Après avoir appris une énième fois qu’elles ne recevront pas de dialyse, les personnes souffrant d’insuffisance rénale sont descendues dans la rue et ont manifesté leur raz le bol devant le Centre Hospitalier Universitaire (CHU)
« Cela fait plusieurs jours que nous n’avons pas reçu notre traitement et personne n’est en mesure de nous dire à quel moment nous en aurons. En face, nous avons l’impression d’avoir à faire à des armoires de glace qui nous observent avec mépris, condescendance, comme si nous les ennuyons. Tous nous demandant simplement d’attendre, mais jusqu’à quand ? Motus et bouche cousue…», affirment les manifestants qui ne comprennent pas la récurrence de ces ruptures.
Surpris que le sujet revienne sur le tapis, ils se souviennent que c’est au mois de Décembre 2020 que, face à une nouvelle crise, le patron de la Santé Publique, le Docteur Manaouda Malachie leur avait assuré de la disponibilité des kits d’hémodialyse pour une période de six mois.
Va t –on une nouvelle fois évoquer la question « du manque de financements » ? Prétexte avancé par le ministre de la Santé Publique il y’a quatre mois. Une question qui en entraîne une autre : Où en est – on avec la mise en place d’une unité locale de fabrication des kits ?
La froideur apparente du personnel de Santé s’explique par le fait qu’ils ne savent eux non plus à quel Saint se vouer : « En fait, nous sommes confrontés à un phénomène réel, c’est celui des prises en charge qui augmentent au quotidien ; Les hôpitaux publics sont débordés. Et dans le domaine, l’apport du privé reste marginal », fait savoir un médecin en service au Centre Hospitalier Universitaire.
Le recours à la dialyse est indispensable pour les personnes souffrant d’insuffisance rénale. Elle permet aux patients de survivre pendant le processus d'autoréparation rénale qui se met en place une fois le patient stabilisé. On sait aujourd'hui que ce processus n'est pas complet et qu'il reste une mémoire de l'agression. Cependant, il est important pour le malade de suivre un traitement rigoureux.
Et pour ces malades Camerounais qui se trouvent contraints de descendre dans la rue chaque fois, l’espoir viendra peut être de la société Medecis Sarl qui avait parlé d’un investissement de près de 6 milliards de FCFA, pour la construction de centres d’hémodialyse au Cameroun. Une initiative qui pourrait apporter plus d’opportunités de traitement aux patients.
Nicole Ricci Minyem
Telle est la quintessence du propos du collectif des malades démunis du Cameroun s’adressant, dans une lettre signée le 23 février 2019, à madame Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice Régionale de l’OMS pour l’Afrique au terme de sa visite effectuée dans notre pays du 20 au 23 février dernier.
Ce qui aura suscité le courroux de nos malades démunis s’exprimant par la voix de leur porte-parole Wouassom Demetrio, est le fait pour madame Matshidiso Rebecca Moeti de s’être déclarée satisfaite du plateau technique des formations sanitaires au Cameroun. C’était lors de la conférence de presse marquant la fin de sa visite officielle dans notre pays. « Je suis satisfaite du plateau technique des formations sanitaires au Cameroun… Je salue les efforts et la politique de santé mise en place par le président Paul Biya » avait-elle alors déclarée.
Dans un ton acerbe, ladite lettre, teinté de relents politiques accable le Président de la République qui, de l’avis de monsieur Wouassom aura attendu 35 ans pour penser à mettre en place « la couverture santé universelle ». Toute chose qui relèverai, de l’avis du porte-parole des malades démunis, de la mauvaise foi du Chef de l’Etat car, « plusieurs Nations du monde appliquent déjà cette politique ».
Continuant de surfer sur la même vague, afin de démontrer que « Le système de santé au Cameroun est dérisoire et désastreux », monsieur Wouassom déclare : « Les plateaux techniques des formations sanitaires au Cameroun ne sont nullement fournis. Comme illustration, nous avons l’évacuation sanitaire fréquente des pontes du régime ; la violation du serment d’Hippocrate car Les patients démunis n’ont pas accès aux soins de santé dans nos formations sanitaires. Ils sont abandonnés à eux-mêmes et finissent par rendre l’âme sous le regard indifférent et insouciant du Personnel médical inhumain ; les démunis doivent se contenter de la piètre infrastructure hospitalière ; le vol répété des nouveau-nés dans les formations sanitaires ; la pénurie fréquente des médicaments dans les pharmacies publiques ; la forte résistance des médicaments de la rue ; la séquestration des patients démunis dans les hôpitaux publics (Hôpital Central de Yaoundé…) ; la vétusté et le délabrement avancés des édifice ; l’absence de dératisation régulière des formations sanitaires (les moustiques et les rats côtoient les malades ; la non gratuité de certains soins bien que déclarés comme tels. »
Dans la même veine, il dit: « Si les autorités gouvernementales se sont limitées à vous présenter l’apparence, sachez que même le centre mère et enfant de la fondation Chantal Biya qui vous a accueillie, ne s’occupe pas du tout des patients démunis, ils y sont refoulés comme des mal propres alors qu’elle fonctionne avec l’argent du contribuable ».
Ceci étant, en reconnaissant volontiers que tous n’est pas parfait dans notre système de santé, parions que des efforts, même si pas encore suffisants, sont fait pour permettre au grand nombre de se soigner « plus ou moins convenablement ».
Des copies de ladite lettre ont été envoyées au Ministre de la santé publique, à celui des relations extérieures, et au représentant pays OMS Cameroun.