C’est un sacrilège, une offense grave. C’est ainsi que devrait être qualifié l’acte posé par les forces de l’ordre ce jeudi sur les enseignants camerounais qui ne demandaient qu’à faire le deuil de l’un des leurs.
Comment en est-on arrivé là ? Qu’est ce qui a bien pu passer dans l’esprit des responsables de la police et de la Gendarmerie qui ont décidé de verser des jets d’eau sur des enseignants ? Etaient-ce des grévistes, des politiciens revendiquant des prébendes électorales, des anarchistes, des casseurs, des têtes brûlées, des terroristes ? Quel mal causaient-ils à la société ? Quel danger représentaient-ils ? Pourquoi verser des jets d’eau sur un enseignant en uniforme ? Est-ce un crime que d’être en deuil ? Est-ce porter atteinte à la stabilité de l’Etat que de pleurer ?
Où est le respect dû ? Le respect de celui qui transmet le savoir. Où est passée la considération pour celui qui est responsable de former la jeunesse camerounaise, le Cameroun d’aujourd'hui et de demain ? Est-ce le nouveau son de cloche que le gouvernement camerounais veut donner ? Est-ce comme ça que les camerounais voudraient qu’on traite leurs enseignants ? Quelle crédibilité accorder à l’enseignement ? Le Cameroun ne vient-il pas détruire le reste de valeur qui restait encore à l’enseignant ? pourquoi est-on arrivé là ? Qui pense aux conséquences de cet acte policier regrettable ?
Quelle considération peuvent encore avoir ces élèves pour ces enseignants ? Comment comprendre que des enseignants font le deuil d’un élève qui a fait un excès de zèle allant jusqu'au meurtre et que les patrons de la police et de la gendarmerie du Cameroun reproduisent les mêmes comportements ? Si l’Etat peut verser de l’eau à un enseignant qui pleure, où vont-ils encore trouver du secours en cas de danger ? Vers qui les enseignants vont-ils se tourner ?
Quelle image ? Que veut-on renvoyer aux partenaires du Cameroun ? Ont-ils oubliés ce que la frustration des enseignants a entraîné dans les régions du Nord ouest et du Sud Ouest ? Ou alors, n’est-ce pas une stratégie pour mettre le feu aux poudres ? Sinon qu’est ce qui justifie d’attiser la colère des enseignants ? Serait-ce l’œuvre d’acteur tapis dans l’ombre qui ourdissent depuis longtemps ce qui est qualifié de « coup d’Etat scientifique » ? A qui profite cette situation de trouble ainsi orchestrée ? Surtout ne nous parlez pas de manipulation.
Difficile de comprendre cet acte d’affront posé par les forces de l’ordre sur ces personnes qui ont pour sacerdoce transmettre le savoir aux jeunes camerounais.
Lire aussi : Njoni Tchakounté Boris Kevin forever : L’enseignant assassiné par son élève a entamé son dernier voyage
Stéphane NZESSEU