Il existe au Cameroun une réglementation sur les affichages publics. Elle ne devrait en aucun cas se faire dans le désordre. Mais quand ce sont des magistrats municipaux ou candidats à cette fonction qui polluent la ville, il y a fort à craindre.
Sur les poteaux électriques, sur les murs des appartements privés, sur les murs des écoles, sur les plaques de signalisation ou de renseignement de certaines organisations ou entreprises, dans la ville de Douala par exemple, dans le cadre de ces municipales et législatives en vue, les affiches des candidats sont partout. Ceci en totale violation de la réglementation en vigueur. L’affichage électoral est pourtant réglementé dans notre pays. A ce titre, des emplacements sont réservés par l'Administration pour l'apposition des affiches et du matériel de campagne de chaque candidat ou liste de candidats, d'une part, à coté de chacun des bureaux de vote, d'autre part, à proximité des bureaux des arrondissements, districts et communes. Sur chacun de ces emplacements, une surface égale est attribuée à chaque candidat.
Une enquête menée à Douala, Yaoundé et Edéa a montré que ces emplacements n'ont pas existé au cours des précédentes élections malgré les stipulations du Code électoral. Et même pour les élections en cours, elles n’existent toujours pas. Les justifications avancées sont internes à l'Administration dont les moyens restent limités. Les candidats et les partis politiques ont alors pris pour habitude d'apposer les affiches où bon leur semble, ceci au mépris des interdictions imposées par la loi. Il apparaît clairement que les deux parties (Elecam et les partis politiques) ont chacun leur part de responsabilité dans le manque d’espace d’affichage dédié.
L'article 70 de la loi fixant les conditions d'élection et de suppléance à la présidence de la république interdit tout affichage public, même par affiche timbrée, relatif à l'élection en dehors de ces emplacements, aussi bien pour les candidats que pour toute autre personne ou groupement. Il en est de même pour les affiches ou inscriptions apposées dans un lieu ouvert au public ou bien dans un local privé si elles n'y sont pas placées par le propriétaire du local. Ces différents candidats aux élections locales devraient le savoir. Mais ils ne s’en encombrent pas. Ce qui nous semble curieux dans l’histoire, c’est que ce sont des magistrats de la municipalité et des législateurs qui se comportent ainsi, en marge de la loi. Même s’il est vrai que c’est Elecam qui devrait organiser ce cadre, il n’en demeure pas moins que les candidats sont allés au-delà de la loi. On n’a entendu aucun parti politique contester cette manière de faire illégale.
Stéphane NZESSEU