La commune de Bibemi dans le département de la Bénoué a de nos jours une préoccupation qui semble celle déterminante pour la réalisation de ses multiples objectifs. Cette préoccupation touche à grand trait l’incivisme fiscal qui règne dans cette partie de la région du Nord-Cameroun. En effet, la commune que dirige Yirema Hairou, a besoin d’argent en quantité suffisante pour concrétiser ses ambitions en 2019, une année qu’elle voudrait bien productrice sur tous les plans en faveur des populations.
L’engagement date maintenant de quelques jours qui ont suivi la tenue de la session de son conseil municipal. Loin de l’ordinaire en terme des débats qui marquent généralement les sessions des conseils municipaux, les travaux de Bibemi ont apporté des résolutions plutôt porteuses d’espoir. « Rien ne va, il y a les villages qui n'ont même pas versé le moindre franc au cours de l’exercice qui vient de s’achever nous vivons avec l’incivisme fiscal. Les gens ne paient pas leurs impôts, même quand ils paient ça n’arrive pas dans les caisses du receveur. Il y a un véritable problème de suivi desdits impôts dans l’arrondissement de Bibemi », a déclaré le maire qui en s’indignant de la sorte semble lancer un appel pour la convergence des idées pour la mobilisation des recettes .
Le problème demeure ainsi malgré l’existence de la commission locale des impôts que dirige le sous préfet de la Bénoué. « Le problème se situe, à mon avis, au niveau des conseillers, ces derniers ne se font voir que quand on vote le budget et par conséquent ne sont pas entrain de faire le travail qui est le leur, je suis sur que si ces derniers faisaient leur travail, il y aurait un changement et même si le problème perdurait il ne devait pas l’être avec cette ampleur », a-t-il suggéré.
En recettes et en dépenses, le budget 2019 de la commune de Bibemi s’équilibre à plus de 800 millions de francs CFA. « Comme nous le constatons ce budget est en nette augmentation. Ceci est due à la hausse du CAC pour la nouvelle année », a précisé le maire.
Dans les débats les conseillers municipaux ont proposé des voies et des moyens pour l’accroissement des recettes. « Nous pourrons organiser une opération coup de poing pour dénicher les réseaux de tous ceux qui organisent les points de vente hors du marché, cela empêche les vendeurs de venir au marché où la commune peut percevoir les taxes », a proposé l’un des conseiller après l’explication conséquente du maire et du préfet qui sont conscients de ces manœuvres qui entravent l’entrée des recettes à la commune de Bibemi.
Félix Swaboka
Quelques raisons ont été évoquées au cours des assises, notamment la poursuite de la mise en œuvre du programme économique et financier, les nouvelles réformes des finances publiques et des marchés publics, l’accélération des projets de la Coupe d’Afrique des nations, la persistance de l’insécurité dans les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest du pays.
A ces raisons, on peut ajouter l’insuffisante qualification des ressources humaines au sein de certaines entreprises adjudicataires, le non respect des délais contractuels, le retard dans l’exécution de nombreux projets. On parle par ailleurs du manque de production des plans d’engagement dans les délais, le refus ou encore l’incapacité de maîtriser les procédures liées aux subventions d’investissements et aux fonds de contrepartie, le retard dans le paiement des décomptes…
Certaines réalisations ont néanmoins été faites. Selon Rosette Ayayi, présidente du comité national de suivi de l’exécution physico – sanitaire de l’investissement public : « le tableau n’est pas aussi sombre. Il s’agit par exemple du taux d’engagement, du taux de liquidation, du taux d’ordonnancements. Le plus inquiétant demeure le taux d’exécution physique… ».
Budget d’Investissement Public 2019
Ce dernier a été lancé il y’a quelques mois et, tous les départements ministériels ont été interpellés afin de prendre des mesures pour l’amélioration de son exécution. Au cours des assises de Yaoundé, des experts ont invité toutes les parties prenantes à œuvrer pour une convergence entre les plans d’engagement et, les plans d’ordonnancement, malgré les difficultés financières. Il a aussi été question de la contraction de délais de démarrage de l’exécution du budget, de la tenue permanente des cadres de concertation mensuelles autour de l’autorité administrative, d’une meilleure appropriation des procédures de la commande publique et de l’exécution physico- financière du Budget d’investissements public par les intervenants de la chaîne d’exécution. Un programme qui doit suivre un calendrier rigoureux.
Le budget 2019 du Cameroun s’élève à 4805,5 milliards de francs CFA : « Il connait une hausse modérée de 161 milliards de FCFA (+3,4 %) par rapport à la loi de finance rectificative de juin 201, avait précisé l’ancien Premier ministre, Philémon Yang, qui le présentait le 21 novembre 2018 devant les membres du Parlement.
Ce budget enregistre un déficit de 482,6 milliards de FCFA, soit 2,2 % du PIB 2019 tel qu’anticipé par le FMI. Conformément avec l’accord conclu avec l’organisation de Bretton Woods en 2017, le Cameroun a pour objectif de ramener son déficit budgétaire à 2% du Plan d’Investissement Public en 2019, contre -2.3% en 2018. Le déficit courant, quant à lui, connaîtra une légère hausse à 2,9 % l’année prochaine – il était estimé à 2,5 % en 2018.
Nicole Ricci Minyem