et, un communiqué a été rendu public à cet effet. Et pour Delor Margellan Kamdem, la ligue est restée dans son rôle de veille : « Nous sommes fiers de la décision prise par le ministre, le 12 février dernier. Nous sommes conscients que cette décision ne sera pas du goût de tout le monde, notamment les jeunes mamans mais, je pense qu’elles seront d’accord que seule, lma santé de nos bébés comptent, au lieu de la préservation de ces ongles. Nous devons nous rassurer que ce qui nous est proposé dans le commerce, répond à toutes les normes et, tant qu’il y’aura un risque, nous allons faire notre travail. Donc, pour nous de la ligue, cette décision est salutaire… ».
Les femmes obligées de revenir à l’ancienne méthode ?
La décision du ministre du commerce, suite à cette alerte par rapport à la santé des bébés n’est pas du goût de tout le monde, notamment de ces dames qui, après l’arrivée des couches jetables sur le marché camerounais avaient jeté leur dévolu sur ces dernières. Elles sont nombreuses, ces mamans qui, au cours des dernières années n’ont plus utilisées les couches en carré, celles qu’affectionnaient les mamans des années 80 – 90 et de la première décennie de 2000. Pour revoir les couchés en coton carré mises à sécher sur les cordes, il fallait aller dans les campagnes et même, comme le précise ici, maman Jacqueline, 55 ans : « Les jeunes filles de maintenant, sont devenues paresseuses et, certaines sont très sales, donc, je comprends que la décision prise par le ministre du commerce et ses collaborateurs, ne va pas leur plaire. Quand j’accouchais mes enfants, j’en ai sept, il arrivait que l’utilise pour les cadets, les couches achetées pour les aînées. Et, je peux vous assurer qu’elles étaient encore bien blanches mais, un peu effilochées. Mes enfants n’ont jamais souffert de gale et, je ne sais quelle autre maladie que les choses des blancs nous apportent maintenant… ».
Nicole Ricci Minyem