Le samedi 23 mars, l’aéroport Léon Mba a été transformé en place assiégée. Les Librevillois se sont déplacés en masse pour accueillir et surtout pour voir le président Ali Bongo jadis déclaré mort il y a quelques mois. « On l’a vu, il est bel et bien vivant. Facebook et le mensonge des sosies, c’est terminé », a lancé un des partisans du président Bongo au micro de la Radio France Internationale (RFI).
La foule était au rendez-vous pour accueillir Ali Bongo, ainsi que les cadres du parti démocratique gabonais, au pouvoir. Une mobilisation qui n’a pas laissé, l’intéressé indifférent. Lorsqu’il est sorti de l’aérogare, le président gabonais, qui s’appuie sur une canne, a tenté de s’approcher de la foule avant de revenir vers son gros 4x4 où il s’est engouffré avec son épouse Sylvia.
Pour les partisans d’Ali Bongo, ce retour est tout sauf une mauvaise nouvelle, tant il sonne le glas des appréhensions sur l‘état de santé de leur leader mais surtout sur sa capacité à diriger leur pays. Difficile donc samedi pour les pro-Bongo de faire l‘économie de leur joie.
Ali Bongo est rentré dans sa résidence privée de la Sablière. Son cabinet reste cependant muet sur son agenda.
Pour rappel, Ali Bongo avait été surpris par un AVC le 24 octobre 2018 alors qu’il se trouvait en Arabie Saoudite. Paralysé du fait d’une ‘hémiplégie’ droite, il n’a point baissé les bras. Après un mois d’intense lutte contre la maladie, il a rejoint le Maroc sous l’invitation de son frère et ami Mohammed VI pour poursuivre sa rééducation. Quatre mois ponctué de soins, d’apprentissage, Ali Bongo Ondimba a quitté son fauteuil roulant et se tient désormais debout aidé par une canne pour poursuivre sa mission en tant que président de la république du Gabon.
Danielle Ngono Efondo
Pour la seconde fois depuis son hospitalisation à Riyad vers la fin du mois d’octobre, Ali Bongo Ondimba est de retour dans la capitale gabonaise. Des photos du chef de l’État recevant en audience, dans le salon marocain de la présidence, plusieurs responsables politiques ont circulé sur les réseaux sociaux sur le compte de la présidence gabonaise. Ali Bongo Ondimba a entre autres, rencontré le président de l’Assemblée nationale Faustin Boukoubi, ainsi que la présidente de la Cour constitutionnelle Marie – Madeleine Mborantsuo, le chef de gouvernement Julien Nkoghe Bekale et enfin, son directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga.
A la fin de l’audience et devant les Hommes des médias, le chef du gouvernement s’est montré très heureux de retrouver le Président de la République et selon lui, il ne subsiste aucun doute que Ali Bongo Ondimba est en possession de toutes ses facultés mentales et intellectuelles : « J’ai été agréablement surpris, ça m’a fait chaud au cœur. Ali Bongo Ondimba a gardé le souvenir et sa lucidité, il est très alerte».
Un précédent court passage à Libreville
Des vidéos amateurs d’un cortège présidentiel dans les rues de la capitale gabonaise ont également circulé sur les réseaux sociaux ce 25 Février. On y voit Ali Bongo Ondimba saluant des riverains depuis la vitre baissée de sa voiture. Et, la circulation s’en est fortement ressentie alors que le cortège avançait vers le palais. C’est en mi-janvier, que le président gabonais avait fait un passage de moins de 24 heures dans son pays, afin d’assister à la prestation de serment du nouveau gouvernement.
Un passage éclair qui semble avoir causé beaucoup plus d’inquiétude au sein de la population, d’autant plus que très peu d’informations avaient filtré sur le président gabonais, encore moins sur son état de santé, même si certaines indiscrétions ont avancé la thèse d’un « accident cardio vasculaire ».
La prestation de serment, au cours de ce mois de février de la nouvelle ministre de la Défense, Rose Christine Ossouka Raponda, devant le Chef de l’Etat, à l’ambassade du Gabon au Maroc, en présence de la Cour constitutionnelle a conforté certains gabonais que leur Président était très mal en point.
Que dire de ces photos et vidéos officielles, notamment le traditionnel discours de vœux prononcé depuis Rabat, qui ont également été diffusées, n’ont pas réussi à dissiper le scepticisme de l’opposition, dont un des leaders, Zacharie Myboto, qui a appelé le 22 février dernier à déclarer la vacance du pouvoir.
Nicole Ricci Minyem