Le monde entier a vu ce lundi matin des jeunes camerounais, effigies du Chef de l’Etat en main, manifester librement devant les portes de l’ambassade de France au Cameroun. Une manifestation qui a surpris plus d’un. Comment comprendre que cette marche ait été autorisée et que quelques jours avant des enseignants aient été gazés dans les mêmes rues de Yaoundé ?
Qui a pu autoriser cette marche subite ?
Difficile à comprendre. Pour une raison toute simple. La discussion entre Calibri Calibro et le président français a eu lieu Samedi en mi-journée. Or Samedi et dimanche ne sont pas des jours ouvrables au Cameroun. A quel moment le sous-préfet de Yaoundé 3e a-t-il pu signer ce document ? Or connaissant les habitudes au sein de la sous-préfecture de Yaoundé 3e, Mr le sous-préfet ne vient jamais au bureau avant 10 heures du matin. Le premier employé qui ouvre les portes de la sous-préfecture après le gardien, c’est la jeune dame qui est agent du fisc et qui par principe dépend de la direction des impôts. Comment ont-ils fait pour déposer une déclaration et obtenir le récépissé avant 08 heures de la matinée ?
D'un autre côté, il est légalement impossible d’obtenir un récépissé de déclaration en moins de 07 jours comme le prescrit la loi. La loi N° 90-55 du 19 Décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques est claire. « Article. 6.- (1) Sont soumis à. l’obligation de déclaration préalable, tous les cortèges, défilés, marches et rassemblements de personnes et, d'une manière générale, toutes les manifestations sur la voie publique. Article. 7.- (1) La déclaration prévue à l'article 6 ci-dessus est faite au district ou à la sous-préfecture où la manifestation doit avoir lieu, sept jours francs au moins avant la date de ladite manifestation. » Il apparaît donc que ces jeunes gens n’ont pas fait de marche légale.
Mais chose curieuse, la police a encadré cette marche. Pire encore, cette marche a complètement bloqué la circulation entre le carrefour du monument de la Réunification et le carrefour Olézoa durant une journée entière. On n’a pas vu les agents des forces de l’ordre venir gazer ces jeunes gens qui faisaient ainsi affront à un pays dit ami.
Par contre quelques jours avant, des enseignants qui pleuraient leur collègue ont été brutalisé sous le fallacieux prétexte qu’ils occupaient la voie publique. En plus des enseignants, les marches du MRC et d’autres mouvements politiques sont systématiquement interdites et les policiers font tout pour les empêcher.
Que doit-on comprendre ? Certainement que Paul BIYA est le métronome de la liberté d’expression politique au Cameroun.
Stéphane NZESSEU