Le 07 mars dernier s’est tenue une audience du procès des leaders sécessionnistes au tribunal militaire de Yaoundé. Cette dernière a été renvoyée au 29 du mois en cours au motif d’une composition irrégulière du tribunal. Celle-ci fait suite à des nominations étant intervenues au sein du ministère de la Défense le 6 mars dernier. Ces dernières ont vu Michel Mem, colonel magistrat à la tête de la collégialité des juges charger de juger Ayuk Tabe et compagnie être affecté à Buea dans la Région du Sud-ouest. A ce jour, son remplaçant n’a pas encore pris fonction.
Ceci a été l’occasion pour la défense des leaders sécessionnistes d’effectuer une sortie médiatique dans laquelle elle se montre agacée et fait plus ou moins dans la surenchère lorsqu'elle accuse la collégialité de refuser aux avocats de défendre leurs clients. Me Christopher Ndong, l’un des conseils d’Ayuk Tabe et Cie, qui s’est dit gêné par cette situation déclare : « Nous constatons qu’un des trois juges a été affecté mais les avocats avaient préparé la récusation du panel pour leur partialité ».
Partialité avérée ou supposée, Pour Me Ndong, cette dernière se fonde sur le fait que les juges refusent de prendre l’appel fait par la défense au sujet de la nationalité camerounaise attribuée aux séparatistes par le collège des juges alors que les documents de l’ONU prouvent qu’ils sont des refugiés au Nigeria et qu’a ce titre le tribunal militaire est incompétent pour les juger. Cette position de la défense n’a pas manqué de susciter des interrogations dans l’opinion public. Avoir un statut de réfugié dans un pays tiers déchoit un individu de sa nationalité ? Telle est question qui revient dans les débats qui ont cours.
C’est un fait, avec l’affectation du colonel magistrat Michel Mem à Buea, ce procès sera retardé composition d’une nouvelle collégialité oblige. Plus encore, il faudra du temps au nouveau juge pour s’imprégner du dossier afin d’être à même d’entendre toutes les parties. Pour rappel, ce procès contre Ayuk Tabe et compagnie a été ouvert en octobre 2018, soit dix mois après l’arrestation de ces derniers au Nigéria. Ils sont poursuivis entre autre pour sécession et terrorisme. Ils encourent la peine capitale si d’aventure ses charges sont retenues contre eux.