Le riz et le poisson étaient au menu des concertations mercredi au ministère du Commerce. « Mais le repas a bien failli ne pas passer, n’eût été l’ajout des ingrédients dialogue et patience. C’est ce qui aura marqué les deux réunions présidées par Luc Magloire Mbarga Atangana, Mincommerce », commente Cameroon Tribune.
D’abord le riz. Il était question, apprend-on, de faire le point sur l’approvisionnement du marché national. Le prétexte étant l’augmentation des prix. Jacquis Kemleu, secrétaire général du groupement des importateurs de riz va dans un premier temps rassurer l’opinion sur la disponibilité des stocks.
Plus de 200 000 tonnes sont actuellement dans les entrepôts, ce qui va couvrir un peu plus de quatre mois de consommation, la demande mensuelle étant de 46 000 tonnes. Par contre, même s’ils ont une visibilité sur les six prochains mois, les importateurs craignent des difficultés quant à la suite de leur activité d’importation au regard des nombreux obstacles qu’ils rencontrent désormais. Il s’agit entre autres de la disponibilité des devises dans les banques, mais également des taxes douanières dont le taux est passé de 1,5% à 3,14%, entre autres.
Mais pour le Mincommerce, tout ce qui précède ne justifie pas la flambée des prix. « Le constat que nous faisons, c’est qu’il existe un stock consistant. Il était essentiel de repréciser les prix en concertation avec les opérateurs et en fonction du type de riz», explique Luc Magloire Mbarga Atangana. Concernant le riz 25% (qui représente 75% de l’approvisionnement sur le marché), le prix applicable est de 330F le kg à Douala et 350 F à Yaoundé. Pour le riz 5%, les prix sont de l’ordre de 400 à 425 F en fonction des villes.
Une fois le riz servi, c’était au tour du prix du poisson d’être consommé. Pour ce produit en effet, en plus de sa faible accessibilité, sa disponibilité est fortement remise en question ces derniers jours. Avant de comprendre les raisons de cette situation, on apprendra que pour 2019, à ce jour, un quota d’importation de 188 000 tonnes a déjà été accordé par le ministère en charge de l’Elevage à neuf structures. Les importateurs disent ignorer les raisons de la disparité des prix.
« Il y a une foultitude d’intervenants plus ou moins connus. Là aussi, nous avons clarifié les rôles. Ce que je peux dire c’est qu’il n’y a pas de maquereau 25%. Mais le prix du maquereau 20+ a été établi. Il est cédé au consommateur final dans une fourchette comprise entre 1000 et 1200 F en fonction de la taille et la grosseur du poisson », va conclure le ministre.
D’autres types de poissons ont aussi vu leurs prix applicables fixés. Des descentes inopinées vont suivre pour s’assurer de l’effectivité de ces mesures.
Otric N.
Pendant quatre heures d’horloge, il y’a eu des échanges houleux, entre le membre du gouvernement, les importateurs des filières riz et poisson de même qu’avec les responsables des associations de défense des droits des consommateurs. Les deux principaux points abordés étaient la hausse des prix de ces denrées ainsi que les difficultés rencontrées par les acteurs dans les deux filières.
Alors que Jacques Kemleu, secrétaire général du Groupement des Importateurs de riz, rassure de la disponibilité de 200 000 tonnes de riz, soit une réserve de près de 5 mois, la moyenne mensuelle de consommation de riz étant de 47 tonnes, les opérateurs de la Filière riz quant à eux, ont profité de cette tribune, pour poser leurs difficultés telles que la pénurie de devises, les délais prolongés de franchise des marchandises, l'augmentation des charges sur les déclarations douanières de 1,5 à 6,8 pour cent... L'exercice a été le même avec la Filière poissons.
Le point de vue du consommateur
Pendant que le ministre du Commerce et ses invités tablaient sur les sujets sus évoqués, le consommateur lamda a lui aussi donné son point de vue et, tenté de comprendre les raisons de cette hausse de prix :
« La hausse des prix du riz et du poisson est une manœuvre d’un groupuscule d’individus, qui veulent faire chanter l’Etat ».
« La production peut avoir augmenté mais pas au niveau suffisant pour satisfaire les marchés et comment comprendre une hausse de la production locale qui s'accompagne d'une hausse des importations des mêmes produits. Cette hausse de la production qui la soutient, pour quels revenus ? »
« Le Cameroun n'exploite même pas 30% de ses terres arables - Les pays voisins c'est qui le Gabon et la guinée Equatoriale, ils ne font même pas trois millions d'habitant les deux réunis, soit la population de la seule ville de Yaoundé avant le conflit au Nord et au Sud Ouest. Il apparaît pourtant évident qu’avec ce conflit, ces deux villes ont encore plus d'habitant. Il faut admettre que nous sommes dans une économie trop fiduciaires, or la quantité d'argent en circulation est très faible, les zones de productions captent peu et tout le monde croit bêtement qu'augmenter les prix permettra d'arriver à l'équilibre et, le résultat on voit une bulle monter »…
Nicole Ricci Minyem