Dans un communiqué, le Front uni pour la Défense de la nation exige du président de la République de rapporter sans délai les décrets portant nomination de trois chefs de groupes armés comme conseillers militaires ainsi que la traduction devant la justice de deux d'entre eux.
Notamment visé, le chef du groupe 3R, Bi Sidi Souleymane (alias Sidiki), qui a été nommé "conseiller spécial militaire" auprès du Premier ministre, à la suite de l'accord de paix conclu au début de l'année entre le gouvernement de Bangui et quatorze groupes armés contrôlant une grande partie de la Centrafrique.
La semaine dernière, au moins 50 personnes ont été tuées dans l'ouest du pays dans des massacres imputés aux 3R. Le gouvernement et la Mission des nations Unis pour la stabilisation de la Centrafrique ont alors adressé au groupe un ultimatum de 72h à l'issue duquel les responsables du massacre devaient être transmis aux autorités centrafricaines et les barrières et bases des 3R démantelées.
« Aucune action forte n'a été menée par le gouvernement à l'expiration de l'ultimatum de 72h », ont dénoncé les signataires du communiqué.
Parmi eux, figurent des organisations de premier plan, comme le Groupe de travail de la société civile sur la crise centrafricaine (GTSC), ou les mouvements politiques de l'ancien Premier ministre Anicet Dologuele et de celui de l'ancien ministre Jean Serge Bokassa.
« Nous assistons ces derniers temps à la recrudescence des violences des groupes armés dans l'arrière-pays », ont déploré les organisations dans leur communiqué.
« Aujourd'hui plus rien ne peut justifier de tels actes de barbarie dans la mesure où tous les groupes armés sont non seulement signataire de l'accord (...) mais ont également bénéficié de promotions au sein de la haute administration », ont-elles ajouté.
L'accord de paix dit de Khartoum où il a été négocié a été signé début février à Bangui entre les quatorze groupes armés et les autorités.
Préparé depuis 2017 par l'Union africaine, il est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013.
A la suite de cet accord, un nouveau gouvernement a été installé et plusieurs représentants de groupes armés ont été nommés à des postes gouvernementaux, ainsi qu'à la primature et dans les administrations.
Nicole Ricci Minyem
Il a souligné que cet accord, le huitième signé depuis le début de la crise marquée par le renversement en mars 2013 du président François Bozizé comporte des mesures sur des sujets cruciaux comme le partage du pouvoir.
L’on se souvient que c’est à la fin du mois de Mars que le Chef de l’Etat centrafricain a un nouveau gouvernement, accordant davantage de portefeuilles aux groupes armés signataires de l'accord de paix, conclu à Khartoum, au Soudan, début février : « Nous pensons que ça peut être le dernier accord si nous tous, nous engageons fermement à la mise en œuvre. Cet accord a quelque chose de plus que les autres, parce que toutes les parties prenantes ont eu le temps nécessaire pour discuter tous les points qui ont fait l'objet de l'accord », a-t-il déclaré lors d'une rencontre à l'institution United States Institute of Peace.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre depuis 2013. Le renversement de François Bozizé par la Séléka, rébellion à majorité musulmane, avait suscité une riposte de milices d'auto-défense, baptisées antibalaka. La France avait alors lancé l'opération militaire Sangaris, sous mandat de l'ONU, afin de rétablir la sécurité.
L'accord de Khartoum a été signé début février entre le pouvoir et 14 groupes armés qui contrôlent 80% du territoire de la Centrafrique. Un mois plus tard, les parties se sont entendues sur un gouvernement inclusif.
Pour le président centrafricain, l'accord de paix a aussi réglé des questions importantes comme la demande insistante de certains combattants de ne pas être poursuivis en justice : « C'est vrai qu'il y a eu des moments difficiles dans ces négociations, notamment les questions de l'impunité, c'est à dire, la question d'amnistie et aussi le partage de pouvoir. Toutefois, je pense que, en respectant les paramètres, toutes les parties se sont rendues compte que nous ne pouvons pas avoir la paix en mettant de côté les questions de justice », a-t-il dit.
Faustin-Archange Touadéra doit rencontrer à Washington le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, et espère encourager les investissements américains dans son pays.
Alors que la France s'inquiète de l'influence grandissante de Moscou dans le pays, M. Touadéra a par ailleurs défendu son implication, faisant valoir les exemptions à l'embargo sur les armes accordées à la Russie par l'ONU : « Il y a de la place pour tout le monde en Centrafrique », a-t-il déclaré.
Nicole Ricci Minyem